Monsieur le ministre, je tiens à le rappeler même s’il s’agit d’une évidence : en supprimant les régimes spéciaux, l’article 1er s’attaque à un symbole très fort.
Institués en 1945, en même temps que le régime général de la sécurité sociale, ces régimes spéciaux assurent la reconnaissance de diverses contraintes professionnelles, qu’il s’agisse d’horaires décalés, du travail de nuit ou encore de conditions de travail spécifiques à certaines professions.
Vous les remettez en cause sous prétexte d’équité ou d’universalité : c’est une véritable diversion de votre part.
Vous tentez de faire oublier que cette réforme – votre réforme ! –, c’est tout simplement deux ans de plus au travail pour tous. Nous n’en voulons pas.
Vous cherchez une fois de plus à diviser les Français, en opposant les prétendus privilégiés et les autres. Mais est-on un privilégié quand on exerce, au quotidien, un métier dont la pénibilité est clairement constatée ?
Il est vrai que cette notion de pénibilité vous est étrangère – à preuve, on parle désormais d’« usure professionnelle ». En 2017, vous n’avez pas hésité à supprimer quatre critères de pénibilité sur dix, niant ainsi le caractère pénible de nombreux métiers.
Vous mettez véritablement en cause le contrat social conclu entre ces salariés et leur entreprise. Vous décidez unilatéralement, sans concertation avec les organisations syndicales, la fin de ces régimes spéciaux.
Les précédents orateurs l’ont rappelé, vous pénalisez des secteurs d’activité stratégiques pour notre pays, qu’il faudrait au contraire rendre plus attractifs, car ils ont déjà du mal à recruter.
Enfin, les uns et les autres nous ayant conseillé de lire la presse, je vous signale que, d’après un sondage publié ce soir même par le Journal du dimanche, seuls 32 % des Français sont favorables à votre réforme. Il est encore temps : réagissez…