C’est un peu étonnant. Hier, dans un quasi-silence, vous avez voté en faveur de reculs sociaux importants et d’efforts demandés aux Français ; vous allez continuer en ce sens. Pourtant aujourd’hui, vous nous dites que cela ne suffira pas à résoudre le problème. Voilà qui est tout de même quelque peu inquiétant !
Au sujet de la capitalisation, je me concentrerai sur la manière dont vous imaginez la mettre en place. S’il s’agit d’un dispositif obligatoire en plus, il faut trouver les moyens de le financer ; s’il s’agit de faire passer une partie de ce qui relève à l’heure actuelle de la répartition vers la capitalisation, à ce moment-là, il faut nous expliquer comment vous financerez la retraite par répartition. De fait, le système par répartition sera fragilisé.
Par ailleurs, dans la plupart des pays où le système par capitalisation fonctionne, ou en tout cas où il existe, les montants dédiés à la capitalisation ne sont pas soumis à la fiscalité. Dans ce cas, les plus aisés ont une solution pour payer des impôts non pas le jour où ils gagnent de l’argent, mais le jour où ils perçoivent la rente liée à leur capitalisation. Compte tenu de l’état actuel des finances publiques, il ne me semble pas souhaitable que les personnes les plus aisées du pays soient mises en capacité de reporter dans trente ans le paiement des impôts dont elles devraient s’acquitter aujourd’hui.
De plus, sur le fond, si vous voulez éviter que la capitalisation ne représente trop de risques, c’est-à-dire éviter le capital-risque, il faut dès lors investir une partie de l’argent dans des obligations de l’État, donc créer de la dette…