La cour de Karlsruhe n'a jamais affirmé que le droit allemand est supérieur au droit européen. Néanmoins, les failles dans l'application du droit européen et des traités sont soulignées par la cour de Karlsruhe. S'agissant de la BCE, les 19 États membres étaient très heureux de la politique de quantitative easing menée par la BCE, car celle-ci a stabilisé la zone euro depuis 2010. Néanmoins, une telle politique n'est pas couverte par les traités. Ces derniers prévoient que la BCE doit défendre la stabilité monétaire, et non assurer le financement des États. L'arrêt de Karlsruhe est salutaire, car il doit nous permettre de clarifier les traités et le mandat accordé à la BCE.
Les Allemands auraient souhaité que le Royaume-Uni reste dans l'Union européenne. En effet, la philosophie de ces deux pays est proche, notamment en matière de libéralisme et de libre-échange. Boris Johnson a néanmoins choqué l'Allemagne : l'accord qui a été adopté entre Londres et l'Union européenne à l'automne 2019, qui constitue un préaccord pour le Brexit, n'est plus respecté par le Royaume-Uni. Or dans la pensée allemande, une telle pratique est très choquante. S'y ajoutent des désaccords entre la Grande-Bretagne et les Européens sur le respect des normes (libre-échange, marché du travail, écologie, etc.). L'Allemagne est très attachée au marché unique, représentant le coeur du projet européen. Par conséquent, et malgré la proximité philosophique et culturelle entre l'Allemagne et le Royaume-Uni, l'Allemagne ne soutiendra pas le Royaume-Uni et les 27 États membres resteront unis.
Enfin, concernant la question environnementale, l'Allemagne souhaite effectivement concilier industrie (23 % du PIB allemand) et écologie. L'industrie est indispensable pour assurer notre autonomie par rapport à nos rivaux mondiaux. L'Allemagne dépend du charbon et 10 % de son économie dépendent de l'automobile, ce qui ne facilite pas la prise en compte des enjeux écologiques. Il faudra vivre avec ces contradictions.