Cet amendement, qui a été très bien présenté par M. Chantrel, est de bon sens. Il s’agit de tenir compte de l’expérience et des difficultés sur le terrain. Le Sénat aurait dû en discuter sereinement et, peut-être, l’adopter.
Le choix que vous avez fait, en recourant à l’article 44.3 de la Constitution, ne permet pas de répondre aux difficultés concrètes des Français de l’étranger, ceux-là mêmes qui, monsieur le ministre, en d’autres temps, avaient voté massivement pour le Président de la République que vous représentez.
Je crois que cela incarne l’aberration de la situation de cet après-midi et tout le mépris que vous éprouvez pour l’opposition sénatoriale et le fonctionnement du Sénat.
Le mépris est au cœur de ce que nous vivons aujourd’hui. Alors que des millions de Français sont encore dans la rue cet après-midi, alors que 90 % des Français sont opposés à cette réforme, on leur répond par le mépris, jusqu’à refuser de recevoir les syndicats. Nous vivons un moment douloureux pour notre société. Il en restera évidemment beaucoup de traces.
Ce matin, ma collègue communiste a cité Le mythe de Sisyphe, d’Albert Camus, qui, juste après, a écrit L ’ homme révolté. Dans ce livre très intéressant, sa thèse est que la révolte tire l’homme de sa solitude ; elle montre l’importance de l’individu par rapport à un collectif, à un groupe qui partage des valeurs communes.
Je crois que la gauche, depuis le début de ce débat, aura donné raison à Camus et illustré ses propos.
Surtout, et ce sera ma conclusion, Camus dit que Sisyphe ne cesse jamais d’être enthousiaste. Parce qu’il pense qu’il gagnera un jour, il remonte le rocher. Je ne peux donc que conclure avec vous qu’« il faut imaginer Sisyphe heureux » !