Le syndicat Jeunes agriculteurs est présent de l'échelon local à l'échelon national. Cette présence nous permet d'appréhender efficacement l'enjeu de l'enseignement agricole. Pour nous, le dossier prioritaire est le renouvellement des générations agricoles. Ce dossier comprend l'accompagnement à l'installation, la transmission et la formation initiale, qui en est un élément majeur. J'en veux pour preuve qu'en 2020, nous avions travaillé sur un rapport d'orientation sur l'installation et le renouvellement des générations ; de nombreuses propositions avaient concerné l'enseignement agricole.
La démographie agricole est à un tournant. En 2026, 215 000 exploitants (45 % de la population d'agriculteurs de 2016) auront cessé leur activité. Face à cet effondrement, nous avons un défi à relever au niveau des jeunes, d'autant que la diminution de la part des ménages agricoles dans la population rurale est également significative. De leur côté, les entreprises agricoles évoluent. Les systèmes de production et les exploitations se transforment. Nous connaissons aujourd'hui une diversité d'exploitations que nous n'avions jamais rencontrée, avec des agriculteurs qui sont toujours acteurs sur leur exploitation, mais avec des particularités accentuées.
L'évolution des profils connaît également un tournant. La transmission familiale est devenue minoritaire. Les profils des porteurs de projet à l'installation présentent des diplômes de plus en plus élevés dans différents domaines de compétences, qui ne sont pas nécessairement des domaines de compétences agricoles. Le fait de devenir agriculteur recouvre notamment la recherche d'un cadre de vie perçu comme qualitatif. De ce fait, les schémas de l'accompagnement doivent être révisés. La place de la formation initiale dans la professionnalisation des nouveaux agriculteurs, voire la transversalité, sont essentielles. Il convient en outre d'imaginer des passerelles entre filières d'enseignement. Aujourd'hui, de nombreuses personnes, par exemple, sont en reconversion pour devenir agriculteurs.
Aujourd'hui, l'enseignement agricole sait prendre en compte des candidats potentiels, de la classe de 4ème au diplôme d'ingénieur. Il existe une vraie diversité de profils. L'enseignement agricole ne peut donc pas se résumer au baccalauréat professionnel ou au BPREA. L'ensemble des profils doivent être pris en compte.
L'enseignement agricole a par ailleurs connu un certain nombre de réformes. Le syndicat Jeunes agriculteurs est présent dans une grande partie des conseils d'administration des centres de formation. Nous pouvons ainsi faire en sorte que la formation agricole reste cohérente vis-à-vis de l'installation des jeunes. La réforme du baccalauréat professionnel, de son côté, a été préjudiciable. Le passage de 4 à 3 ans consistait certes à s'aligner sur les pratiques des pays voisins. Aujourd'hui, cependant, le baccalauréat professionnel CGEA (conduite et gestion des exploitations agricoles), par exemple, ne permet plus de gérer une entreprise agricole. Les capacités techniques sont souvent acquises ; en revanche, la capacité à gérer un outil ne l'est pas.
Nous sommes également conscients de l'évolution des niveaux. Le niveau 4 correspond à des compétences techniques, le niveau 5 à des compétences de gestion. Aujourd'hui, la complexité du métier d'agriculteur entraîne cependant un besoin de compétences multiples. La gestion est tout autant indispensable que la technique. L'activité est économique. Elle ne consiste pas simplement à aménager le territoire. Parmi ces compétences, nous voyons apparaître des besoins en commercialisation, venant s'ajouter aux compétences en gestion, en production et en ressources humaines.
Les positions du syndicat Jeunes agriculteurs par rapport à la formation initiale figurent quant à elles dans le rapport d'orientation de 2020.
Parmi les propositions, figure la nécessité de professionnaliser les futurs chefs d'entreprises agricoles, notamment dans l'accompagnement à l'installation. Il s'agit en outre de piloter les instances de la formation initiale, c'est-à-dire d'être présent au Conseil national de l'enseignement agricole (CNEA) et dans les commissions professionnelles consultatives (CPC), ainsi que dans les conseils d'administration des établissements et dans les commissions régionales lorsqu'elles existent. L'objectif est d'apporter la vision de la profession au sein de ces organisations. La proposition suivante consiste à rénover les niveaux de diplômes. Aujourd'hui, dans l'enseignement agricole, il existe 163 diplômes différents. Nous souhaiterions l'instauration d'un tronc commun permettant de suivre ensuite d'autres formations.
Nous devons en outre nous montrer capables de rendre attractive la formation initiale. Il s'agit en particulier d'utiliser davantage les nouvelles technologies d'information et de communication, d'utiliser des simulateurs, etc. Des budgets doivent par conséquent être débloqués pour l'enseignement agricole. L'objectif est d'attirer les jeunes vers notre enseignement. La proposition suivante consiste quant à elle à sensibiliser et à former le corps enseignant. Il nous paraît inconcevable que certains enseignants n'aient pas revêtu des bottes d'agriculteur parfois depuis plus de 20 ans. Nous demandons une immersion des enseignants dans le monde agricole tout au long de la carrière. Nous demandons par ailleurs de favoriser les expériences de terrain. Les mesures pour redorer l'apprentissage et accompagner les maîtres d'apprentissage étaient favorables. Nous devons poursuivre dans ce sens. L'entrée en entreprise à 16 ou 17 ans demande en effet des efforts. Enfin, la dernière proposition consiste à faciliter la validation des acquis de l'expérience (VAE), en la simplifiant car elle représente une lourde démarche administrative.