C’est vrai, il manque des logements sociaux, mais on en a construit des dizaines de milliers. C’est vrai, il manque encore des routes, mais le niveau et la qualité de la politique de santé publique dans les quatre DOM dépassent parfois ceux de certains départements métropolitains !
Faire grief à la départementalisation pour aller vers un autre modèle, c’est dresser un bilan qui n’est pas juste. Pour cette raison, je souhaite rétablir la vérité.
Nous sommes d’accord pour déverrouiller l’économie de l’outre-mer, pour adapter le plus possible les lois, les règlements, notamment communautaires, au modèle que l’on va définir. Mais le chemin que nous voulons emprunter est-il le bon ?
Pour être libre, le choix doit être clair.
Un choix clair ?
Me promenant dans les rues de Fort-de-France, je rencontre une électrice, qui m’interpelle.
« Monsieur le sénateur, vous me dites d’aller voter dimanche ? Je vais aller voter ! Vous me dites que je peux passer de l’article 73 à l’article 74 de la Constitution ? Éventuellement, car je ne suis pas contre. Vous m’annoncez un changement de mode de gestion, une nouvelle assemblée dotée de nouvelles compétences ? Mais au fait, monsieur le sénateur, combien aura-t-elle de membres, cette assemblée nouvelle ?
- Je ne sais pas.
- Comment sera-t-elle dirigée ?
- Je ne sais pas.
- Mais quelles vont être ses compétences, monsieur le sénateur ?
- Madame, pour avoir écouté avec attention le discours de Mme la ministre, je peux vous dire que la garantie des libertés publiques, la défense, la sécurité et la justice ne feront pas partie de ses compétences, mais le reste, peut-être… ».
En bonne citoyenne, cette électrice ne s’arrête pas en si bon chemin et poursuit.
« Et la compétence sociale, que vous utilisez comme moyen de polémique pour intoxiquer l’électorat et pour m’empêcher de voter oui, sera-t-elle inscrite dans la loi organique ?
- Je ne sais pas.
- Mais au moins peut-elle être dans la loi organique ?
- Bien sûr, parce que ce n’est pas du domaine interdit.
- Et d’après vous, nos élus... ?
- Vos élus actuels ? Madame, il n’y a pas de raison de leur faire un procès d’intention.
- Mais demain ? Dans vingt ans ? Dans trente ans ? Il y a des fous qui sortent des urnes ! »