Intervention de Bernard Jomier

Mission commune d'information Effets des mesures en matière de confinement — Réunion du 10 février 2022 à 10h30
« le variant omicron et après ? » — Audition du pr. éric caumes infectiologue à l'hôpital de l'hôtel-dieu à paris de Mme Vittoria Colizza épidémiologiste directrice de recherche à l'institut pierre louis d'épidémiologie et de santé publique inserm

Photo de Bernard JomierBernard Jomier, président :

C'est le cas de certains collègues en visio !

Pr. Éric Caumes. - Le médicament Paxlovid n'a pas été évalué correctement sur les variants qui vont émerger et il n'a toujours pas fait l'objet d'une publication scientifique, ce qui est absolument invraisemblable. Il devrait par ailleurs souffrir d'un problème de disponibilité. Enfin, contre un virus, un traitement qui n'est pas démarré dans les 24 à 48 premières heures n'est pas efficace. C'est valable pour tous les virus tels que le zona, l'herpès ou la grippe.

Madame la sénatrice, je suis un peu triste d'entendre dans cette enceinte que l'on ne peut pas compter sur l'histoire. Je vous invite à regarder l'historique de l'épidémie de grippe russe et vous verrez que c'était presque écrit.

Pr. Bruno Lina. - Ce coronavirus est incroyablement compliqué. On peut faire les fanfarons, mais il y a beaucoup de choses que l'on ne comprend pas. L'hypersimplification est une très mauvaise stratégie car elle est très régulièrement prise en défaut. Cette complexité implique des débats scientifiques, tenus habituellement entre nous, mais qui le sont désormais sur les plateaux de télévision. Les travaux et études éclairent le sujet pour atteindre, in fine, un consensus. La médiatisation du débat scientifique, avec des acteurs parfois outranciers, a rendu le processus visible.

La vaccination a un objectif : réduire le risque. Elle ne permet jamais d'atteindre le risque zéro. Tous les vaccins peuvent être pris en défaut, quels qu'ils soient. Ce n'est pas une armure impénétrable qui nous épargne toute autre réponse. On est dans une atténuation significative du risque, pas dans sa disparition.

Le virus évolue ; il est très certain que le vaccin devra suivre. Si l'on se base sur la surveillance des coronavirus saisonniers humains, l'optimisation de la vaccination doit se faire sur un virus endémique et saisonnier qui évolue lentement. Or, aujourd'hui, on ne connaît pas la dynamique évolutive du virus de demain. L'évolution du virus OC43 prend une dizaine d'années. Je ne sais pas ce qu'il en est pour le SARS-CoV2.

Le franchissement de la barrière des espèces existe depuis toujours. Les pandémies de grippe sont dues au fait que le virus Influenza sort du réservoir animal pour infecter l'homme. Actuellement, le réservoir du coronavirus est chez les chauve-souris frugivores, sur lesquelles la déforestation a un impact. Je suis toutefois bien incapable de quantifier le niveau de risque. Ajoutons qu'il y a d'autres intermédiaires dans la famille des mustélidés. Il existe là aussi un réservoir.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion