Cela a déjà été évoqué, et nous tenons à le dire et à le redire, depuis trente ans, le travail s’est intensifié pour toutes les catégories, y compris les cadres, catégorie à laquelle on ne pense pas forcément.
Alors que 2 % d’entre eux étaient exposés à au moins trois contraintes physiques en 1984 – je parle bien de contraintes physiques, et non temporelles, c’est-à-dire sur le rythme de travail –, ce taux est passé à 26 %, selon la Dares. Même pour eux, le travail est plus intense et plus pénible.
Pour les ouvriers, c’est pire, bien entendu ! Le taux d’ouvriers déclarant subir au moins trois contraintes de rythme – des contraintes qui touchent plutôt les cadres – était de 8, 7 % en 1984, et de 53, 4 % aujourd’hui, soit un sur deux ! Par ailleurs, 64 % des ouvriers sont exposés à des agents chimiques dangereux et 62 % aux vibrations mécaniques. Vous reconnaîtrez là – je l’espère, monsieur le ministre – les pénibilités que vous avez exclues du C2P.
Pour répondre à cette situation, le Gouvernement, lors du précédent quinquennat, a réagi en retirant ces critères de pénibilité, jusqu’à vider le C2P de son contenu, comme le signalait la Cour des comptes.
Nous voulons vous alerter sur les conséquences d’une telle mesure. Nous ne pouvons voter une réforme des retraites qui ne parle pas du problème central, celui du travail et des conditions de travail. Nous ne pouvons voter un texte qui ne tienne pas compte de l’accroissement de la vulnérabilité des seniors, lesquels vont devoir rester deux ans de plus, face au travail, alors même que la réforme de 2010 a conduit à une augmentation forte des arrêts maladie de longue durée des employés seniors.
Selon la Drees, le surcoût est estimé à près de 1 milliard d’euros si l’on opère un nouveau report, cette fois-ci à 64 ans.
Ces surcoûts sont des effets indirects induits de la réforme, évoqués précédemment par mon collègue. Le projet de loi contient-il des dispositions qui soient suffisamment à la hauteur pour protéger les seniors au travail ?