Intervention de Etienne Heulin

Mission d'information Enseignement agricole — Réunion du 9 mars 2021 à 16h30
Audition de représentants des syndicats agricoles

Etienne Heulin, ancien porte-parole de la Confédération paysanne en région Pays-de-la-Loire, membre du comité régional :

Avec l'école Niel, nous sommes au coeur du sujet. La question est pertinente. Nous avons déjà vu, par le passé, des écoles privées s'installer et afficher des ambitions. Il est intéressant d'interroger les motifs d'une telle école. Elle nous renseigne peut-être sur les carences de l'enseignement agricole. Il s'agit peut-être de l'adaptation d'une certaine segmentation, en adéquation avec la formation professionnelle des branches. Un projet industriel se profile probablement derrière cette école. Monsieur Niel a un projet industriel au niveau de l'alimentation. S'agit-il d'une école similaire à l'école Steiner ? L'école doit-elle être conventionnée avec l'enseignement agricole, comme il existe des écoles conventionnées avec des innovations d'enseignement ? L'ensemble de ces questions doivent être posées.

Concernant le socle commun et le nombre de diplômes, nous atteignons probablement les limites d'une époque qui a favorisé la segmentation des métiers, tandis qu'un nombre croissant de personnes souhaitent évoluer dans un métier où il est possible de se réaliser pleinement, de la production à la vente. Ce point rejoint d'ailleurs la question de l'accès des femmes et des personnes handicapées aux métiers de l'agriculture. Le socle commun est donc important, même si la spécialisation peut être utile pour permettre à des personnes peu qualifiées de trouver un emploi.

La possible absence de modèle est souvent évoquée. Je juge utile pour ma part de nommer les éléments de l'enseignement agricole. L'agriculture intégrée, l'agriculture biologique, l'agriculture paysanne, etc., sont nommées de manière subtile. En revanche, dans ce cadre se pose la question du renouvellement des générations. Nous savons qu'il existe une agriculture productiviste prédatrice des terres, qui empêche le renouvellement des paysans. À l'inverse, il existe une agriculture paysanne qui permet le renouvellement. Je pense que les questions afférentes doivent être posées dans des modules d'enseignement agricole. Il s'agit d'expliquer la manière dont un territoire fonctionne et la manière dont des paysans peuvent s'installer ou non, en décrivant, sans tabou, les conditions dans lesquelles il n'est pas possible de reproduire le métier. Ces explications sont apportées en école d'ingénieur. Je pense qu'elles pourraient l'être de manière anticipée, au niveau du baccalauréat professionnel ou du BTS.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion