Mission d'information Enseignement agricole

Réunion du 10 mars 2021 à 16h30

Résumé de la réunion

Les mots clés de cette réunion

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Sommaire

La réunion

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Photo de Jean-Marc Boyer

Mesdames et Messieurs, mes chers collègues, notre mission d'information sur l'enseignement agricole, outil indispensable au coeur des enjeux de nos filières agricoles et alimentaires, poursuit aujourd'hui ses travaux par une table ronde consacrée à l'orientation vers l'enseignement agricole et à son attractivité. Nous auditionnerons ensuite, à partir du mercredi 17 mars, les responsables des unions ou fédérations des établissements de l'enseignement technique agricole. Je vous rappelle que cette réunion est captée et diffusée en direct sur le site Internet du Sénat, sur lequel elle pourra ensuite être consultée en vidéo à la demande. Elle est également diffusée en direct sur Twitter.

Nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui au Palais du Luxembourg M. Éric Bardon, inspecteur général de l'agriculture, et M. Bruno Ricard, inspecteur général des ponts, des eaux et des forêts. Tous deux sont les co-auteurs, avec Mme Danielle Gozard, d'un rapport du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) publié l'an dernier, intitulé « l'orientation des élèves vers l'enseignement agricole et son attractivité ».

Participe ensuite à cette table ronde M. Michel Sinoir, directeur régional de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d'Auvergne-Rhône-Alpes. Il a aussi eu une longue expérience de directeur départemental de l'agriculture et de la forêt (DDAF) à La Réunion.

Nous accueillons également Mme Sandrine Marcillaud-Authier, cheffe du département des éditions à l'Office national d'information sur les enseignements et les professions (ONISEP).

D'autres intervenants sont connectés à distance.

Je salue ainsi M. Jean-Louis Nembrini, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine, qui s'exprimera au nom de Régions de France. M. Nembrini connaît bien les sujets éducatifs et pourra peut-être nous donner sa vision de l'articulation entre l'enseignement agricole et l'Éducation nationale. Au cours de sa carrière, il a en effet notamment été directeur général de l'enseignement scolaire du ministère de l'éducation nationale et recteur de l'académie de Bordeaux.

Je salue enfin l'Association nationale des directeurs de centres d'information et d'orientation (ANDCIO), qui est représentée par trois personnes : Mme Corinne Blieck, qui en a été la présidente jusqu'en décembre dernier, M. Yohann Le Pape, directeur du CIO de Chartres, et Mme Saadia Ait-Abed, directrice du CIO de Saint-Benoît à La Réunion. A cet égard, je tiens à souligner l'importance que la mission d'information attache à la dimension territoriale des sujets et, en particulier, à la juste prise en compte de la situation de nos Outre-mer.

Je remercie chacun d'avoir accepté de participer à nos travaux.

Mesdames et Messieurs, avec mes vingt-deux collègues membres de la mission d'information, nous sommes convaincus que l'enseignement agricole est une chance pour de nombreux jeunes et un outil indispensable pour l'avenir de nos filières agricoles et alimentaires.

Lors de notre audition, la directrice générale de l'enseignement et de la recherche, Mme Valérie Baduel, a estimé que la connaissance et la reconnaissance de l'enseignement agricole sont le défi n° 1. Elle a eu cette formule que je vous cite : « le connaître, c'est l'aimer. »

L'orientation et l'attractivité de l'enseignement agricole sont donc un des éléments importants de notre sujet. Or le rapport d'Eric Bardon et Bruno Ricard souligne que les enjeux ne sont pas minces, y compris en raison de ce qu'ils appellent des distorsions d'image, sur fond notamment « d'agribashing ». Ce sujet a été abordé très directement par plusieurs représentants de syndicats agricoles, hier après-midi. Nous avons la chance de pouvoir disposer de leur rapport récent. Je propose donc leur donner la parole en premier, avant de poursuivre avec les autres participants.

Notre rapporteure, Mme Nathalie Delattre, interviendra à la suite des présentations effectuées par chacun, à partir du questionnaire qu'elle vous a adressé. Je lui passerai ensuite la parole afin qu'elle puisse vous poser un certain nombre de questions, puis à mes collègues qui le souhaitent.

Messieurs Bardon et Ricard, je vous cède la parole.

Debut de section - Permalien
Bruno Ricard, inspecteur général des ponts, des eaux et des forêts

Je vais vous présenter nos cinq constats et nos principales recommandations.

Notre premier constat est la baisse de 11 % des effectifs de la formation initiale scolaire, passés de 173 548 à 154 695 élèves entre la rentrée 2011 et la rentrée 2020, dont respectivement 36 % puis 39 % dans l'enseignement agricole public. Cette baisse globale cache des disparités. Elle est plus importante dans l'enseignement privé que dans l'enseignement public. Le cycle secondaire perd des élèves, tandis que le cycle supérieur court enregistre une hausse. Les spécialités professionnelles connaissent des évolutions différentes : les filières « services » et « industrie » sont en diminution, les formations « aménagement » et « ventes » en augmentation et les formations « production-gestion » restent relativement stables.

Notre deuxième constat est le suivant : le nouveau cadre institutionnel de l'orientation est une opportunité à saisir pour l'enseignement agricole. Dans ce nouveau dispositif, celui-ci est pris en compte au même titre que l'Éducation nationale. La convention régionale type, annexée au cadre national de référence, prévoit que le directeur régional de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt est signataire de la future convention régionale sur l'orientation au même titre que le recteur. Dans l'ensemble des régions, les conseils régionaux ont une perception positive de l'enseignement agricole et l'intègrent pleinement dans leurs politiques d'éducation et d'information. Nous recommandons aux services des directions régionales de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt (DRAAF) de s'impliquer activement dans la politique d'information et de participer pleinement à l'élaboration et à la relecture avant diffusion de tous les documents et vecteurs de communication portant sur les métiers, les diplômes et les formations de l'enseignement agricole.

Le troisième constat est que les relations avec l'Éducation nationale sont caractérisées par un rapprochement marqué aux niveaux national et régional, contrastant avec la persistance de la méconnaissance de l'enseignement agricole par une majorité de chefs d'établissement et de professeurs principaux de l'Éducation nationale. En effet, malgré le développement de relations entre les directions générales des deux ministères ainsi qu'entre les rectorats et les DRAAF, l'enseignement agricole reste méconnu de trop nombreux acteurs locaux de l'Éducation nationale. En l'absence d'échelon administratif au niveau départemental pour l'enseignement agricole, les services régionaux de l'enseignement agricole ont peu de relations avec les directeurs des services académiques de l'éducation nationale, chargés notamment de l'affectation des élèves. Pour pallier cette difficulté, nous préconisons que l'enseignement agricole soit représenté dans chaque département par une personnalité officiellement désignée par le directeur régional de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt, et qu'une convention prévoyant la participation systématique de ce représentant à toutes les réunions de bassin et les réunions portant sur l'orientation soit passée avec le recteur. Pour mieux faire connaître l'enseignement agricole auprès des prescripteurs locaux de l'orientation, nous recommandons de systématiser et de pérenniser le travail de terrain des directeurs de lycée agricole par des conventions entre les rectorats et les DRAAF, définissant des modalités d'information mutuelle des chefs d'établissement et des équipes pédagogiques.

Notre quatrième constat concerne le baccalauréat général. Les établissements de l'enseignement agricole sont fréquemment confrontés à la problématique des moyens, qui les conduit à ne proposer qu'une seule doublette en terminale (biologie-écologie/mathématique, ou biologie-écologie/physique chimie) et un seul enseignement optionnel. Afin d'améliorer son attractivité et d'élargir les possibilités de poursuite d'études après le baccalauréat général, nous recommandons d'élargir l'offre de formations de l'enseignement agricole. Nous préconisons de mieux valoriser l'enseignement biologie-écologie et de proposer une offre de formations plus large en première et en terminale, adaptée au territoire et au contexte de l'établissement : au moins deux doublettes devraient être possibles en terminale avec deux enseignements optionnels. De plus, l'enseignement de spécialité « sciences économiques et sociales » devrait pouvoir être proposé dans certains établissements quand les poursuites d'études le justifient.

J'en viens enfin à notre cinquième et dernier constat. La communication de l'enseignement agricole, qui est fondamentale pour sa promotion et son attractivité, se heurte à un certain nombre de défis. Je n'en citerai qu'un seul : l'enseignement dit agricole ne se résume pas aux formations purement agricoles, qui représentent environ un tiers de l'offre de formations. Comment faire pour communiquer efficacement sur la grande diversité des formations de cet enseignement sans que le terme « agricole » n'occulte tout le reste ? Sur le plan de la communication, nous recommandons de privilégier l'entrée par les métiers, notamment ceux qui s'inscrivent dans les préoccupations actuelles dominantes de l'opinion publique : l'agroécologie, l'agriculture biologique, le bien-être animal, les circuits courts, le numérique, la protection de l'environnement, la qualité de l'alimentation, etc. Nous recommandons également d'associer à cette démarche les régions et l'ensemble des branches professionnelles concernées par l'enseignement agricole : agriculture, élevage, horticulture, viticulture, agroalimentaire, agro-industrie, agro-équipement, services, paysages, protection de la nature, vétérinaires, etc. Il convient de rappeler sans cesse les nombreux atouts des établissements de l'enseignement agricole, qui sont toujours d'actualité : leur ancrage territorial et leurs relations très développées avec les branches professionnelles, leur cadre de vie et de travail exceptionnel (petits effectifs, hébergement et équipement pédagogique remarquables, avec notamment les exploitations agricoles et les ateliers technologiques), leur pédagogie de projet, le suivi personnalisé des élèves, l'importance du contrôle continu dans la délivrance des diplômes, la qualité de l'animation culturelle et de l'éducation citoyenne, et enfin des taux élevés de réussite aux examens et la bonne, voire excellente insertion scolaire, sociale et professionnelle des élèves, étudiants et apprentis.

Pour terminer mon propos, je dirai que le cabinet du ministre et la direction générale de l'enseignement et de la recherche (DGER) ont réservé un accueil positif à notre rapport. Nos analyses et recommandations sur le contexte régional et la nécessité d'un représentant départemental de l'enseignement agricole ont été largement reprises par la DGER. Quant à la communication sur l'enseignement agricole, elle constitue un volet important du plan de relance du ministère de l'agriculture.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Delattre

Merci de cette présentation de votre rapport. Ma première question porte sur l'accueil de ce rapport par les ministères concernés. Vous dites qu'une des propositions, notamment la création d'un correspondant départemental DRAAF, a été reprise. Cela fait peu, en comparaison avec le nombre de préconisations que vous avez établies. Ce que vous avez écrit dans ce rapport est essentiel Le ministère de l'agriculture n'est pas le seul concerné : quel a été l'accueil réservé à ce rapport par le ministère de l'éducation nationale ?

La réforme du baccalauréat a été très compliquée dans l'enseignement agricole. Ce que vous nous dites sur les doublettes et les options proposées est très important : on s'est aperçu que leur absence générait un manque d'attractivité pour ces formations agricoles. Mais il est vrai que rentrer dans la réforme du baccalauréat et pouvoir proposer ces options ne passe pas au niveau budgétaire. Des efforts budgétaires doivent donc être réalisés, notamment au niveau de la diminution des postes qui, malheureusement, continue à sévir dans l'enseignement agricole. Nous partageons votre analyse sur ce problème de l'attractivité, notamment sur la question des doublettes de spécialité proposées en terminale : j'espère que vous serez largement entendus dans vos préconisations par le ministère.

Nous nous sommes aperçus que se créait une concurrence avec les formations de l'Éducation nationale. Avez-vous la même perception ? La fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), que nous avons entendue hier, n'a pas parlé de concurrence mais de complémentarité. Cette concurrence nous était pourtant clairement apparue dans les auditions que nous avions organisées à l'occasion du projet de loi de finances (PLF).

Vous parliez de la territorialisation. La force de l'enseignement agricole est en effet d'être au contact de la ruralité et de l'hyper-ruralité. Cela est devenu une faiblesse pendant la crise sanitaire, puisque du fait des problèmes de mobilité des jeunes, rejoindre les maisons familiales rurales (MFR) ou d'autres établissements liés à l'hyper-ruralité est compliqué. Pensez-vous que les DRAAF sont suffisamment mobilisées sur cet enseignement agricole ? Pensez-vous que leur rôle en la matière pourrait être plus conséquent ?

Debut de section - Permalien
Bruno Ricard, inspecteur général des ponts, des eaux et des forêts

Vous dites, Madame, que de nombreuses préconisations n'ont pas été retenues par la DGER. Si vous le permettez, je n'ai pas la même analyse. Elles ont été écoutées avec attention, et je dirais qu'elles ont toutes été reprises sauf une : celle sur le baccalauréat, pour des raisons budgétaires.

Concernant la concurrence ou la complémentarité avec l'Éducation nationale, je ne souhaite pas engager un débat sémantique. Oui, il n'y a pas de formation identique entre l'enseignement agricole et l'Éducation nationale, mais il y a des formations complémentaires, principalement le baccalauréat général et le baccalauréat professionnel « services aux personnes et aux territoires ». Ces formations peuvent parfois entrer en concurrence avec les formations de l'Éducation nationale sur certains territoires. La réforme du baccalauréat général a légèrement « appauvri » le baccalauréat général de l'enseignement agricole. Par exemple, l'enseignement « agronomie, territoire, citoyenneté », qui était auparavant obligatoire dans le baccalauréat S de l'enseignement agricole, est devenu optionnel. De plus, par le biais des contraintes, des doublettes et autres, les spécificités de ce « bac scientifique » sont finalement moindres. Heureusement, nous avons toujours dans l'enseignement agricole l'enseignement biologie-écologie qui doit être valorisé, puisqu'il correspond à des préoccupations de l'opinion.

Je pense que la diversification des enseignements serait souhaitable pour améliorer l'attractivité. J'ai cité l'enseignement de spécialité « sciences économiques » parce qu'il est fréquemment demandé par les familles quand elles sont dans l'incertitude sur l'orientation de leur enfant en seconde. Il pourrait tout à fait se justifier dans l'enseignement agricole, puisqu'en poursuite d'études, en BTS « analyse, conduite et stratégie de l'entreprise agricole » (ACSE) par exemple, l'économie a une très grande importance. Un certain nombre de bacheliers de l'enseignement agricole poursuivent cela en BTSA. Selon les territoires et les contextes, cela serait souhaitable, mais il faudrait effectivement des moyens supplémentaires.

Quant aux DRAAF, je ne doute pas que, avec les services régionaux de la formation et du développement (SRFD), elles soient très mobilisées sur l'enseignement agricole. Je le dis très sincèrement : on a rencontré plusieurs directeurs régionaux de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt, et je n'ai aucun doute là-dessus. Mais quels sont leurs moyens ? Quand vous les comparez à la « grosse machine » de l'Éducation nationale - ce qui n'a rien de péjoratif -, notamment dans les services déconcentrés, comment voulez-vous que les personnels des SRFD puissent faire face ? Les directeurs académiques des services de l'éducation nationale (DASEN) ont un rôle fondamental dans chaque département, mais les SRFD n'ont pas les moyens humains de se démultiplier, notamment dans les régions aussi importantes que la Nouvelle-Aquitaine ou Auvergne-Rhône-Alpes !

C'est pourquoi, même si ce n'est pas simple, nous avons proposé de créer une fonction de représentant de l'enseignement agricole. Selon les contextes, cela pourrait être un directeur d'établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricole (EPLEFPA), puisqu'il y en a souvent un par département. La problématique de la répartition entre le public et le privé se pose également. Dans les régions où l'enseignement privé est très dominant, cela pourrait être un représentant de l'enseignement agricole privé. Cette solution peut présenter toutefois des difficultés, parce que l'Éducation nationale n'a pas la même perception de l'enseignement privé. Si celui-ci représente la majorité des effectifs dans l'enseignement agricole, ce n'est pas le cas dans l'Éducation nationale. Malgré ces difficultés, ce représentant départemental de l'enseignement agricole me semble vraiment stratégique, puisque c'est au niveau départemental que se jouent les affectations et l'orientation.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marc Boyer

Une question nous a été transmise hier par les représentants des syndicats agricoles. Deux d'entre eux ont regretté que le cursus du baccalauréat professionnel agricole soit passé de quatre à trois ans. Pour eux, le fait de concentrer une année sur les trois qui restent représentait une diminution de qualité de l'enseignement, en particulier sur les aspects de gestion et de conduite d'exploitation. J'aimerais savoir ce que vous pensez de ces remarques, faites par des professionnels.

Debut de section - Permalien
Bruno Ricard, inspecteur général des ponts, des eaux et des forêts

Je ne partage pas du tout leur avis. Je pense que la rénovation de la voie professionnelle, donc le passage du baccalauréat professionnel en trois ans (Bac pro 3 ans), a été fait à l'Éducation nationale. Je pense que l'enseignement agricole n'avait pas à se marginaliser.

J'ai participé à un rapport il y a quelques années sur le bilan de cette rénovation. Après une phase de transition, l'insertion des jeunes est tout aussi bonne qu'avant. Pour les jeunes qui ont des difficultés particulières, n'oublions pas que le certificat d'aptitude professionnelle (CAP) existe et a été encore revalorisé. D'ailleurs, les effectifs en CAP (formation initiale scolaire et pas uniquement apprentissage) sont en augmentation dans l'enseignement agricole. Les jeunes ont donc toute possibilité d'acquérir une capacité professionnelle. Le bac professionnel 3 ans n'est, par conséquent, plus un sujet pour moi.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marc Boyer

Merci de le préciser.

J'ai une question supplémentaire, à laquelle on répondra peut-être tout à l'heure avec les différents intervenants, sur l'a priori qui existe au niveau des personnels de l'Éducation nationale au moment de l'orientation des élèves, en 5ème, 4ème ou 3ème. Si un élève en fin de collège a un très bon niveau, on lui conseille de passer un baccalauréat général et de suivre ensuite des études supérieures. En revanche, s'il a des difficultés particulières dans les matières d'enseignement général, on lui conseille plutôt de s'orienter vers l'enseignement agricole. Vous parliez en la matière de méconnaissance et on observe donc une sorte de dévalorisation opérée d'emblée par le système de l'Éducation nationale vers l'orientation des élèves au niveau agricole. Je pose la question pour tout à l'heure. Nous allons d'abord écouter M. Nembrini, qui représente Régions de France.

Debut de section - Permalien
Jean-Louis Nembrini, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine en charge de l'éducation et des lycées, représentant de Régions de France

Je partage beaucoup de points présentés dans cet excellent rapport, sur lequel je ne vais donc pas revenir.

En ce qui concerne la réforme du baccalauréat professionnel en 3 ans, permettez-moi de préciser que j'étais alors directeur général de l'enseignement scolaire. J'ai donc conduit cette réforme, sous l'autorité du ministre Xavier Darcos. Je pense que cela a été une très bonne réforme, mais je ne vais pas argumenter de manière superfétatoire.

À quel problème faisons-nous face ? Je ne reviendrai pas sur les préconisations du rapport. On peut certes améliorer les structures, mais la vraie question réside dans ce que vous avez évoqué en introduction : la distorsion d'image par rapport aux métiers et la méconnaissance, dans les collèges, des métiers auxquels on forme dans l'enseignement agricole. Cette méconnaissance des professeurs principaux n'est pas de leur fait, mais provient de ce qu'ils ne peuvent initier qu'aux métiers qu'ils connaissent. Cette distorsion devra être combattue sur deux plans. D'abord, quels sont les métiers de l'agriculture d'aujourd'hui et de demain ? Comment ces métiers s'accordent-ils avec les exigences fondamentales de notre société ? Aujourd'hui, il n'y a pas de jeune qui ne soit préoccupé par l'environnement, par la pollution, par le bien-manger, etc. Il faut donc raccorder les métiers de l'agriculture aux exigences de la société actuelle. Or, lorsqu'on parle des métiers de l'agriculture, on a spontanément en tête ce qui ne fonctionne pas : la mauvaise production, la « malbouffe », etc. Il faut combattre cette image. Il faut agir dès le collège. Nous parlons beaucoup du lycée et de son organisation, des ajustements qu'on pourra faire (augmentation des spécialités, meilleure organisation entre enseignement agricole et Éducation nationale...). Tout cela est faisable.

La connexion s'interrompt.

Que faire ? Soyons concrets. Je crois vraiment qu'il faut travailler à l'échelle des territoires. Vous évoquiez tout à l'heure le travail des DRAAF. Sans doute, comme mes collègues, je vois son directeur en réunion de travail avec ses équipes, à l'échelle de la région, trois ou quatre fois par an. Encore la semaine dernière, l'ensemble des directeurs d'exploitation et d'établissement de la grande région Nouvelle-Aquitaine étaient réunis avec le directeur régional de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt, à l'initiative de la région, où ces questions ont été posées. Des idées ont émergé du terrain, et notamment celle consistant à mettre en place un réseau d' « ambassadeurs métier » d'aujourd'hui, de ceux dont on a besoin, de ces métiers qui portent le bonheur de la société future et ses valeurs auxquelles nous aspirons tous et qui mobilisent les jeunes. Si les jeunes de collège savaient ce que peut porter l'enseignement agricole pour l'agriculture et le bien-être, ils s'y orienteraient plus volontiers. Nous allons donc nous attacher à mettre en place ce réseau dans ma région, en lien avec l'agence Cap Métiers de Nouvelle-Aquitaine en particulier.

J'ai lu, dans tout ce que font mes collègues dans les autres régions, des initiatives qui s'approchent de celle-ci. Je serais prêt, pour ma part, à développer l'exemple néo-aquitain dans le détail. C'est ce que nous devons faire. Ne pensons pas simplement - et c'est l'ancien administrateur de l'Éducation nationale qui le dit - qu'un changement de structure change le monde. Les réformes s'adaptent aux nécessités : c'est le cas de la réforme du lycée comme ce fut le cas du bac pro en 3 ans. Mais je pense qu'il faut regarder différemment l'orientation et, en particulier, s'appuyer sur la nouvelle compétence des régions dans ce domaine. Nous avons une compétence sur l'information, que nous puisons au plus près des territoires. Elle fonde cette volonté de constituer notre réseau d'ambassadeurs métier.

Une autre approche consisterait à passer par les exploitations agricoles des établissements agricoles. Je crois qu'il y a là quelque chose de très important. Les régions s'attachent à la rénovation actuelle de ces exploitations. Nous investissons beaucoup : en Nouvelle-Aquitaine, nous avons fait un appel à manifestation d'intérêt qui se déroule sur trois années. Nous appelons à l'initiative territoriale, ce qui est lié avec cette question des ambassadeurs métier. Il y a dans ces exploitations des trésors d'imagination, d'adaptation au monde d'aujourd'hui et à l'agriculture de demain. C'est là que nous trouverons l'expression nécessaire pour valoriser ces métiers.

Nous devons, dans chaque territoire, avoir des feuilles de route qui définissent ce type d'objectif. Le directeur régional de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt, en Nouvelle-Aquitaine, est très étroitement associé, tous les quinze jours, aux réunions que nous organisons avec les autorités académiques. Ces questions d'orientation sont au coeur de notre action. Nous nous sommes fixés des objectifs de réussite dans ce domaine.

Les chiffres que vous avez annoncés et que l'on constate partout sont catastrophiques. À partir d'un certain niveau sur le territoire, des unités d'enseignement seront menacées. Je sais que l'évolution des effectifs a préoccupé le Sénat lors de l'examen du budget de l'enseignement agricole : cette question se pose. Les petits établissements réclameront des moyens importants, faute de quoi ils réduiront leur palette de formation. Je ne pense pas que ce soit le bon moyen pour renforcer l'enseignement agricole sur les territoires ! Le problème de l'enseignement agricole, c'est qu'il est sur des territoires ruraux, parfois en déprise démographique. C'est malgré tout là qu'il faudra maintenir des moyens, comme nous, les régions, maintiendrons nos investissements dans ces établissements au niveau requis, et en particulier dans les exploitations agricoles.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Delattre

Je vous interrogerai en tant que représentant de Régions de France. La loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel a ouvert un nouveau rôle pour les régions en matière de formation et d'orientation. À sa suite, le cadre de national de référence, signé le 28 mai 2019 entre l'État et Régions de France, précisait la nouvelle répartition des compétences entre État et régions. Ce cadre national devait faire l'objet d'une déclinaison dans chaque région sous la forme d'une convention triennale. Une convention a-t-elle été passée dans toutes les régions ? Quelles sont les difficultés constatées ?

Les régions doivent notamment intervenir dans les établissements scolaires afin d'organiser des actions d'information en faveur des élèves : c'est maintenant de votre responsabilité. L'enseignement agricole et les formations qu'ils proposent sont-ils systématiquement présentés et valorisés ? La référence que vous faites aux ambassadeurs des métiers se situe-t-elle dans ce cadre de l'orientation et de l'information ?

Debut de section - Permalien
Jean-Louis Nembrini, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine en charge de l'éducation et des lycées, représentant de Régions de France

Je ne sais pas si toutes les régions ont formellement signé cette convention mais je sais qu'elles se sont toutes engagées dans cette information sur l'orientation et, notamment, sur les métiers de l'agriculture. Je ne sais pas non plus si c'est sous la forme des ambassadeurs métier. J'ai pris l'exemple que nous essayons de développer en Nouvelle-Aquitaine mais des initiatives comparables ont sûrement été lancées. Cela est fondé sur l'idée que lorsque des jeunes parlent de leur métier, de leur carrière et de leur réussite, cela touche ceux qui pourraient y trouver un intérêt.

Au-delà de cet exemple, je sais que toutes les régions se préoccupent de l'enseignement agricole et de l'orientation vers ces formations. Cela prend diverses formes : des forums organisés sur les territoires, des bus de l'orientation, le réseau des ambassadeurs métier en Nouvelle-Aquitaine, le printemps de l'orientation que développe le ministre de l'éducation nationale la semaine prochaine, et auquel les régions de France se sont intéressées et participent. Le directeur régional de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt de Nouvelle-Aquitaine sera lundi, avec le président de la région, moi-même, ainsi que les autorités académiques rectorales - les rectrices - au rendez-vous de l'ouverture de ce printemps de l'orientation. Je pense qu'il y aura de nombreuses initiatives semblables dans tout le pays.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Delattre

Pourrez-vous vous demander à Régions de France de nous transmettre par écrit des réponses précises portant sur l'ensemble des régions, avec un maximum d'exemples ?

Debut de section - Permalien
Jean-Louis Nembrini, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine en charge de l'éducation et des lycées, représentant de Régions de France

Je n'y manquerai pas.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marc Boyer

Je vous remercie. Puisqu'il a été question de la DRAAF, je passe la parole à M. Michel Sinoir.

Debut de section - Permalien
Michel Sinoir, directeur régional de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d'Auvergne-Rhône-Alpes

Avant tout, je vous remercie pour cette initiative de mission d'information sur l'enseignement agricole. Comme vous l'a dit Valérie Baduel la semaine dernière, nous sommes très sensibles à cette initiative, qui est un signe positif à notre égard. Vous m'avez demandé de présenter en quelques mots l'enseignement agricole en Auvergne-Rhône-Alpes. Je vous parlerai de nos relations avec le conseil régional et nos partenaires de l'Éducation nationale, à partir de l'exemple de ma région.

La région Auvergne-Rhône-Alpes regroupe 8 millions d'habitants. Selon les projections de l'Insee, en suivant la trajectoire actuelle, elle atteindrait 9,5 millions d'habitants en 2050. Deux départements représentent 30 % de l'accroissement potentiel : les contrastes entre territoires sont très importants. On les trouve déjà aujourd'hui : nous sommes présents dans tous les territoires, dont les réalités sont très contrastées. Certaines zones figurent parmi celles qui ont la plus grande croissance démographique de France, comme le bassin alémanique ou le pourtour de Lyon, et d'autres se trouvent dans la diagonale du vide de la France.

