Cela fait des années que la prévention et l’éducation à la santé sont des angles morts de la politique sanitaire de notre pays. Cela fait aussi des années que la médecine du travail est le parent pauvre – et encore, c’est un euphémisme ! – de notre système de santé.
Pourtant, au-delà même de la nécessité que nous défendons d’accorder davantage de moyens pour qu’émerge une réelle politique de prévention et de suivi de la santé des travailleurs, on pourrait considérer que les dernières années d’activité d’un salarié – surtout qu’avec cette réforme on va de fait travailler plus longtemps – devraient être particulièrement surveillées.
Tel est l’objet de cet amendement, dont nous aurions voulu discuter et que nous aurions aimé voter si les dispositions prises par le Gouvernement et la droite sénatoriale ne nous en avaient pas empêchés.
En 2019, 39 % des travailleurs avaient passé une visite avec un médecin du travail ou un infirmier au cours des douze derniers mois. Quelques années plus tôt, en 2005, cette proportion atteignait 70 %. Les chiffres montrent que le nombre des visites a diminué de plus de moitié.
Le recensement effectué par le Conseil national de l’ordre des médecins met en lumière une baisse du nombre des médecins du travail : celui-ci est passé de 4 908 en 2015 à 4 650 en 2020, soit une baisse de près de 10 % en cinq ans, qui se poursuit depuis.
Cette tendance ne s’inversera pas, car il y a clairement une inadéquation entre les postes ouverts à l’internat pour cette spécialité et les postes pourvus. Ce décalage a encore récemment augmenté de 20 %.
Pourtant, dans certaines professions, l’intérim, par exemple, le risque d’accident du travail avec arrêt est deux fois plus élevé que la moyenne. On enregistre ainsi 39, 3 accidents du travail pour 1 million d’heures travaillées, ce qui est énorme.
Nous souhaiterions donc, non pas la disparition de cette activité, mais davantage de contrôles et de visites médicales.