Nous y sommes : voici la mesure phare, ou plutôt guillotine. Aujourd’hui, le pays est bloqué pour lutter contre le report de l’âge de départ à la retraite.
Syndicats unis, professeurs, cheminots, éboueurs, ouvriers, routiers, aides-soignants, Atsem (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles), des noms et des prénoms de femmes et d’hommes anonymes, toutes et tous réunis dans les rues pour dire non à cette réforme.
Ils le disent avec détermination et responsabilité parce que cette réforme est injuste et inique. Vous leur volez les deux plus belles années de retraite, sans les entendre, sans avoir trouvé d’accord avec aucun syndicat !
La France est bloquée, et c’est de votre responsabilité ! Il fallait s’y attendre…
Monsieur le ministre, réformer contre le peuple, c’est toujours dangereux, surtout dans cette période où la démocratie est si menacée. C’est aussi injuste, car cette réforme pénalise les travailleurs les plus précaires et les plus exposés à la pénibilité. Ceux qui exercent des métiers physiquement éprouvants l’ont bien compris, ils ne pourront tenir jusqu’à 64 ans. D’ailleurs, plus de 20 % des ouvriers sont déjà morts avant l’âge actuel légal de la retraite !
Quand les milliards de profits de dividendes volent au-dessus de leur tête, vous choisissez de leur faire payer de deux ans de leur vie l’équilibre des comptes des retraites.
Monsieur le ministre, à l’ouverture de nos débats, quand j’ai évoqué Le Temps qu ’ il reste de Reggiani, vous m’avez répondu « il suffirait de presque rien ». « Presque rien », c’est deux ans de travail !
Oui, le travail peut favoriser l’insertion ; oui, le travail peut être épanouissant, mais sachez, mes chers collègues, que la retraite l’est aussi, tout comme le sont vie sociale et la culture. Il y a mille façons de s’épanouir.
Alors, je conclurai encore avec Reggiani.
« Des années, des jours, des heures, combien ?
« Quand j’y pense, mon cœur bat si fort…
« Mon pays c’est la vie.
« Combien de temps…
« Combien ?
« Je l’aime tant, le temps qui reste…
« Je veux rire, courir, pleurer, parler,
« Et voir, et croire… »
Laissez ce temps aux Français !