Intervention de Philippe Wahl

Commission des affaires économiques — Réunion du 15 février 2023 à 9h30
Audition de M. Philippe Wahl président-directeur général du groupe la poste

Philippe Wahl :

Monsieur le sénateur Cardon, je n'ai jamais dit que vous aviez préconisé la e-lettre rouge. S'agissant des suppressions de postes, comment pourrait-il en être autrement alors que le nombre de lettres distribuées est passé de 18 à 6 milliards ? Notre modèle social passe par la reconversion interne. C'est ce que nous avons fait avec la nouvelle plateforme de colis de Montereau-sur-le-Jard, dont l'essentiel des employés sont des facteurs. Nous aurions pu adresser cette main-d'oeuvre à Pole emploi, mais ce n'est pas ce que nous avons fait.

L'amplification de l'offre des services est un enjeu crucial. Ces nouveaux services ne sont pas relatifs à une mission nationale, mais dépendent pour la plupart des collectivités locales. Si nous avons trouvé un accord avec le département avec la Mayenne, il nous reste à en passer dans tous les autres départements. Dans les Landes, nous gérons avec le conseil départemental l'animation conjointe d'un village Alzheimer. Il faudra là aussi généraliser ces contrats dans tous les autres départements. Je suis d'accord avec vous pour reconnaître que le développement de nos services n'est pas assez rapide. Cela prend du temps car il nous faut convaincre les différents conseils départementaux. Pour la livraison de repas, les accords doivent se faire CCAS par CCAS, et concernent donc 6 000 à 7 000 compétitions commerciales.

Ces nouveaux services regroupent une grande diversité d'activités : examens du code de la route, conseils en économies d'énergie, livraisons de repas et de médicaments... Rien cependant ne remplacera la puissance de la distribution de la distribution de la lettre. Je souhaiterais comme vous que ces expérimentations se généralisent. Le débat sur l'organisation du bien vieillir constituera une opportunité pour aborder ces enjeux. Peu d'organisations sur le territoire ont l'expérience de La Poste en matière de contact avec la population.

Sur la livraison des colis à l'étage, les solutions sont à trouver au cas par cas. Dans certains territoires, les populations nous demandent de laisser les colis au bureau de poste car ils craignent que leurs boîtes aux lettres soient « visitées » avant leur passage. Dans d'autres territoires, le facteur monte. Dans d'autres encore, le facteur ne souhaite pas monter car il craint de se faire voler sa cargaison, tout particulièrement pendant les fêtes de fin d'année. L'idée est bien d'aller à la porte des gens, mais nous décidons au cas par cas. Je souligne par ailleurs que, notamment dans les territoires ruraux, les factrices et les facteurs sauvent plusieurs centaines de personnes par an.

S'agissant des missions de service public, je vous transmets les chiffres dont je dispose. L'accessibilité bancaire bénéficiera d'une compensation de 321 millions d'euros et nous estimons notre déficit net de compensation à 73 millions d'euros. Pour l'aménagement du territoire, nous devrions recevoir 177 millions d'euros et nous estimons notre déficit net à 150 millions d'euros. Pour la distribution de la presse, nous recevrons 84 millions d'euros, pour un déficit net de compensation évalué à 197 millions d'euros. Sur le service universel postal, nous allons recevoir 520 millions d'euros et nous avons un déficit net de compensation d'une vingtaine de millions d'euros.

S'agissant du J + 2, je rappelle qu'au timbre rouge a succédé le timbre turquoise, qui permet en plus d'obtenir un suivi. La lettre verte est devenue J + 3.

Nous sommes satisfaits du contrat de présence postale signé avec l'AMF et l'État. Ce contrat est un bon compromis. Nous n'avons pas changé sur le veto du maire. Les dirigeants opérationnels de La Poste étaient favorables à une version la plus limitée possible de ce veto. Ce n'était cependant pas ma vision car je considère qu'il ne peut pas y avoir de réorganisation s'il n'y a pas un accord avec le maire. Le veto, de façon systémique, force à trouver un accord avec les élus.

Tous les deux ans, nous réorganisons les tournées des facteurs puisque rien qu'en deux années, les volumes ont baissé de 20 %. Ces changements sont de l'ordre de l'opérationnel et c'est la raison pour laquelle nous ne prévenons pas les maires. Mais pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, nous nous sommes adressés aux maires pour les rassurer sur la distribution six jours sur sept et sur le passage quotidien. Il n'y a pas d'expérimentation remettant en cause le passage quotidien.

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