Autre caractéristique : du point de vue agricole, c'est la première région en installations aidées. Comme l'a très bien dit M. Nembrini, il faut le rappeler car c'est un signe positif. Elle détient un taux d'installation hors cadre familial - c'est-à-dire non issu du milieu agricole - parmi les plus forts de France. Elle est enfin la première en circuit court puisque la clientèle est sur place et que c'est une destination touristique.

L'enseignement agricole consiste en un peu moins de 120 établissements, 29 EPLFPA, 30 établissements privés « temps plein » du conseil national de l'enseignement agricole privé (CNEAP), 56 MFR et 3 établissements de l'union nationale rurale d'éducation et de promotion (UNREP). C'est une richesse pour la région. 60 % de nos élèves, étudiants et apprentis sont dans le privé et non dans le public. Nous avons 2 écoles d'enseignement supérieur, agronomique et vétérinaire avec lesquelles nous entretenons des relations très étroites : VetagroSup, qui est publique, et Isara, qui est privée. Notre territoire compte également 64 sites de formation d'apprentis et 36 sites de formation continue. Nous l'avons peu évoqué, mais une des caractéristiques de l'enseignement agricole est de mêler étroitement, et bien souvent sur le même site, l'apprentissage, la formation initiale scolaire, la formation initiale par l'apprentissage et la formation continue pour adulte. Cela constitue une intéressante fécondation croisée. Nous avons 33 exploitations agricoles, 6 ateliers agroalimentaires, 2 centres équestres, ce qui représente une grande diversité, positive à mes yeux.

L'enseignement agricole, avec ses 2 700 agents de droit public, accueille 24 000 élèves et étudiants et 4 000 apprentis. Avec 28 000 « apprenants », Auvergne-Rhône-Alpes est la première région française de l'enseignement agricole. En outre, nous dénombrons 1,2 million d'heures pour des stagiaires en formation continue. On nous pose souvent la question : nous avons 46 % de filles et 54 % de garçons. Dans la filière équestre et services, ce n'est pas le même équilibre que dans l'agro-équipement. Et enfin, nous n'avons que 8 % d'enfants d'agriculteurs chefs d'exploitation. Cela signifie que nous attirons encore d'autres jeunes.

Autres éléments de présentation : parmi les élèves, étudiants et étudiants qui ne sont pas dans les formations générales, 50 % sont inscrits dans le champ professionnel de la production, de la transformation et de la commercialisation : 25 % dans le secteur tout à fait méconnu des services aux personnes et territoires, et 25 % dans le secteur l'aménagement de l'espace et la protection de l'environnement. Nous sommes inconnus en dehors du champ de la production agricole.

Que faisons-nous pour mieux aller à la rencontre de l'Éducation nationale et du conseil régional ? Nous avons une relation très étroite. Comme en Nouvelle-Aquitaine, nous nous réunissons quasiment tous les quinze jours avec le conseil régional et nous rencontrons très régulièrement les autorités académiques. Nous partageons totalement ce qui a été dit sur le rôle du département. Même dans une région comme la nôtre, nous avons besoin de l'échelon départemental. Nous avons rencontré cette année de tous les DASEN et nous constatons également un déficit de connaissance par les équipes pédagogiques, qui sont au plus près du conseil en matière d'orientation aux jeunes. Il faut renforcer le lien entre nos établissements et ceux de l'Éducation nationale dans chacun des bassins. Nous n'avons pas désigné de responsable dans chaque département, mais je signale que j'ai pris l'initiative, en Auvergne-Rhône-Alpes, de désigner un chef d'établissement du public sur les questions de défense et de sécurité. Il a cette responsabilité auprès du préfet et du DASEN. Cela constitue un début de désignation départementale.

S'agissant de la relation avec le conseil régional pour l'orientation : nous sommes associés en permanence. En revanche, pour les classes entrantes - et notamment le collège - nous pouvons clairement constater une certaine réticence des équipes pédagogiques à envoyer des élèves en 4ème-3ème dans l'enseignement agricole.

Pour terminer, je veux vous signaler que la carte des formations est arrêtée à l'issue d'un long processus auquel nous sommes associés. Il y a pour nous très peu de cas de concurrence - même dans la filière services où cela peut être un peu plus difficile. J'ai évoqué le dynamisme démographique de cette région : il y a de la place pour tout le monde. Pour nous, le problème réside moins dans le cadre général, constitué de l'alliance avec le conseil régional et le rectorat, que dans le fait de redescendre et faire percoler cela dans le système, pour qu'on ait conscience, au niveau local, de l'intérêt de l'enseignement agricole. Pour cela, l'échelle du bassin et de la relation avec les établissements est assez fondamentale. Je vous signale que parmi les meilleurs recrutements, il y a Aurillac ou Issingeaux. Le recrutement y est bon parce que les établissements de l'Éducation nationale et de l'enseignement agricole travaillent main dans la main. Il n'y a pas une semaine sans travail collaboratif sur des projets concrets.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Delattre

J'aimerais comprendre un peu plus votre rôle de prescripteur.

En ce qui me concerne, je suis viticultrice. On a en ce moment d'importants problèmes de main-d'oeuvre étrangère, puisqu'on ne trouve pas de main-d'oeuvre locale. Nous avons par exemple besoin de tractoristes. J'ai essayé de le dire à la DRAAF, mais aucune pression n'a été déclenchée pour inscrire cela dans la carte des formations, ce qui a engendré un gros décalage.

Plus généralement, comment arrivez-vous à recueillir les besoins des filières et comment les défendez-vous dans ce long processus de carte des formations ? Comme le disait M. Ricard, vous manquez aujourd'hui de moyens. Quelles demandes pourrait-on faire pour que vous en disposiez, afin que vous soyez le plus impliqué possible auprès de la filière ? Au niveau départemental, cela passe par un représentant, mais aussi par des moyens supplémentaires. Quelles sont vos demandes en la matière ? Il est important de les exprimer aujourd'hui.

Debut de section - Permalien
Michel Sinoir, directeur régional de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d'Auvergne-Rhône-Alpes

J'avais un patron qui me disait à une époque : « il manque toujours 10 % ». Si le Sénat nous obtient un peu plus, ce sera toujours bon à prendre, Madame la sénatrice.

Que pouvons-nous faire au niveau local ? Dans l'exemple que vous me citez, ce n'est pas forcément avec la formation initiale scolaire que se résout le problème mais plutôt avec un certificat de spécialisation ou de la formation.

Je vais prendre un exemple qui m'est familier en matière de viticulture. Nous avons chez nous la zone du Beaujolais et le sujet est assez comparable. L'établissement situé dans le Beaujolais, à Belleville, ne suffira pas. Le président du conseil d'administration, viticulteur, est aussi vice-président du conseil régional délégué à la viticulture. Lorsqu'on identifie les besoins de ce secteur, on en discute au conseil d'administration de Belleville. Hélas, je ne suis pas dans une région très viticole. Nous n'avons que Belleville, mais à nos portes, je peux aussi citer Macon-Davayé, ou Orange au sud. Nous y étions il y a quinze jours avec nos collègues de Macon-Davayé et de Bourgogne-Franche-Comté, parce que la solution, lorsque vous êtes viticulteurs au contact entre les deux zones, est de travailler ensemble. Les deux DRAAF et les deux établissements doivent donc essayer de construire une offre complémentaire. Ce ne sont pas forcément les viticulteurs des deux appellations qui cherchent une complémentarité, mais plutôt les fonctionnaires de la République. Nous allons essayer de construire une coopération pour répondre aux besoins de la viticulture, qui ne passera pas obligatoirement par la formation initiale scolaire.

Il y a une complémentarité apprentissage-scolaire, qui est un bon exemple sur cet établissement, puisque l'un des deux sera en apprentissage, et l'autre plutôt en scolaire. On recommandera aux familles de mettre leur jeune dans un établissement si elles souhaitent le placer en apprentissage, et dans l'autre si elles souhaitent le placer en scolaire - ce qui est très bien !

Dans notre région, sur les cinq dernières années, l'apprentissage a crû de 15 % et le scolaire a diminué de 2 %. Nous ne sommes pas parmi les régions qui perdent le plus d'élèves. Mais l'apprentissage ne doit pas compenser le scolaire. Notre ambition est que ce dernier ne perde pas d'effectifs, voire en gagne. Notre objectif est de remplir nos classes et qu'on ait, par ailleurs, un développement généralisé de l'apprentissage, dans l'Éducation nationale ou l'enseignement agricole.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marc Boyer

Vous avez dit, Monsieur le directeur, que, parmi les jeunes qui s'orientent dans l'enseignement agricole, seulement 8 % sont enfants d'agriculteurs. Cela signifie-t-il que 92 % ne connaissent pas le milieu agricole ? C'est inquiétant. Il faut que vous précisiez.

Debut de section - Permalien
Michel Sinoir, directeur régional de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d'Auvergne-Rhône-Alpes

On regarde l'origine métiers des parents d'élèves. 8 % d'entre eux sont chefs d'exploitation. Cela dit, parmi les catégories « ouvrier », on trouve parfois des salariés agricoles. À titre personnel, je considère que c'est une chance. Cela signifie, dans la pratique, que l'enseignement agricole ouvre largement ses portes à des familles qui ne sont pas celles de chefs d'exploitation. C'est devenu indispensable : le renouvellement agricole passera par une installation hors cadre familial. Celle-ci peut atteindre, dans des départements en contact avec le tourisme comme les Savoie, plus de 50 %. Et les enfants d'agriculteurs ne sont pas forcément agriculteurs eux-mêmes.

