Avant tout, je vous remercie pour cette initiative de mission d'information sur l'enseignement agricole. Comme vous l'a dit Valérie Baduel la semaine dernière, nous sommes très sensibles à cette initiative, qui est un signe positif à notre égard. Vous m'avez demandé de présenter en quelques mots l'enseignement agricole en Auvergne-Rhône-Alpes. Je vous parlerai de nos relations avec le conseil régional et nos partenaires de l'Éducation nationale, à partir de l'exemple de ma région.
La région Auvergne-Rhône-Alpes regroupe 8 millions d'habitants. Selon les projections de l'Insee, en suivant la trajectoire actuelle, elle atteindrait 9,5 millions d'habitants en 2050. Deux départements représentent 30 % de l'accroissement potentiel : les contrastes entre territoires sont très importants. On les trouve déjà aujourd'hui : nous sommes présents dans tous les territoires, dont les réalités sont très contrastées. Certaines zones figurent parmi celles qui ont la plus grande croissance démographique de France, comme le bassin alémanique ou le pourtour de Lyon, et d'autres se trouvent dans la diagonale du vide de la France.
Autre caractéristique : du point de vue agricole, c'est la première région en installations aidées. Comme l'a très bien dit M. Nembrini, il faut le rappeler car c'est un signe positif. Elle détient un taux d'installation hors cadre familial - c'est-à-dire non issu du milieu agricole - parmi les plus forts de France. Elle est enfin la première en circuit court puisque la clientèle est sur place et que c'est une destination touristique.
L'enseignement agricole consiste en un peu moins de 120 établissements, 29 EPLFPA, 30 établissements privés « temps plein » du conseil national de l'enseignement agricole privé (CNEAP), 56 MFR et 3 établissements de l'union nationale rurale d'éducation et de promotion (UNREP). C'est une richesse pour la région. 60 % de nos élèves, étudiants et apprentis sont dans le privé et non dans le public. Nous avons 2 écoles d'enseignement supérieur, agronomique et vétérinaire avec lesquelles nous entretenons des relations très étroites : VetagroSup, qui est publique, et Isara, qui est privée. Notre territoire compte également 64 sites de formation d'apprentis et 36 sites de formation continue. Nous l'avons peu évoqué, mais une des caractéristiques de l'enseignement agricole est de mêler étroitement, et bien souvent sur le même site, l'apprentissage, la formation initiale scolaire, la formation initiale par l'apprentissage et la formation continue pour adulte. Cela constitue une intéressante fécondation croisée. Nous avons 33 exploitations agricoles, 6 ateliers agroalimentaires, 2 centres équestres, ce qui représente une grande diversité, positive à mes yeux.
L'enseignement agricole, avec ses 2 700 agents de droit public, accueille 24 000 élèves et étudiants et 4 000 apprentis. Avec 28 000 « apprenants », Auvergne-Rhône-Alpes est la première région française de l'enseignement agricole. En outre, nous dénombrons 1,2 million d'heures pour des stagiaires en formation continue. On nous pose souvent la question : nous avons 46 % de filles et 54 % de garçons. Dans la filière équestre et services, ce n'est pas le même équilibre que dans l'agro-équipement. Et enfin, nous n'avons que 8 % d'enfants d'agriculteurs chefs d'exploitation. Cela signifie que nous attirons encore d'autres jeunes.
Autres éléments de présentation : parmi les élèves, étudiants et étudiants qui ne sont pas dans les formations générales, 50 % sont inscrits dans le champ professionnel de la production, de la transformation et de la commercialisation : 25 % dans le secteur tout à fait méconnu des services aux personnes et territoires, et 25 % dans le secteur l'aménagement de l'espace et la protection de l'environnement. Nous sommes inconnus en dehors du champ de la production agricole.
Que faisons-nous pour mieux aller à la rencontre de l'Éducation nationale et du conseil régional ? Nous avons une relation très étroite. Comme en Nouvelle-Aquitaine, nous nous réunissons quasiment tous les quinze jours avec le conseil régional et nous rencontrons très régulièrement les autorités académiques. Nous partageons totalement ce qui a été dit sur le rôle du département. Même dans une région comme la nôtre, nous avons besoin de l'échelon départemental. Nous avons rencontré cette année de tous les DASEN et nous constatons également un déficit de connaissance par les équipes pédagogiques, qui sont au plus près du conseil en matière d'orientation aux jeunes. Il faut renforcer le lien entre nos établissements et ceux de l'Éducation nationale dans chacun des bassins. Nous n'avons pas désigné de responsable dans chaque département, mais je signale que j'ai pris l'initiative, en Auvergne-Rhône-Alpes, de désigner un chef d'établissement du public sur les questions de défense et de sécurité. Il a cette responsabilité auprès du préfet et du DASEN. Cela constitue un début de désignation départementale.
S'agissant de la relation avec le conseil régional pour l'orientation : nous sommes associés en permanence. En revanche, pour les classes entrantes - et notamment le collège - nous pouvons clairement constater une certaine réticence des équipes pédagogiques à envoyer des élèves en 4ème-3ème dans l'enseignement agricole.
Pour terminer, je veux vous signaler que la carte des formations est arrêtée à l'issue d'un long processus auquel nous sommes associés. Il y a pour nous très peu de cas de concurrence - même dans la filière services où cela peut être un peu plus difficile. J'ai évoqué le dynamisme démographique de cette région : il y a de la place pour tout le monde. Pour nous, le problème réside moins dans le cadre général, constitué de l'alliance avec le conseil régional et le rectorat, que dans le fait de redescendre et faire percoler cela dans le système, pour qu'on ait conscience, au niveau local, de l'intérêt de l'enseignement agricole. Pour cela, l'échelle du bassin et de la relation avec les établissements est assez fondamentale. Je vous signale que parmi les meilleurs recrutements, il y a Aurillac ou Issingeaux. Le recrutement y est bon parce que les établissements de l'Éducation nationale et de l'enseignement agricole travaillent main dans la main. Il n'y a pas une semaine sans travail collaboratif sur des projets concrets.