Nous en arrivons à la conclusion de ces deux tables rondes. Celles-ci ont été riches d'enseignements. Je remercie chacune et chacun d'entre vous. Je me réjouis de la présence d'un pilote dans l'avion européen. Ce pilote sera allemand au cours des six prochains mois. J'espère que la crise que nous traversons restera exceptionnelle. Les crises sont des révélateurs de nos faiblesses et des accélérateurs de certaines tendances. J'espère que la France prendra conscience de ses faiblesses et les corrigera, afin que nous évitions une fragmentation du marché unique.
La problématique environnementale constitue un tournant. Peut-être qu'en Allemagne, les écologistes sont plus raisonnables qu'en France. Les environnementalistes français sont radicaux. Ainsi, plusieurs maires écologistes récemment élus en France ont fait part de leur opposition au déploiement des réseaux 5G. Le Sénat souhaite que cette évolution technologique, qui conditionne l'avenir économique de nos territoires, ne soit pas soumise au bon vouloir d'élus locaux. Il faut insister sur le fait que cet investissement stratégique ne doit pas être entravé par une idéologie écologiste radicale.
Cela renvoie aux conclusions de la convention citoyenne sur le climat. À quand une convention citoyenne pour l'innovation et l'économie du XXIè siècle ?
La France doit également réagir en matière de réformes structurelles. Des réformes structurelles sont régulièrement annoncées en France, pour ensuite être repoussées. Quelle sera la crédibilité de la France sur les marchés, alors que sa dette approche le seuil des 120 % du PIB ?
Enfin, la France doit pouvoir reprendre en main un minimum d'autorité intérieure. Les dégradations qui sont le fait d'une minorité sont insupportables et fragilisent l'économie nationale.
Si nous ne prenons pas garde à ces différents éléments, nous risquons une fragmentation de la zone euro, laquelle fragiliserait l'Union européenne. L'environnement géopolitique qui entoure l'Union européenne devient inquiétant.
Je salue le pragmatisme allemand qui consiste à stabiliser le marché unique tout en se projetant à l'extérieur. Je suis ainsi pleinement favorable à la signature d'accords de libre-échange assortis de clés de sécurité pour certaines filières. Je salue ici le travail réalisé par l'ancien président de la Commission européenne, Monsieur Juncker, car il a imposé des normes dans le cadre de la conclusion d'accords de libre-échange. Ces normes sont devenues mondiales. Or celui qui a les normes a le marché.
J'insisterai enfin sur l'articulation nécessaire entre le plan de relance de l'Union européenne et les plans de relance nationaux. Alors que l'activité de la BCE a été intense durant la crise, il appartient maintenant aux États de prendre le relai. La BCE ne pourra pas tout faire.
Je vous remercie pour la qualité de ces échanges et pour le temps que vous y avez consacré. Les sénateurs et les sénatrices y sont très sensibles.
Ce point de l'ordre du jour a fait l'objet d'une captation vidéo disponible en ligne sur le site du Sénat.
La réunion est close à 13 heures.