Le choix a été fait de pénaliser davantage les femmes, celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt et tous les travailleurs qui auraient eu la mauvaise idée d’exercer un emploi pénible. Reste que les cadres, les emplois de bureau et les professions intellectuelles ne sont pas en reste, puisque tout le monde devra travailler plus longtemps.
L’injustice est d’autant plus vive que l’espérance de vie en bonne santé, comme l’espérance de vie tout court, dépend fortement de la profession exercée. Les différences, en la matière, seront accusées par l’allongement de la durée de cotisation et par le report de l’âge de départ à la retraite. À cet égard, les professions les plus pénalisées sont d’ailleurs celles-là même où l’on observe une pénurie de main-d’œuvre qui ne s’arrangera pas de sitôt.
Je ne reviendrai pas sur les éléments chiffrés que nous avons largement évoqués et qui illustrent l’existence d’une violence de classe assez inouïe. La retraite pose la question de la vie et de l’humain ; vous y répondez par de la comptabilité… Pourtant, il est bien moins coûteux pour la planète et pour notre santé à tous de limiter la place du travail dans nos vies, plutôt que de poursuivre la fuite en avant productiviste que vous défendez.
L’histoire retiendra que nous vous avons prévenus avec insistance. Alors que tout le pays défilait encore cet après-midi contre votre réforme des retraites, vous vous êtes inventé une légitimité pour protéger une minorité au détriment de l’intérêt général.
Aujourd’hui, nous en sommes à six manifestations historiques ; 90 % des actifs restent opposés à la retraite à 64 ans. Face à cela, votre seule réponse est le mépris : mépris envers l’opposition sénatoriale et, surtout, mépris du Président de la République envers les syndicats, qu’il refuse de recevoir, mépris envers les salariés et mépris envers les Français.
Votre projet – je persiste et je signe – n’est pas légitime. Retirez-le !