Monsieur le ministre, avec la complicité de la droite, dont on ne distingue plus vraiment les frontières avec votre famille politique, vous avez fait adopter le report de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Aujourd’hui, la majorité sénatoriale et vous vous accordez, main dans la main, pour bloquer le Sénat et pour bloquer votre position.
Parmi les arguments fallacieux sur lesquels se construit votre raisonnement mensonger, on trouve l’allongement de l’espérance de vie. Une propagande efficace passe par de bons éléments de langage ; vous avez choisi : « Vivre plus pour travailler plus ». Ce raisonnement a priori logique et efficace est simpliste, réducteur et lacunaire. Tout n’est pas si simple, monsieur le ministre, et vos tentatives pour tromper les Français sont vaines.
En effet toute votre argumentation s’effondre quand on accorde un minimum d’importance aux inégalités qui touchent nos concitoyens et à l’espérance de vie en bonne santé. Certes, elle a augmenté dans tous les groupes socioprofessionnels, mais l’écart entre ouvriers et cadres reste le même. Les années ne valent pas le même prix selon que l’on est maçon, éboueur, égoutier, hôtesse de caisse, agent d’entretien ou banquier d’affaires, pour ne prendre que ces exemples.
Avec cette réforme, vous pénalisez ceux qui exercent des métiers pénibles, vous punissez ceux qui se lèvent tôt, vous lésez ceux qui ont commencé à travailler jeunes. Une analyse fine et précise de l’espérance de vie sans incapacité des différentes catégories socioprofessionnelles est donc primordiale pour traiter la question des retraites avec plus de justice et d’égalité. Peut-être vous rendrez-vous compte, monsieur le ministre, avec cette analyse, du caractère injuste de votre réforme !