Intervention de Marie-Claude Varaillas

Réunion du 7 mars 2023 à 21h30
Loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 — Amendements identiques de suppression de l'article

Photo de Marie-Claude VaraillasMarie-Claude Varaillas :

Monsieur le ministre, 70 % des Français et plus de 90 % des salariés sont opposés au report de 62 à 64 ans de l’âge de départ à la retraite.

Le Président de la République affirme que les Français doivent travailler plus. Quant à nous, nous proposons qu’ils travaillent tous, ce qui permettrait d’abonder les caisses des assurances sociales avec les nouvelles cotisations.

La dernière réforme paramétrique des retraites, qui a fait reculer l’âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans, que vient d’évoquer Pierre Laurent, réforme imposée par Nicolas Sarkozy en 2010, a eu pour conséquence, selon l’Unédic, de plonger 100 000 seniors dans le chômage de longue durée entre 2010 et 2022. Il ne s’agit pas, on peut le dire, d’une brillante réussite !

Imagine-t-on un métallurgiste ou un salarié à la chaîne chez Renault, où l’on travaille souvent en « trois huit », continuer d’occuper, à 64 ans, un poste de travail dans une entreprise ? Une infirmière me disait récemment avoir terminé sa carrière professionnelle par un arrêt maladie lié à un burn-out, suivi d’une période de chômage de deux ans. Comment une infirmière ou une aide-soignante pourra-t-elle travailler jusqu’à 64 ans, voire plus ?

Repousser l’âge de départ à la retraite, c’est augmenter la période de non-emploi des seniors. Risquant de ne pas toucher d’indemnités de chômage durant ces années, ces derniers seront poussés vers les minima sociaux, qui ne permettent pas de vivre dignement. Est-ce la description d’une réforme de gauche, monsieur le ministre ? Je ne le crois pas, et ce n’est pas l’indigent index seniors prévu à l’article 2 de votre texte qui incitera les entreprises à garder les plus de 60 ans dans leurs effectifs.

L’allongement des carrières provoquera immanquablement un « sur-chômage » chez les salariés les plus âgés, qui risquent en outre de ne pas avoir une carrière complète, ce qui aura un impact négatif sur leur pension future. Faire basculer les dépenses de retraites sur les indemnités de chômage est une politique qui n’a aucun sens d’un point de vue économique.

Pour toutes ces raisons, nous demandons la suppression de cet article.

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