Intervention de Hans Stark

Commission des affaires européennes — Réunion du 2 juillet 2020 à 11h05
Institutions européennes — Table ronde franco-allemande sur le thème : « quel projet allemand pour l'europe ? » autour de m. nicolas baverez économiste avocat contributeur à l'institut montaigne mme claire demesmay directrice du programme relations franco-allemandes du dgap deutsche gesellschaft für auswärtige politik institut allemand de politique étrangère mm. jean-dominique giuliani président de la fondation robert schuman et hans stark conseiller pour les relations franco-allemandes à l'institut français des relations internationales professeur de civilisation allemande à l'université de la sorbonne

Hans Stark, conseiller pour les relations franco-allemandes à l'Institut français des relations internationales, professeur de civilisation allemande à l'Université de la Sorbonne :

L'éclatement de la zone euro constituerait une catastrophe et est inconcevable. Nous redeviendrions dépendants du dollar, mais dans un contexte différent de la guerre froide. Les Américains sont un rival économique, et non plus une puissance bienveillante. La prospérité économique de l'Europe en subirait les conséquences.

L'éclatement de la zone euro impliquerait le retour aux monnaies nationales, et donc à l'instabilité monétaire telle que nous l'avons connue dans les années 70 et 80. La liberté de mouvement des capitaux et des services serait terminée. Les frontières seraient remises en place. L'Europe reviendrait à un modèle du XIXè siècle, et le nationalisme gagnerait du terrain.

Pour éviter un tel scénario, il faut accepter d'y mettre le prix. Les Allemands commencent à le comprendre. Les règles établies en 1990 ne sont plus applicables aujourd'hui. Sur le plan de la dette, la France se trouvera demain dans la situation italienne avant la crise sanitaire. L'Italie se trouvera demain dans la situation de la Grèce avant la crise sanitaire. Ainsi, les dettes publiques seront insoutenables et des solutions devront être trouvées. L'annulation partielle de la dette n'est pas inconcevable pour les Allemands si elle s'accompagne d'un plus grand respect des règles budgétaires, règles qui ne changeront pas dans la mesure où elles s'inspirent du keynésianisme d'avant 1945. Keynes ne laissait pas filer les déficits n'importe comment. En phase de croissance économique soutenue, des excédents budgétaires doivent ainsi être constitués.

Dès lors que nous tomberons d'accord sur le respect des règles budgétaires (déficit inférieur à 3 % du PIB), nous pourrons régler le problème de la dette qui est devenue insoutenable pour plusieurs États européens.

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