Debut de section - Permalien
Sandrine Marcillaud-Authier, cheffe du département des éditions de l'ONISEP

Je rebondirai sur les propos de M. Sinoir. Nous avons fait, dans notre production, un reportage sur la viticulture et les vignes en Bourgogne, cela crée un lien !

L'ONISEP est un établissement public sous double tutelle des ministères de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur et de la recherche. Nous poursuivons deux missions : informer et accompagner. On délivre à tous les publics une information fiable et exhaustive sur les métiers, les qualifications, les formations, avec un accès facilité à cette information, et nous développons une mission d'accompagnement pour mettre à disposition des jeunes, de leur famille et des personnels des équipes éducatives, les outils et les dispositifs pédagogiques pour acquérir cette compétence à s'orienter tout au long de la vie.

On déploie des activités diverses, comme l'alimentation des bases de données sur les formations et les métiers, l'édition de documents et de ressources sur différents supports (imprimés, sites Internet) et l'accompagnement des publics à l'utilisation de cette documentation. La loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel a transféré une partie de nos missions aux régions et l'ONISEP a cessé de produire certains guides académiques sur les formations. On continue toutefois de recueillir des données locales pour fiabiliser toutes ces informations sur les formations. De la même façon, on garde en région un accompagnement à la pédagogie. Deux directions des services centraux travaillent ainsi sur le terrain : les ressources documentaires, pour la base documentaire, et l'accompagnement à la pédagogie pour développer des actions pédagogiques sur le terrain.

Pour donner plus de précisions sur nos activités, nous avons des bases de données, appelées IDO, qui gèrent l'offre de formation initiale par voie scolaire et par apprentissage. Ces bases regroupent 93 262 actions de formation, 24 365 structures d'enseignement et 780 métiers. Nous disposons également d'une base de ressources vidéos : 4 000 vidéos « métiers » et « formations ». Ces bases alimentent la production des ressources que nous élaborons sur les différents supports. Nous produisons donc des ouvrages imprimés : les dossiers qui accompagnent l'information sur les études supérieures (classes préparatoires, écoles d'ingénieurs), comme « Objectif Sup » que l'on vient de publier, avec, à chaque fois, un traitement pour les formations et les informations qui relèvent de l'agriculture. Nous avons sorti en novembre, dans la collection Parcours, le fascicule sur les métiers de l'agriculture et de la forêt, sur lequel on a travaillé en relation avec la DGER. Nous publions aussi différents ouvrages sur des thèmes en fonction des secteurs d'activité ou des centres d'intérêt des jeunes. Nous avons des sites, dont notre site internet onisep.fr, qui recueille en moyenne 50 millions de visites annuelles et délivre l'information autour des formations, notamment de l'enseignement agricole. Des sites dédiés accompagnent les réformes des politiques publiques d'éducation, comme celle du lycée avec des sites comme Secondes Premières ou Horizon 21, ou encore celle de la voie professionnelle avec Nouvelle voie pro qui intègre, dans son article sur les familles de métiers, celles de l'enseignement agricole.

Des activités autour de l'accompagnement et de la pédagogie se mettent en place, avec notamment une banque de ressources pédagogiques pour l'orientation. L'ONISEP a toujours eu le souci de l'accompagnement pédagogique. Une nouvelle direction « accompagnement et pédagogie » a ainsi été créée et renforcée pour porter à la connaissance des équipes éducatives l'information et la méthode d'utilisation de cette information, avec les élèves quand on est professeur principal, notamment dans le cadre des heures dédiées.

Nous sommes également impliqués dans la formation des enseignants et des pilotes de l'orientation, par le biais de notre participation aux plans nationaux de formation ou aux plans académiques et de la création d'un magistère sur l'accompagnement à l'orientation.

Nous développons depuis un certain temps des axes entre l'ONISEP, le ministère de l'agriculture et la DGER. Mme Adeline Croyère, sous-directrice des politiques de formation, siège au conseil d'administration de l'ONISEP. Nous travaillons avec eux dans la production de l'information : on informe, on accompagne, on essaie de lutter contre les stéréotypes, les idées préconçues et les préjugés. On ne hiérarchise pas l'information, on la donne de la même façon pour tout le monde. Nous avons mené quelques travaux en collaboration, par exemple sur l'information post-bac pour les vétérinaires et sur l'ouvrage sur les métiers de l'agriculture. Nous travaillons également ensemble autour du site Horizon 21 qui présente des simulations d'enseignement, de choix de spécialité au lycée pour la voie générale, ou de séries pour la voie technologique, comme la présence de l'enseignement de spécialité biologie-écologie, ou de la série STAV (sciences et technologies de l'agronomie et du vivant) pour la voie technologique.

Que prévoit-on pour la suite ? Dans notre contrat d'objectifs et de performance, nous avons signé un projet pour améliorer l'accompagnement des heures dédiées à l'orientation, de la 4ème à la Terminale. Dans cette perspective, nous réfléchissons à la création d'une plateforme qui permette aux équipes éducatives de suivre les élèves tout au long de leur parcours et de sa construction. L'élaboration de cette plateforme a déjà été envisagée avec la DGER, qui participera pleinement à cette réflexion. C'est vraisemblablement là qu'il y aura des interconnexions entre cette plateforme « Horizon » (dont le nom devrait changer) et Chlorofil.

Nous avons signé en février 2020 une convention-cadre qui fixe de grandes lignes de collaboration autour du partage d'informations pédagogiques et de la communication. Actuellement, nous déclinons cela en plans d'action pour mieux informer et mieux accompagner, et permettre à chacun, sur le terrain, d'avoir cette communication, nécessaire pour avoir la connaissance de l'information et pouvoir voir si elle correspond au parcours de l'enfant ou du jeune. On envisage de travailler sur quatre axes : créer un partage de contenus de communication, mieux informer, avec L'aventure du vivant d'un côté et les sites ONISEP de l'autre, créer des parcours pédagogiques ou les co-construire, et envisager éventuellement des projets et des expérimentations mutuelles qui pourraient prendre appui sur le laboratoire d'innovation publique d'orientation (Lab'Or) que nous venons de mettre en place. Celui-ci a pour vocation d'être un vivier de réflexion, de partage d'expériences, de rencontres entre les différents acteurs : jeunes, parents, enseignants, chercheurs, opérateurs de compétence (OPCO), high techs ou associations. Le but est de réfléchir ensemble et mieux construire l'information et son partage.

La réorganisation en cours dans nos délégations régionales de l'ONISEP (DRONISEP) modifie les cartes : les choses bougent sur le terrain, le positionnement de nos délégations change. Pour autant, elles sont toujours présentes : malgré de fortes variations d'une région à l'autre, elles travaillent en étroite collaboration à travers différents partenariats, comme le Mondial des métiers de Lyon, et reçoivent des sollicitations pour participer à la rédaction de la partie des guides élaborée par les régions. L'opération du Printemps de l'orientation est également un exemple de collaboration qui se met en place sur le terrain. À l'ONISEP, nous avons produit un kit pédagogique qui intègre une carte de France renvoyant aux sites académiques et aux opérations qui leur sont associées.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Delattre

Merci de nous décrire cette excellence. Mais quels sont les retours que vous recevez de la part des enseignants ? Pourquoi ne promeuvent-ils pas l'enseignement agricole ? Quelles questions vous posent-ils à son sujet ? De même pour les jeunes : quelles sont les questions qui reviennent de façon récurrente et sont un frein pour eux ? Avez-vous travaillé sur des éléments de langage, partagés avec les professeurs ou autres, pour contrer cette image de l'agriculture considérablement détériorée par l'agribashing ?

Bien que vous disiez, Monsieur Sinoir, que ce ne sont pas uniquement les enfants d'agriculteurs qui viennent renforcer la formation initiale ou continue, on peut s'interroger. J'ai tellement d'amis qui font tout pour que leurs enfants ne reprennent pas l'exploitation parce que c'est un métier tellement dur ! Il y a un tel manque de reconnaissance de la part de la société qu'ils ne souhaitent pas cela à leurs enfants. Cela montre qu'on a un problème à l'intérieur de ces filières, de valorisation financière et en termes d'image.

Comment travaillez-vous, Madame Marcillaud-Authier, sur ces questions qui peuvent freiner les enseignants dans la promotion de l'enseignement agricole ?

Debut de section - Permalien
Sandrine Marcillaud-Authier, cheffe du département des éditions de l'ONISEP

C'est une vaste question à laquelle je ne suis pas sûre de pouvoir apporter une réponse, mais peut-être des éléments de réflexion. Nous attachons un soin particulier à ne pas hiérarchiser l'information et à la donner de la même façon pour tous. Cela fait partie de nos missions et de nos valeurs. En parallèle, on essaie de déconstruire les idées reçues et les préjugés, comme pour l'égalité filles-garçons ou les jeunes en situation de handicap. Nos sites proposent ainsi des articles « 5 idées reçues sur » ou des quiz, qui sont très utilisés et sont un moyen d'accéder à l'information. À côté de cela, nous mettons actuellement en place deux choses : d'une part, une nouvelle direction des usages et de la relation à l'usager pour recueillir des retours directs, presque en live, des usagers et publics qui nous lisent et nous suivent, et, d'autre part, la déclinaison pédagogique de toute l'information que nous produisons et qui doit contribuer à la faire connaître et à la communiquer en classe.

