Nous devons distinguer l'attractivité vis-à-vis des jeunes en formation initiale et l'attractivité vis-à-vis de personnes en formation professionnelle. La formation initiale suppose un mode d'enseignement et un cadre de vie liés notamment à la spécificité des établissements agricoles. Ce point est important pour les élèves et pour les parents d'élèves. L'attractivité concerne également les métiers du vivant. Elle se traduit parfois par des imaginaires, notamment au niveau des soigneurs d'animaux, qui peuvent devenir des soigneurs paysans. Il existe pour cela suivre un cursus. Les lycées qui incarnent un système de valeurs reçoivent par conséquent le public attendu. Ce système de valeurs doit reposer sur une éthique dans le travail et sur une forme d'engagement dans les réalisations (ateliers technologiques ou immersion avec les réseaux). Je pense que cette dimension est mise en exergue dans la formation des encadrants et des équipes enseignantes. De leur côté, les paysans doivent en parler positivement.
L'attractivité est en outre matérielle, concernant le revenu, mais également immatérielle, au niveau du besoin de reconnaissance et de sens dans l'exercice d'un métier. Dans notre communication, par exemple, le premier salon à la ferme que nous avons organisé avec des partenaires de l'enseignement agricole en Loire-Atlantique nous a permis de nous connecter avec les équipes enseignantes et la société civile. Les réalisations positives et la qualité de vie des paysans provoquent ainsi de l'attractivité. Je pense par conséquent que nous devons nous montrer stratégiques en matière d'attractivité.
Joris Miachon. - Je reviens également sur l'attractivité et l'avenir de l'enseignement agricole. Dans un premier temps, il convient de dé-diaboliser le monde agricole. Aujourd'hui, nous constatons que, jusque dans les livres scolaires, l'agriculture est montrée du doigt. Elle ne peut dès lors pas être attractive. L'agriculture a pourtant toujours su s'adapter. Les agriculteurs ont produit et nourri la population lorsque c'était le plus nécessaire. Aujourd'hui, les attentes sociétales demandent un virage agroécologique. Les agriculteurs ont pris ce virage. L'enseignement agricole, qui est relativement réactif, l'a pris également. Malgré cela, l'agriculture reste montrée du doigt.
Par ailleurs, les conseillers d'orientation ne considèrent toujours pas l'enseignement agricole comme un enseignement qui a sa place aujourd'hui en France. Nous sommes pourtant une profession qui recrute. Nous avons besoin de nombreux employés spécialisés. Seul l'enseignement agricole peut proposer cette opportunité. Nous serions par conséquent ravis si les budgets alloués à la promotion de l'enseignement agricole étaient augmentés.
L'avenir de l'enseignement agricole ira de pair avec l'avenir de l'agriculture. Nous devons être capables de valoriser notre métier pour valoriser l'enseignement agricole.
Au niveau de la gouvernance, nous sommes minoritaires dans les instances. Les administrations compétentes ne nous considèrent pas comme des partenaires valables. Nous considérons en tout état de cause que la gouvernance ne peut que s'améliorer.