Intervention de Éric Kerrouche

Réunion du 7 mars 2023 à 21h30
Loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 — Amendements identiques de suppression de l'article

Photo de Éric KerroucheÉric Kerrouche :

En tant que sénateur des Landes, je me permettrai d’évoquer Henri Emmanuelli – cela fera plaisir à nos collègues de droite –, qui estimait, en 2010, que le problème n’était pas d’une ampleur telle qu’il mérite que l’on remette en cause une conquête sociale majeure.

Avant de déplacer l’âge de la retraite, il y a beaucoup d’autres possibilités, par exemple celle d’élargir l’assiette des cotisations. Pourquoi faudrait-il choisir la pire option dès le départ ? Je remarque que, lorsque survient une crise financière, on trouve facilement 20 milliards d’euros, cela ne pose même aucun problème. Aussi, je ne comprends pas pourquoi, alors qu’il s’agit de trouver 10 milliards d’euros, on nous présente les choses comme une catastrophe nationale.

Modifier l’âge légal est le pire des symboles. Il vaudrait mieux parler du million de chômeurs qui vont être privés d’indemnisation, du fait de la réforme qui vient d’être mise en œuvre, monsieur le ministre !

Votre approche ne fait que traduire le titre d’un très beau livre de Christian Laval et Pierre Dardot, intitulé La nouvelle raison du monde.

Cette nouvelle raison du monde, nous l’avons entendue sur les travées de la droite : on nous a parlé de compétition, de rationalité… Le néolibéralisme serait une rationalité, donc quelque chose d’inéluctable. Ainsi, il devient le seul modèle devant lequel il faut se plier ou, tout du moins, devant lequel vous vous pliez.

C’est dans ce cadre de pensée que M. Retailleau nous a assené le discours habituel de la responsabilité et du sacrifice, au sein duquel les gens ne comptent plus, car ils ne sont plus que des instruments. Voilà ce qui vous dérange lorsque nous citons tel ou tel de nos concitoyens : les Français, pris individuellement, ne vous intéressent pas, car vous les noyez dans des chiffres.

Peu importe que, à l’âge de la retraite, 25 % des plus pauvres soient déjà morts ! Plus rien ne compte à part les comptes.

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