On essaie aussi de simplifier cette information, car la sphère des formations possibles est gigantesque. On travaille à la réalisation d'une carte, le « plan RATP des formations », qui permettrait à un élève de 3ème de savoir quels sont les différents chemins qui permettent d'accéder à un métier. Rendre compréhensible aux jeunes, aux adultes et aux parents cette complexité et cette masse d'information fait partie des réflexions que nous menons, mais cela se heurte à la difficulté supplémentaire de l'utilisation du smartphone par les jeunes. Il faut réussir à transférer sur le téléphone portable une information claire et lisible, quitte à la prolonger ensuite.

Nous avons ces différentes directions : continuer à donner une information claire, simple et fiable, accompagner les équipes éducatives et les parents dans la compréhension de cette information, et essayer de trouver d'autres moyens de mettre cela en résonance et recueillir la relation à l'usager.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marc Boyer

Nous allons terminer cette première série d'interventions par les représentants de l'Association nationale des directeurs de centre d'information et d'orientation. Madame Corinne Blieck, je vous passe la parole.

Debut de section - Permalien
Corinne Blieck, ancienne présidente de l'ANDCIO

Nous répondons aux questions que vous nous avez envoyées.

En ce qui concerne le rôle des centres d'information et d'orientation (CIO), on veut vous rappeler certaines choses. Les CIO ne sont pas sont pas seulement des lieux qui accueillent du public pour délivrer des informations. Ce sont surtout des lieux pour accompagner le public dans la construction d'un projet d'avenir, professionnel ou de formation. Avant tout, les CIO sont des services de l'État qui incarnent la politique du ministère dans les territoires, tels que les districts, les zones d'animation pédagogique (ZAP) ou les bassins d'éducation et de formation (BEF). Le CIO est surtout un service implanté au sein d'un territoire où se nouent un partenariat et des relations. Celles-ci sont entretenues avec les établissements scolaires publics ou privés de l'Éducation nationale, de l'agriculture, la culture, la santé, avec les organismes de formation continue, comme les groupements d'établissements (Greta) ou l'Agence nationale pour formation professionnelle des adultes (AFPA), avec les instances de concertation à l'intérieur ou en dehors de l'Éducation nationale, comme les comités locaux école-entreprise (CLEE) et les services publics de l'emploi local (SPEL). Nous entretenons aussi des liens avec les branches professionnelles, l'armée et les chambres consulaires. Nous sommes membres des services publics régionaux de l'orientation (SPRO), pilotés par les régions. À ce titre, nous avons enfin des relations suivies et quotidiennes avec nos partenaires de la sphère « accueil, information, orientation » : la mission de lutte contre le décrochage scolaire, les missions locales, Pôle emploi, les centres d'aide à la décision des chambres des métiers et l'association pour l'emploi des cadres, ingénieurs et techniciens de l'agriculture (Apecita).

Je voulais souligner que ce sont les directeurs des CIO qui nouent ces partenariats et relations, et qui les entretiennent. Ils permettent d'avoir des informations, de faire des visites et de bénéficier d'interventions d'interlocuteurs sur tous les domaines professionnels et de formation. Il est fréquent d'accueillir en CIO, lors de la réunion de centre hebdomadaire, des personnes venues nous parler de leur métier et de leur formation. Ainsi, les psychologues de l'Éducation nationale (PsyEN), autrefois appelés les conseillers d'orientation psychologues, sont au courant de ce qui se passe dans les établissements scolaires de leurs territoires d'intervention et sur les métiers préparés par ces établissements.

Cette première réponse donne des indications sur d'autres questions, comme la connaissance, par les directeurs et les personnels des CIO, de l'enseignement agricole et des formations auxquelles il prépare. Si, dans l'Éducation nationale, des gens sont au courant des formations en général, et dans l'agriculture en particulier, ce sont bien les personnels de CIO, grâce aux échanges que je viens d'évoquer mais aussi aux productions de l'ONISEP. C'est pour nous un outil de travail très important. J'espère que l'ONISEP continuera encore longtemps à produire ses revues, ses Parcours avenir et l'ensemble de ses très précieux documents. Ils permettent aux élèves d'entrer dans la connaissance d'un métier. Après, nous poussons à aller aux journées portes ouvertes et à rencontrer les professionnels pour aller par eux-mêmes à la rencontre des métiers et des formations in vivo.

Je souligne qu'il n'entre pas dans la mission des CIO de promouvoir des formations ou des filières, comme l'enseignement agricole, au détriment d'autres. Nous ne sommes au service ni des entreprises, ni des professions, ni des organismes de formation, mais des familles, des élèves, des professeurs et des partenaires de l'orientation et de l'information. On est très souvent sollicité lorsque les établissements de formation manquent de recrues, quand les entreprises manquent de bras pour envoyer des jeunes, mais on ne le peut pas ! Nous sommes peut-être les seuls dans le système qui n'orientons pas. On a simplement un rôle de conseil en orientation. Pour nous, la victoire est de voir un jeune qui, quand il va sortir de nos entretiens - en CIO ou en établissement scolaire -, sera capable de choisir par lui-même son orientation. On n'est ni dans la prescription d'une orientation, ni dans la recommandation, ni dans la suggestion, mais dans la présentation de ce que peut faire le jeune par rapport à son profil (scolaire, étudiant) et ses intérêts. Pour cela, on dispose de logiciels d'aide à l'orientation et de questionnaires d'intérêts et de valeurs. C'est à partir de cela qu'on propose un panel de formations.

Vous parliez tout à l'heure de la rivalité entre l'Éducation nationale et l'Agriculture. Elle est pour nous inexistante ! C'est tout à fait complémentaire. Si une jeune fille ou un jeune garçon vient nous voir avec l'envie de faire de l'aide à la personne, du sanitaire et social, on présentera sur le même plan le bac pro « Services à la personne » et le bac pro « Services aux personnes et aux territoires » (SAPAT). On présente toutes les opportunités, parmi lesquelles le jeune et la famille choisiront en fonction de leurs critères (mobilité, préparation, éloignement, coût des études). De même, on ne présente pas davantage les formations initiales par voie scolaire par rapport à la formation initiale par l'apprentissage, mais on présente toutes les possibilités pour mener un jeune à prendre la décision d'orientation qu'il aura choisie. Elle sera ainsi beaucoup plus solide qu'une orientation imposée.

Enfin, l'orientation excède largement l'information. Celle-ci est certes indispensable pour que les jeunes disposent de tous les éléments pour choisir. Mais cela va au-delà : c'est une construction de ce que sera sa vie. Cela peut prendre du temps. Les entreprises ont besoin tout de suite de main-d'oeuvre, les établissements scolaires ont besoin pour la rentrée suivante de nouveaux élèves, mais un jeune ne fonctionne pas dans le temps court au niveau de la construction de son projet. Cela peut demander cinq ou six ans avant de fixer son choix sur quelque chose. Le temps de l'orientation est le temps long.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marc Boyer

Merci pour ces interventions. Nous passons maintenant aux questions des sénateurs et nous commençons par Vincent Segouin.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Segouin

Je vous rejoins : il faut lutter contre l'agribashing pour que les jeunes rejoignent la filière de l'enseignement agricole. Mais en écoutant vos propos sur le sujet, je me demandais si vous n'étiez pas à l'origine de cet agribashing. Plutôt que de trouver des solutions au problème, je me demande si vous n'êtes pas porteur des propos qui le favorisent. Je vous entendais dire qu'il fallait sortir de ces pollutions, je lis dans votre rapport qu'il faut faire l'entrée par les métiers porteurs de valeurs sociétales. Quelles sont-elles ? Si vous-même, dans l'enseignement agricole et l'orientation, n'êtes pas porteur des qualités de l'agriculture d'aujourd'hui, reconnue comme la plus saine au monde, comment les jeunes peuvent-ils rejoindre la filière ? C'est le premier problème à résoudre pour moi.

Le deuxième problème est celui des centres d'orientation. J'ai remarqué que dans ceux qui existent, les personnes qui donnent l'information ne connaissent pas la vie économique, et ce, dans tous les secteurs. C'est plus par le biais de forums de métiers invitant des professionnels que les jeunes récupèrent de l'information, mais aussi de l'ambition et de la volonté d'agir. Ils sont dans une période de pleine interrogation : s'ils n'ont pas en face d'eux des personnes motivées, passionnées et qui aiment ce qu'elles font, c'est voué à l'échec.

Debut de section - Permalien
Bruno Ricard, inspecteur général des ponts, des eaux et des forêts

L'agroécologie est la première politique publique portée par le ministère de l'agriculture et l'enseignement agricole. Toutes les exploitations annexées aux établissements agricoles sont désormais en agroécologie, et il n'y en a plus une qui utilise du glyphosate. Donc oui, l'enseignement agricole est porteur des valeurs associées à l'agriculture propre et à l'alimentation saine. On s'est peut-être mal compris. Malheureusement, l'enseignement agricole est parfois victime de l'agribashing, mais il est porteur de valeurs tout à fait à l'opposé que celles qui sont présupposées par ses contempteurs. Je rappelle aussi qu'il propose d'autres types de formation, comme des formations relatives à la protection de l'environnement.

Debut de section - Permalien
Eric Bardon, inspecteur général de l'agriculture

Pour compléter, il faut dire que l'agribashing est un fait de société. C'est un obstacle pour la promotion de l'enseignement agricole. De ce point de vue, une campagne de communication engagée par le ministère de l'agriculture est actuellement en élaboration dans le cadre du plan de relance, en association avec les organisations professionnelles agricoles et les régions liées à la promotion de l'enseignement. Cette campagne disposera des moyens nécessaires pour enfin pouvoir donner une vision réaliste, réelle et factuelle des nouvelles orientations de l'agriculture et de l'alimentation qui représentent les métiers de demain. Or aujourd'hui, du fait d'une carence de communication de l'enseignement agricole liée aux moyens dont il dispose, ce rétablissement d'image n'a pas pu être fait. Cela explique cette distorsion d'image évoquée à plusieurs reprises.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Segouin

Vous êtes donc en train de me dire que l'ère anti-glyphosate est intégrée ? Mais alors, dans l'enseignement agricole, apprenez-vous à être rentable ? Va-t-on créer des agriculteurs qui gagneront moins de 450 euros par mois et où on aura deux suicides par jour comme aujourd'hui ?

Debut de section - Permalien
Bruno Ricard, inspecteur général des ponts, des eaux et des forêts

L'enseignement agricole défend la quadruple performance : sociale, économique, environnementale, et la préoccupation est aussi, bien entendu, le revenu et la rentabilité, mais pas à n'importe quel prix.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Je voudrais revenir sur les interventions que l'on vient d'entendre, que j'ai mal comprises. Je préside la délégation aux droits des femmes depuis 2017. Nous avions mené un travail sur les femmes et l'agriculture. À travers ces quelques mois de travaux avec les rapporteurs, j'ai plutôt eu affaire à des agriculteurs fiers et amoureux de leur métier, et qui, malgré des conditions de travail très difficiles et des revenus très faibles, défendaient une agriculture vertueuse et de qualité. Je souhaitais le dire car l'agribashing que vivent les agriculteurs est un rouleau compresseur, comme il peut y en avoir sur d'autres sujets. J'en ai été victime récemment : lorsqu'on porte des valeurs et des thématiques, on peut aussi subir du « bashing » sur les réseaux sociaux, et il est difficile d'inverser la tendance malgré toute la communication que l'on peut faire. Pour terminer sur ce point, en Vendée, où je suis, je rencontre beaucoup de passionnés et je vais régulièrement aux rendez-vous des différentes organisations professionnelles : je retrouve assez peu de professions où il y a un tel amour du métier, une telle volonté d'avancer, une telle recherche de qualité. En revanche, le problème du revenu se pose.

J'ai une première question. Vous avez dit que la diminution des effectifs depuis 2011 se passait essentiellement dans l'enseignement agricole privé. Ai-je bien compris ? Pourquoi l'enseignement privé serait-il responsable ?

Par ailleurs, je me réjouis que 8 % seulement des enfants de l'enseignement agricole soient issus du milieu agricole : cela signifie que l'attractivité de ces métiers demeure. On a cependant le même problème d'orientation que pour les métiers de l'industrie. La France s'est désindustrialisée et il faut un véritable plan Marshall pour orienter les enfants vers des métiers de réussite de l'industrie. Ces jeunes la connaissent mal car peu de gens dans leur entourage travaillent dans ce secteur. Ne pourriez-vous pas vous inspirer de ce que fait l'industrie en termes d'orientation ? Elle s'organise en effet pour orienter les élèves vers ces métiers.

Debut de section - PermalienPhoto de Joël Labbé

Merci de vos présentations. Je vous fais part d'une réflexion par rapport au manque de moyens. On a commencé à supprimer ces fameux 300 emplois, et l'on va continuer sur cette lancée, alors qu'on veut développer l'enseignement agricole. Je sais que vous n'y êtes pour rien, mais il faut qu'on insiste pour que ces besoins d'emplois restent pourvus et développés.

J'ai un second point. J'ai été rapporteur d'une mission sur les plantes médicinales et les métiers de l'herboristerie. C'est un domaine de métiers auquel aspirent de nombreux jeunes. J'ai eu l'occasion de visiter le centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) de Nyons, qui ne désemplit pas, et qui propose une formation de brevet professionnel de responsable d'entreprise agricole, orientation paysan-herboriste. Ce métier n'est pas reconnu officiellement et c'est notre travail que d'avancer sur le sujet. Sentez-vous un développement possible dans cette filière, où il y a de la diversification agricole, de l'aménagement du territoire et de l'emploi ?

Debut de section - Permalien
Michel Sinoir, directeur régional de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d'Auvergne-Rhône-Alpes

Je vais apporter des éléments de réponse à M. le sénateur Labbé, qui connaît bien le sujet et le centre de formation en question.

En effet, cela fait partie des niches qui connaissent une dynamique très forte, y compris en termes de formation, dans certains départements. Même dans le Puy-de-Dôme que vous connaissez bien, Monsieur le président, on note un développement important des plantes médicinales. Typiquement, on a observé « l'armement » d'un centre de formation dans une zone où il a bien répondu à une demande et, effectivement, cela fonctionne plutôt bien. Des initiatives vont jusqu'au produit fini. Souvent, se produit ensuite une recherche de valorisation par l'essence ou par une vente directe, et cela marche très bien. On pense tous au pourtour méditerranéen mais notre région est en très forte croissance - la deuxième en France - dans ce domaine.

Puisque j'ai la parole, je souhaite m'exprimer sur l'agribashing. Je comprends les réactions, parce qu'on les observe sur le terrain avec les professionnels. Je veux insister positivement sur ce qu'a dit le vice-président de Nouvelle-Aquitaine, M. Nembrini. Nous partageons totalement avec la profession, me semble-t-il, la nécessité de communiquer positivement sur les métiers de l'agriculture dont, manifestement, pendant cette période de crise, beaucoup ont réalisé qu'elle était importante. Il s'est passé quelque chose dans les têtes. Ainsi, il y a un an, on dénombrait 900 candidats au Point Info Installation Isère. Il se passe quelque chose ! Finalement, il y a certes de l'agribashing, mais ces métiers agricoles continuent à attirer, y compris des gens de l'extérieur. Or une grande part de l'avenir de l'agriculture française dépendra d'arrivées de l'extérieur, ce qui est un sujet dans le domaine du foncier, de la formation, etc. Il faut accompagner ce mouvement. Je partage totalement à cet égard ce qui a été dit par M. Nembrini : il faut y aller.

Debut de section - Permalien
Jean-Louis Nembrini, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine en charge de l'éducation et des lycées, représentant de Régions de France

Effectivement ! Nos territoires concentrent des ressources, qui illustrent ce qui vient d'être dit par le directeur régional : des exploitations agricoles variées, la lutte contre le glyphosate, le bien-être animal... On y trouve toutes les valeurs de l'agriculture d'aujourd'hui et qu'il faut mettre en avant. Sans attendre les réformes de structure pourtant nécessaires, nous avons déjà, avec les outils et les ressources qui existent dans les établissements, de quoi mettre en valeur les métiers. Il faut aller toucher les collèges. Je suis d'accord sur l'organisation en bassin, autour d'un lycée agricole et, en effet, il faut organiser des visites d'exploitation, faire parler les jeunes, les faire se déplacer. On combat l'agribashing par l'exemple, qui existe dans nos établissements comme dans beaucoup d'exploitations agricoles.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Delattre

C'est une fierté pour nous de savoir que l'enseignement agricole est à l'heure de l'agroécologie et à la pointe de la technique dans ces enseignements. Les filières agricoles sont toutes conscientes et toutes moteurs dans la nécessité de cette transition environnementale.

Je connais bien la problématique en Gironde, avec le « Bordeaux bashing », alors que nous sommes les premiers de la classe. Comme l'avait dit Nicolas Hulot, c'est le territoire viticole du Bordelais qui est le premier à avoir amorcé cette transition environnementale et à avoir combattu le glyphosate. Nous avons énormément travaillé sur les alternatives, mais nous avons aussi beaucoup témoigné des difficultés que cela pouvait poser. Certains ont pris ces témoignages comme allant contre cette transition alors que ce n'était pas le cas. On ne fait pas une transition environnementale en un claquement de doigts : cela pose aussi des problèmes environnementaux. Quand on passe d'un seul coup du glyphosate à l'utilisation continue du tracteur dans la vigne pour faire du travail de sol, se pose aussi le problème du bilan carbone. On a mis en lumière ces problématiques, ce qui est naturel de la part de la filière, mais pour avancer vers l'agroécologie.

Nous avons la chance d'avoir quelqu'un du CIO de la Réunion. Je voulais poser la question de l'agriculture en outre-mer. On parle beaucoup de la métropole, mais j'aimerais avoir un témoignage sur les formations, les orientations, dans nos territoires ultra-marins. Comment cela est-il vécu ? A-t-on aussi des problèmes d'attractivité ?

Debut de section - Permalien
Saadia Ait-Abed, suppléante au conseil d'administration de l'ANDCIO et directrice du CIO de Saint-Benoît

À la Réunion, effectivement, les filières agricoles sont également peu attractives, en raison notamment de l'image de la canne à sucre, qui est un secteur peu mécanisé et difficilement mécanisable. Il attire donc peu de monde car le travail est assez ardu. Même si la formation agricole est très développée, avec des lycées agricoles du public et du privé, ainsi que des MFR, la Réunion est confrontée à la même problématique pour envoyer les élèves dans l'enseignement agricole. Il y aurait pourtant matière à développer ces filières, ne serait-ce qu'en faisant évoluer son image avec le bien-être, l'écologie et le bien-manger. Pour la valoriser, des passerelles avec les filières de la santé pourraient être mises en place puisqu'à la Réunion, nous souffrons de deux problèmes majeurs de santé publique : un nombre important de diabétiques et une forte obésité infantile.

