Intervention de Roland Grimault

Mission d'information Enseignement agricole — Réunion du 17 mars 2021 à 16h35
Audition de Mm. Dominique Ravon président de l'union nationale des maisons familiales rurales d'éducation et d'orientation unmfreo et roland grimault directeur

Roland Grimault, directeur de l'Union nationale des maisons familiales rurales d'éducation et d'orientation (UNMFREO) :

Je me propose de vous présenter quelques chiffres en réponse à vos questions. Nous avons une particularité dans le paysage éducatif, grâce à l'enseignement agricole : nos classes de quatrième et troisième permettent d'accueillir des jeunes à partir de 14 ans pour leur faire découvrir un certain nombre de métiers, notamment agricoles et ruraux. Nous accueillons chaque année environ 4 500 jeunes en classe de quatrième et 10 000 en classe de troisième. Certains d'entre eux arrivent en troisième avec un choix de métier affirmé, tandis que d'autres ont décroché au collège et cherchent une solution de rechange. Les MFR proposent une méthode originale avec l'alternance, en travaillant avec les jeunes sur leur confiance en eux, ce qui leur permet de reprendre pied dans les études. A l'issue de la classe de troisième, les jeunes restent pour moitié dans les MFR. Les autres changent d'orientation et se dirigent, en particulier, vers l'apprentissage hors du champ agricole. Cependant, ils partent en connaissance de cause. Leur maître de stage devient souvent leur maître d'apprentissage.

Nous recevons également des certificats d'aptitude professionnelle (CAP) du ministère de l'agriculture, soit 5 500 scolaires hors alternance et 850 apprentis. Nous accueillons 23 000 baccalauréats, en majorité de baccalauréats professionnels et 3 000 apprentis. En brevet de technicien supérieur (BTS), nous comptons 1 500 scolaires et 1 700 apprentis. Nos effectifs représentent chaque année 30 % des effectifs de l'enseignement agricole. Nos apprentis totalisent environ 15 % des effectifs des apprentis en formation agricole, sachant qu'une partie importante des MFR est sous contrat avec le ministère de l'agriculture mais que certaines n'accueillent que de l'apprentissage qui n'est pas sous contrat avec ce ministère, dans les métiers de l'artisanat, les métiers de bouche, la mécanique générale, etc. L'apprentissage agricole représente un tiers de nos apprentis.

Nous accueillons également 35 000 adultes par an en formation dans le réseau, dont à peine 10 % dans le milieu agricole, en reconversion ou en élévation de niveau en formation continue.

Concernant l'évolution des effectifs, une baisse a été enregistrée lors de la dernière rentrée. Mais l'évolution constatée ces dernières années résulte en partie d'une décision de réorganisation de la filière professionnelle. La réforme menée en 2009 pour le baccalauréat professionnel agricole puis en 2011 pour le secteur des services a fait passer le baccalauréat professionnel de quatre ans à trois ans, avec des incidences sur les effectifs.

Avant la réforme, nous avions beaucoup de brevets d'études professionnelles (BEP), dont 40 % à 60 % passaient en baccalauréat. L'ambition de la réforme était d'emmener 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat, mais il y avait aussi un argument économique - pourquoi faire en quatre ans ce que l'on peut faire en trois ? En passant du baccalauréat en quatre ans au baccalauréat en trois ans, nous avons perdu une promotion par année, soit 5 000 à 6 000 élèves en moins dans les MFR. La baisse des effectifs constatée dans les MFR résulte d'abord de cette réforme. Nous nous y sommes désormais adaptés. Nous accueillons essentiellement des baccalauréats, où arrivent les mêmes élèves qu'en BEP il y a dix ans. En classe de seconde, nous constatons des différences de niveaux plus importantes qu'avant. Il est toujours possible de préparer le baccalauréat en quatre ans, en passant d'abord le CAP. Mais au niveau de l'enseignement agricole, les parents affichent une grande réticence face au CAP agricole. Nous constatons une vraie différence avec d'autres secteurs d'activité, comme le bâtiment, la restauration ou les métiers de bouche. Le CAP est mal valorisé en agriculture, contrairement à ce que l'on observe dans d'autres professions.

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