Intervention de Norbert Gaillard

Mission commune d'information Agences de notation — Réunion du 13 mars 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Norbert Gaillard économiste consultant auprès de la banque mondiale auteur de plusieurs ouvrages et articles sur les agences de notation

Norbert Gaillard :

Paradoxalement, je ne suis pas sûr que le phénomène de mimétisme vienne de l'actionnariat commun. Il faut en tout cas espérer le contraire !

En revanche -et ceci renvoie à un second type de conflits d'intérêts- on peut craindre qu'un fonds actionnaires d'une agence et d'une entreprise par ailleurs notée par cette même agence ne soit au coeur d'un conflit d'intérêts et bénéficie d'informations d'« insiders » lui permettant de prendre des positions avant tout le monde. Je n'ai pas d'élément me permettant d'étayer cette affirmation mais certains investisseurs relativement importants n'étaient pas au courant de ce type de conflits d'intérêts. Eux-mêmes estiment que le risque de fuites existe et peut favoriser les délits d'initiés.

Malgré tout, je crois que le mimétisme vient de ce que l'on a des méthodologies très proches dans le domaine de la dette souveraine et en matière d'entreprises. Le secteur bancaire est peut-être différent mais les méthodologies sont très proches. A la base, les notes sont similaires d'une agence à l'autre. Près de 90 % d'entre elles ont au maximum un point d'écart -ce qui est minime.

Lorsqu'il existe des tensions sur les marchés, les phénomènes de mimétisme jouent, aucune agence ne voulant être la dernière à dégrader un émetteur de dettes qui fera défaut. D'après mes discussions avec le « top management » des analystes qui travaillent dans les agences, il apparaît que leur objectif est d'éviter à la fois d'être le dernier à dégrader un émetteur qui fait défaut et également le premier à le faire.

C'est l'argument récurrent utilisé par Standard and Poor's à propos de la Grèce s'agissant de la dette souveraine. Standard and Poor's a été la première agence à dégrader la Grèce en 2004, puis en janvier 2009. Au moment de cette seconde dégradation, Moody's n'avait pas encore bougé. C'est encore un argument de marketing, non seulement pour la notation souveraine mais de façon générale. Standard and Poor's considère quelle n'est pas l'agence la plus dure mais la plus lucide. Cela lui permet par ailleurs d'écarter certaines critiques sur le fait que ces dégradations ont aggravé la crise au printemps 2010...

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