Intervention de Jean-Claude Tissot

Réunion du 7 mars 2023 à 14h30
Loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 — Article 7

Photo de Jean-Claude TissotJean-Claude Tissot :

Certains voudraient nous faire croire que reporter l’âge légal à 64 ans serait juste une solution pour équilibrer le régime de retraite. Mais derrière les chiffres, il y a des vies avec lesquelles vous jonglez, monsieur le ministre et mes chers collègues de droite !

Je reçois, comme beaucoup d’entre nous, j’imagine, de nombreux témoignages de personnes qui me demandent de leur faire part des conséquences de vos choix sur leur vie.

Comme moi, ces gens sont dans les classes d’âge de 1961 et de 1971 et d’une génération plutôt rurale, qui n’a pas fait de grandes études, mais ils ont travaillé toute leur vie dans le bâtiment, les travaux publics, l’hôtellerie, la restauration, l’industrie, l’hôpital et l’aide à la personne.

Je vais vous présenter quelques chiffres : 82 kilos, c’est le poids d’une bordure de trottoir telle que les ouvriers des travaux publics en manipulent, tous les jours, dans nos communes, malgré le froid, la chaleur ou les intempéries ; 81, 2 kilos, c’est le poids moyen d’un homme adulte que les aides-soignantes ou les aides à domicile ont à soulever ou à déplacer ; 13 tonnes, c’est le poids que les employés d’une entreprise de meubles de mon département portent chaque jour en parcourant, pour les installer, plus de 15 kilomètres en équipe.

Mes chers collègues, est-ce que vous imaginez l’usure que cela représente pour le corps et pour les articulations, qui sont abîmés, ainsi que les douleurs qui s’installent et ne repartent jamais ?

Aujourd’hui, ceux qui sont aux portes de la retraite voient la perspective d’un repos nécessaire et bien mérité s’éloigner, tel un mirage.

L’article 7 vise non pas à instaurer une mesure paramétrique indispensable, mais tout simplement à voler deux années de leur vie à ces personnes ! Oui, c’est du vol ! Il les dépossède des projets qu’ils avaient pour le début de leur retraite. Cette mesure retire le bénéfice de la surcote de celles et de ceux qui auraient voulu travailler plus longtemps pour compléter une pension insuffisante.

Je pense à ce menuisier qui m’a écrit ce matin : même s’il a commencé le travail à 16 ans, il envisageait tout de même de continuer à travailler jusqu’à 64 ans ou 65 ans, afin de pouvoir gagner 250 euros supplémentaires pour aider ses enfants. Après la réforme le gain ne sera plus que de 40 euros.

Ne dites pas que vous votez cette réforme au nom du travail contre les partisans de la paresse ! Contrairement à ce que vous dites, vous n’êtes pas du côté du travail, car vous n’avez aucune reconnaissance pour lui.

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