Intervention de Bruno Ricard

Mission d'information Enseignement agricole — Réunion du 10 mars 2021 à 16h30
L'orientation vers l'enseignement agricole et son attractivité — Audition de M. Jean-Louis Nembrini vice-président de la région nouvelle-aquitaine chargé de l'éducation et des lycées Mme Sandrine Marcillaud-authier cheffe du département des éditions à l'office national d'information sur les enseignements et les professions onisep Mm. Bruno Ricard inspecteur général des ponts des eaux et des forêts éric bardon inspecteur général de l'agriculture michel sinoir directeur régional de l'alimentation de l'agriculture et de la forêt d'auvergne-rhône-alpes Mme Corinne Blieck ancienne présidente de l'association nationale des directeurs de centre d'information et d'orientation andcio M. Yohann Le pape membre du conseil d'administration ca de l'andcio et directeur du cio de chartres et Mme Saadia Ait-abed suppléante au ca de l'andcio et directrice du cio de saint-benoît la réunion

Bruno Ricard, inspecteur général des ponts, des eaux et des forêts :

Vous dites, Madame, que de nombreuses préconisations n'ont pas été retenues par la DGER. Si vous le permettez, je n'ai pas la même analyse. Elles ont été écoutées avec attention, et je dirais qu'elles ont toutes été reprises sauf une : celle sur le baccalauréat, pour des raisons budgétaires.

Concernant la concurrence ou la complémentarité avec l'Éducation nationale, je ne souhaite pas engager un débat sémantique. Oui, il n'y a pas de formation identique entre l'enseignement agricole et l'Éducation nationale, mais il y a des formations complémentaires, principalement le baccalauréat général et le baccalauréat professionnel « services aux personnes et aux territoires ». Ces formations peuvent parfois entrer en concurrence avec les formations de l'Éducation nationale sur certains territoires. La réforme du baccalauréat général a légèrement « appauvri » le baccalauréat général de l'enseignement agricole. Par exemple, l'enseignement « agronomie, territoire, citoyenneté », qui était auparavant obligatoire dans le baccalauréat S de l'enseignement agricole, est devenu optionnel. De plus, par le biais des contraintes, des doublettes et autres, les spécificités de ce « bac scientifique » sont finalement moindres. Heureusement, nous avons toujours dans l'enseignement agricole l'enseignement biologie-écologie qui doit être valorisé, puisqu'il correspond à des préoccupations de l'opinion.

Je pense que la diversification des enseignements serait souhaitable pour améliorer l'attractivité. J'ai cité l'enseignement de spécialité « sciences économiques » parce qu'il est fréquemment demandé par les familles quand elles sont dans l'incertitude sur l'orientation de leur enfant en seconde. Il pourrait tout à fait se justifier dans l'enseignement agricole, puisqu'en poursuite d'études, en BTS « analyse, conduite et stratégie de l'entreprise agricole » (ACSE) par exemple, l'économie a une très grande importance. Un certain nombre de bacheliers de l'enseignement agricole poursuivent cela en BTSA. Selon les territoires et les contextes, cela serait souhaitable, mais il faudrait effectivement des moyens supplémentaires.

Quant aux DRAAF, je ne doute pas que, avec les services régionaux de la formation et du développement (SRFD), elles soient très mobilisées sur l'enseignement agricole. Je le dis très sincèrement : on a rencontré plusieurs directeurs régionaux de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt, et je n'ai aucun doute là-dessus. Mais quels sont leurs moyens ? Quand vous les comparez à la « grosse machine » de l'Éducation nationale - ce qui n'a rien de péjoratif -, notamment dans les services déconcentrés, comment voulez-vous que les personnels des SRFD puissent faire face ? Les directeurs académiques des services de l'éducation nationale (DASEN) ont un rôle fondamental dans chaque département, mais les SRFD n'ont pas les moyens humains de se démultiplier, notamment dans les régions aussi importantes que la Nouvelle-Aquitaine ou Auvergne-Rhône-Alpes !

C'est pourquoi, même si ce n'est pas simple, nous avons proposé de créer une fonction de représentant de l'enseignement agricole. Selon les contextes, cela pourrait être un directeur d'établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricole (EPLEFPA), puisqu'il y en a souvent un par département. La problématique de la répartition entre le public et le privé se pose également. Dans les régions où l'enseignement privé est très dominant, cela pourrait être un représentant de l'enseignement agricole privé. Cette solution peut présenter toutefois des difficultés, parce que l'Éducation nationale n'a pas la même perception de l'enseignement privé. Si celui-ci représente la majorité des effectifs dans l'enseignement agricole, ce n'est pas le cas dans l'Éducation nationale. Malgré ces difficultés, ce représentant départemental de l'enseignement agricole me semble vraiment stratégique, puisque c'est au niveau départemental que se jouent les affectations et l'orientation.

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