Monsieur le ministre, lorsque vous avez présenté ce projet de loi, vous aviez deux grandes annonces : les retraites des femmes et les petites retraites, ce qui va d’ailleurs souvent ensemble. Permettez-moi de vous dire que, sur les deux sujets, vous avez tout faux !
Vous aviez annoncé que, pour une carrière complète, tous les salariés payés au Smic percevraient une retraite de 1 200 euros. Mes collègues viennent de démontrer avec précision que toutes vos histoires – les 20 000 ou 40 000 bénéficiaires de la mesure – étaient fausses.
Que dire des propos de M. Véran, qui affirmait que 2 millions de retraités verraient leur pension augmenter avant de prétendre que, si les grévistes étaient très nombreux, la fin du monde s’abattrait sur le pays ?
Monsieur le ministre, j’ai une seule question à vous poser : est-ce du cynisme ou de l’inconscience ?
Il y a des arguments pour l’inconscience : promettre à des gens qui vivent avec 1 100 euros ou moins par mois qu’ils toucheront 1 200 euros, avant qu’ils ne comprennent finalement, au bout de quelques jours, que cela ne sera jamais le cas, c’est certainement de l’inconscience, parce qu’ils se révolteront à un moment ! Et s’ils ne se révoltent pas dans la rue, ils se révolteront d’une autre façon !
Mais c’est peut-être aussi du cynisme. Ce projet de loi, il fallait absolument le vendre, n’est-ce pas ? Les Français n’allaient pas tarder à se rendre compte que la réforme était particulièrement injuste, alors il fallait l’enrober… Pour ce faire, on s’est servi d’alibis : les femmes – alibi parfait, comme d’habitude – et les gens les plus modestes de ce pays, à qui l’on a fait croire à des chimères.
Monsieur le ministre, je vous pose la question : cynisme ou inconscience ?