Les débats que nous avons eus depuis ce matin sont assez éclairants.
Nous avons longuement débattu du régime par capitalisation, que vous défendiez.
Puis M. Jean-Baptiste Lemoyne, soutien du Gouvernement, a défendu un amendement d’appel, par lequel il demandait quelles dispositions pourraient être prises, après l’éventuelle adoption de la réforme, pour ne pas reculer de nouveau l’âge légal de départ à la retraite.
Enfin, nous en sommes parvenus à cet article 1er bis, ajouté au texte initial du Gouvernement.
Derrière tout cela, il y a un combat idéologique qu’ont très bien décrit mes collègues : celui du régime par capitalisation. Nous y revenons toujours. Ce que vous avez à l’esprit n’est pas un régime universel, c’est la capitalisation.
Je vais vous dire précisément ce qu’est la capitalisation, en vous parlant d’un fonds de pension que je connais bien, puisqu’il est canadien.
En 2013, le fonds de pension Canada Pension Plan Investment Board (CPPIB) a acquis, pour près de 320, 8 millions d’euros, 15 % du capital d’Orpea, le groupe tristement célèbre qui gère plus de 300 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), maisons de retraite et autres cliniques dans notre pays.
Et que croyez-vous qu’il soit arrivé un an après cette entrée au capital d’Orpea ? Eh bien, l’investisseur a demandé un retour sur investissement et l’optimisation des profits.
En conséquence, il a fallu réduire la masse salariale, augmenter les cadences, faire des économies à tous les niveaux – équipement, matériel, nourriture, personnel – et surtout sur le temps.
La suite, nous la connaissons. Nous l’avons tous lue dans le livre-enquête Les Fossoyeurs : c’est le scandale des méthodes de soins et de gestion du groupe Orpea, les maltraitances, les comportements négligents, la facturation de confort hôtelier hors de prix aux patients, mais aussi les pressions managériales et les actes de discrimination syndicale, le tout en bénéficiant d’aides de l’État.
Quelque part, c’est cela que vous proposez.