Je voulais aussi évoquer le problème des MFR. Si les élèves y sont de moins en moins nombreux, il ne faut pas oublier que l'internat y est obligatoire, puisque cela fait partie du travail éducatif et social à mener. Or les jeunes Réunionnais ne veulent plus de l'internat. C'est aussi peut-être une des raisons pour lesquelles ils se dirigent moins vers les MFR alors que cela pourrait correspondre à leurs objectifs, avec un environnement plus sûr. Nous avons des relations étroites : les CIO sont parties prenantes et les MFR nous interpellent pour faire des interventions dans leurs structures, comme j'ai pu y contribuer. Nous réfléchissons ensemble pour développer et valoriser l'enseignement, y compris par la manière pédagogique que ces structures mettent en place pour accueillir nos jeunes en grande difficulté. On sait que l'enseignement agricole est une plus-value pour eux.

Je voulais réagir à l'intervention de M. Segouin : il ne faut pas non plus tomber dans le CIO bashing. Quand on dit que les personnels d'orientation ne sont pas au fait de l'environnement économique, cela est assez vexant. On est au fait de tout ce qui nous entoure, y compris l'environnement économique. On ne peut parler d'orientation si on ne parle pas d'insertion. On doit donc connaître le contexte socio-économique dans lequel on vit.

Pour terminer, sera normalement créé à l'horizon 2022 un lycée de la mer. Il y a donc des perspectives à la Réunion.

Debut de section - Permalien
Yohann Le Pape, membre du conseil d'administration de l'ANDCIO et directeur du CIO de Chartres

Je souhaite vous rapporter l'expérience de mon territoire.

Je voudrais relativiser la baisse d'effectifs en enseignement agricole. Sur mon territoire, elle se joue surtout sur la voie générale et technologique. Pour l'enseignement professionnel - les centres de formation d'apprentis (CFA) et les CFPPA - cela fonctionne. En revanche, l'enseignement privé subit une baisse d'effectifs sur l'ensemble des formations. Plusieurs raisons l'expliquent. L'une porte sur les MFR : au niveau de la 4ème, elles ne souffrent pas d'un manque de candidats, mais, au contraire, elles doivent en refuser en raison de leur trop jeune âge, car ils ne redoublent plus. Ils doivent donc attendre une année supplémentaire. Ensuite, cette baisse ne se retrouve pas seulement dans l'enseignement privé agricole mais aussi dans les autres lycées professionnels privés. Le contexte de la pandémie a entravé le travail d'orientation, en bloquant notamment les journées portes ouvertes et les forums. Même si nous avons, quant à nous, fourni un travail acharné, nous avons dû travailler à distance. L'aspect « coût de formation » est important pour l'intégration dans les lycées professionnels privés. Enfin, la question de l'internat se retrouve aussi en métropole : des jeunes ont des difficultés à y aller. La mobilité est de plus en plus difficile. Prendre des bus semble de plus en plus compliqué.

On essaie de casser les représentations sur les filières. Pour nous, toutes les filières se valent. Il est important que le jeune trouve sa voie. De même que le contexte économique local et national, nous connaissons aussi les métiers, certes pas aussi bien qu'un professionnel. Cela dit, nous n'avons pas à vendre un métier, donc nous ne le présentons pas de façon trop avantageuse. On reste neutre pour que l'élève fasse son choix en connaissance de cause.

La baisse d'effectifs comporte en tout cas des raisons annexes à l'aspect agricole. On peut réfléchir sur le sujet : je sais que les bourses de l'enseignement peuvent être demandées jusqu'à fin septembre. En octobre, certains élèves se retrouvent sans solution : on cherche pour eux des places en établissement, mais c'est trop tard pour demander une telle bourse.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Delattre

Ma dernière question aurait pu être posée à la DGER. Les lycées de la mer ne sont pas rattachés à l'enseignement agricole, alors qu'ils me semblerait en relever. Aviez-vous eu à faire des préconisations en la matière ? avez-vous des réponses ? Il semble en effet compliqué de ne pas avoir une famille réunie autour des filières et de laisser la plupart des lycées de la mer gérés par l'Éducation nationale - même si certains le sont par l'enseignement agricole, comme dans les Pyrénées-Atlantiques, ainsi que l'avait dit Max Brisson.

Debut de section - Permalien
Michel Sinoir, directeur régional de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d'Auvergne-Rhône-Alpes

Je suis assez mal placé en Auvergne-Rhône-Alpes pour me prononcer sur le sujet, mais j'ai eu un parcours à la Réunion et sur des bords de mer. Il y a quelques exemples de rattachement avec l'enseignement agricole. J'en vois un en Charente-Maritime.

Debut de section - Permalien
Bruno Ricard, inspecteur général des ponts, des eaux et des forêts

Cela doit être Bourcefranc.

Debut de section - Permalien
Michel Sinoir, directeur régional de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt d'Auvergne-Rhône-Alpes

Oui, tout à fait, Bourcefranc !

Debut de section - Permalien
Bruno Ricard, inspecteur général des ponts, des eaux et des forêts

Je n'ai pas de réponse à apporter. Ce qui est curieux, c'est que les professeurs de l'enseignement maritime sont suivis par l'inspection de l'enseignement agricole : vous voyez que c'est compliqué. Nous présidons même les concours de recrutement des professeurs de lycée professionnel agricole (PLPA) qui interviennent dans certaines disciplines de l'enseignement maritime. Tout cela est mélangé. Je crois que c'est lié historiquement au fait que la mer n'a pas toujours été intégrée dans le périmètre du ministère de l'agriculture et qu'elle a été rattachée à différents ministères.

Debut de section - Permalien
Sandrine Marcillaud-Authier, cheffe du département des éditions de l'ONISEP

À l'ONISEP, nous avons été contactés par Gens de mer sur ces formations qui souffrent aussi d'un déficit de connaissance. Ils ont douze établissements qui souhaitent également faire connaître aux différents jeunes les possibilités qui sont offertes dans ces lycées de la mer.

Debut de section - Permalien
Jean-Louis Nembrini, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine en charge de l'éducation et des lycées, représentant de Régions de France

Sur cette question du rattachement des structures, l'occasion est trop belle pour rappeler que ces lycées agricoles ont des liens territoriaux très forts, de même que les lycées de la mer. Ils mériteraient d'être rapprochés davantage des structures territoriales, et notamment des régions. Nous y travaillons beaucoup avec le directeur régional de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt et le directeur inter-régional de la mer. Je ne vais pas employer de grands mots comme la décentralisation, mais on pourrait expérimenter des modèles avec l'objectif d'attirer davantage de jeunes des territoires vers ces métiers.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marc Boyer

Je veux revenir sur les explications données sur le rôle des CIO. Vous avez parlé de documentation, d'information, de relations avec les acteurs. Sortez-vous de vos locaux ? Allez-vous sur le terrain, dans les collèges et les établissements agricoles ? Engagez-vous un travail de proximité vers les élèves et les établissements scolaires ?

Debut de section - Permalien
Yohann Le Pape, membre du conseil d'administration de l'ANDCIO et directeur du CIO de Chartres

Je rappelle que les PsyEN qui interviennent dans les CIO travaillent aussi dans les collèges et les lycées publics. Nous avons des partenariats créés avec des lycées agricoles, le plus souvent publics : nous intervenons lors de forums internes au lycée, les directeurs de CIO participent souvent au conseil d'administration du lycée agricole public du département et nous intervenons parfois pour des séances d'information dans le lycée.

Nous créons également la documentation locale et tous les établissements y sont inclus, qu'ils soient publics ou privés, agricoles, de l'Éducation nationale, CFA ou autres. Cette information est accessible aux jeunes. Notre but est de proposer au public une information exhaustive sur ce qui existe sur le territoire, donc toutes les filières doivent être représentées. Libre au public, que nous accompagnons, de faire ensuite le meilleur choix.

Nous allons à la rencontre de professionnels, d'établissements, mais nous sommes très sollicités. Les PsyEN travaillent à la chaîne. Nous avons un temps limité pour faire ces découvertes mais nous les faisons dès que l'on peut.

Debut de section - Permalien
Corinne Blieck, ancienne présidente de l'ANDCIO

Sort-on de temps en temps de nos CIO ? Bien évidemment, et même souvent. Les réunions académiques de directeurs de CIO peuvent avoir lieu dans les établissements scolaires, et régulièrement elles se passent dans des établissements agricoles ou viticoles, dans le lycée régional ou le plus proche. Nous effectuons aussi, dans le cadre du CLEE, des visites d'entreprises, y compris agricoles et viticoles, et d'exploitations agricoles. Nous sommes très ouverts aux rencontres, chez nous ou ailleurs.

Debut de section - Permalien
Saadia Ait-Abed, suppléante au conseil d'administration de l'ANDCIO et directrice du CIO de Saint-Benoît

Je souhaite dire une dernière chose. Il serait bon d'oeuvrer pour augmenter le nombre de postes de PsyEN parce que les interventions dans les lycées agricoles publics ou privés sont de notre propre initiative. Les établissements agricoles ne sont pas comptés parmi les établissements d'intervention de notre travail. Nous faisons donc cela de bonne grâce, mais cela fait partie de nos missions.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marc Boyer

Merci de cette précision. Nous avons fait le tour des questions. Je vous remercie pour votre présence, en visioconférence ou ici, dans les locaux du Sénat.

Ce point de l'ordre du jour a fait l'objet d'une captation vidéo qui est disponible en ligne sur le site du Sénat.

La réunion est close à 18 h 30.