L'idée véhiculée des élèves en difficulté est le mal de l'enseignement professionnel et de l'orientation. Je suis ingénieur agronome et j'ai commencé ma formation en MFR. À l'époque, mes parents avaient été convoqués par un professeur pour que je n'y aille pas... Nous avons réalisé un recueil des parcours des anciens élèves et certains ont suivi des masters. Notre formation n'est pas verticale, les jeunes font des détours. Par respect pour les élèves en formation professionnelle, il faut que ce discours change.
J'en viens à l'orientation. Nous sommes présents dans l'apprentissage en dehors du secteur agricole. Nous avons été associés à la réforme de l'apprentissage de 2018, car nous sommes reconnus comme des acteurs clés. Nous avons été associés à des réflexions sur Parcoursup, sur Affelnet et sur les dispositifs d'orientation. Grâce à cet effort mené sur l'apprentissage, les MFR sont référencées dans tous les dispositifs d'orientation. Il s'agit d'un combat à mener pour l'ensemble de l'enseignement professionnel.
Pour le recrutement 2021, nous constatons que les effectifs ont baissé dans l'enseignement agricole, pour les raisons que nous avons évoquées, mais nous avons gagné 4 000 apprentis hors du champ agricole. Une MFR a la particularité d'être située en milieu rural et de posséder, pour la plupart d'entre elles, un contrat avec le ministère de l'agriculture. Pour maintenir ce réseau, les difficultés de financement du ministère de l'agriculture ont obligé les MFR à diversifier leur activité sur l'apprentissage, la formation continue, la location de locaux, les repas de la cantine de l'école communale, etc. Dans son territoire, la MFR est un lieu de formation qui capte différents financements, au titre de différentes actions. C'est ce qui a permis de conserver ce maillage. Si nous avions bénéficié de la seule intervention du ministère de l'agriculture, nous aurions moitié moins de MFR aujourd'hui. Pour maintenir notre action en milieu rural, il nous faut une palette de financeurs et d'actions.
Concernant les salariés, nos équipes sont très investies. Leurs revendications portent sur les conditions de travail et la rémunération, comme tout salarié, mais il y a surtout une demande pour compléter les équipes car nous travaillons souvent à flux tendu. Les améliorations de budget espérées nous permettront d'embaucher pour desserrer l'étau.
Concernant les AESH, nous faisons tout pour qu'ils soient intégrés dans nos équipes pédagogiques, qu'ils ne soient pas nommés sur plusieurs établissements. Nous avons des discussions avec le ministère pour conserver la dotation pour les AESH et éviter la mise à disposition de postes partagés.