Cela fait plusieurs articles que nous discutons de l’impact de cette réforme sur les femmes.
Nous souhaitons qu’un véritable travail de réflexion soit mené quant à la pénibilité particulière et souvent ignorée des métiers dits féminins.
Je pense notamment aux métiers du lien et du soin, où les femmes sont largement majoritaires, ou encore aux personnes travaillant dans le secteur de la propreté, qui sont venues manifester hier devant le Sénat.
On le sait : partant du postulat évidemment faux selon lequel les qualités naturelles des femmes leur permettent d’exercer dans ces métiers, ces professions sont souvent très peu reconnues du fait d’un manque de qualification.
La dimension de la pénibilité est très largement minorée et souvent absente ; pourtant, elle existe vraiment dans ces métiers.
Lorsque les travailleuses et travailleurs du soin et du lien sont interrogés, ils font état de contraintes physiques fortes, liées notamment au port des patients.
Malheureusement, ce critère n’est pas pris en compte pour définir la pénibilité. Or on sait très bien que les gestes répétés, comme celui de soulever ou de déplacer des corps, qu’ils pèsent 50 ou 80 kilogrammes, voire plus encore, abîment celui des soignantes et des soignants.
Le taux d’accidents du travail dans les services d’aide à la personne s’élève à 5, 2 %, alors que la moyenne est de 3, 8 %. Surtout, le taux de fréquence est supérieur à 36 % et le taux de gravité est de 64 %.
Monsieur le ministre, dois-je vous rappeler que l’espérance de vie d’une infirmière est de six ans inférieure à la moyenne des femmes et que 20 % des infirmières et 30 % des aides-soignantes partent à la retraite en incapacité ?
À cette pénibilité physique, on peut ajouter la charge émotionnelle ressentie par ces professionnels face à la souffrance et à la détresse de leurs patients ou des personnes qu’ils accompagnent.
Je crois que nous pouvons, toutes et tous ici, penser aux aides à domicile qui travaillent auprès de personnes âgées ou handicapées et qui sont confrontées à leurs difficultés quotidiennes.
Une étude de la Dares reconnaît les risques psychosociaux de ces métiers. Les infirmières, les assistantes sociales, les auxiliaires de vie connaissent aussi les taux les plus importants de dépression et d’épuisement professionnel – ce n’est pas un hasard !