Vous annoncez une nouvelle politique publique de lutte contre l'illectronisme. Je salue cette perspective, car il y a vraiment urgence sur le sujet. La Gazette des communes disait dans son dernier numéro que la proportion de Français qui n'avait pas mené à bien une démarche administrative avait augmenté de douze points entre 2020 et 2022.
Par ailleurs, toutes les enquêtes montrent que les personnes âgées ne sont pas les seules concernées. Les jeunes, malgré leur maîtrise des réseaux sociaux, ne réussissent pas non plus à mener à bien ces démarches administratives. On s'inquiète dès lors du fait que l'école n'a pu, à ce jour, prendre le relais pour assurer l'école numérique. Tant mieux si nous avons enfin une politique publique globale de lutte contre l'illectronisme !
Vous avez évoqué avec Mme Demas la question de la collectivité susceptible d'être cheffe de file. Pour ma part, je plaide plutôt pour le département, chef d'orchestre de cette politique de lutte contre l'illectronisme. J'ai eu l'occasion de vous le dire.
Je pense que le département reste un échelon de proximité qui a la parfaite connaissance des acteurs de l'action sociale et des acteurs associatifs. Par ailleurs, les deux associations de département y sont favorables et les départements mènent déjà un certain nombre d'initiatives dans ce domaine.
S'agissant des conseillers numériques, j'ai mené avec ma collègue Denise Saint-Pé un travail dans le cadre de la Commission supérieure du numérique et des postes à ce propos. Les conclusions de ce travail ont été étayées statistiquement par le rapport de Pierre Mazet, qui travaille également sur les conseillers numériques. Si les objectifs ont été atteints sur le plan quantitatif, sur le plan qualitatif, ils ne sont pas au rendez-vous, tout particulièrement pour ce qui concerne le statut des conseillers numériques.
70 % ont en effet un diplôme bac + 2, mais ils sont toujours rémunérés au Smic et leur contrat reste précaire. Ils ne savent pas encore si leur poste va être pérennisé.
Par ailleurs, les conseillers numériques notent très sévèrement la formation qu'ils ont reçue, qui n'est pas adaptée au contexte dans lequel ils ont à travailler.
Enfin, aujourd'hui, compte tenu du retard pris dans les annonces de pérennisation de leur poste, beaucoup ont déjà fait le choix d'autres horizons professionnels. Ne pensez-vous pas qu'il y a là un véritable problème, un gâchis humain et financier par rapport à l'investissement de 193 millions d'euros réalisé pour mettre en place les conseillers numériques ?