Mes chers collègues, madame, monsieur, l'intitulé même de notre mission d'information « la gratuité des transports collectifs : fausse bonne idée ou révolution écologique et sociale des mobilités ? » montre bien l'objet de notre table ronde d'aujourd'hui : préciser les effets environnementaux de la gratuité totale, c'est-à-dire pour tous, tout le temps et sur tout le réseau.
À l'origine, la mise en oeuvre de cette forme particulière de gratuité ne répondait pas vraiment à une préoccupation environnementale. Celle-ci n'a émergé que plus tard dans les motivations des élus qui ont décidé du passage à la gratuité des transports dans leur collectivité. Mais bien que récent, cet enjeu est aujourd'hui unanimement reconnu et la congestion des villes, avec tous ses effets néfastes en termes de pollution et donc d'impact négatif sur la santé et le réchauffement climatique, est au coeur de la problématique qui nous réunit aujourd'hui.
Malheureusement, il est très difficile de se faire une idée précise du report modal de la voiture vers les transports collectifs gratuits. Les experts que nous avons déjà entendus semblaient plutôt s'accorder sur son caractère limité. S'agissant de son impact environnemental global, certains ont même évoqué une conséquence a priori inattendue : en facilitant les déplacements des personnes les plus éloignées des centres-villes, la gratuité des transports collectifs pourrait contribuer à l'étalement urbain, que nous essayons tous d'endiguer.
C'est pour y voir plus clair sur tous ces aspects que nous avons souhaité vous entendre aujourd'hui. Je vous souhaite donc la bienvenue au nom de tous les membres de notre mission d'information.
Avant de passer la parole à Mme Élodie Trauchessec, chargée des mobilités émergentes au service Transports et Mobilité de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), puis à M. Dominique Mignot, directeur du département Transport, Santé et Sécurité de l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (Ifsttar), je vous précise que nous avions sollicité les représentants du Réseau Action Climat-France, qui ont finalement décliné notre invitation. Les calendriers de chacun sont, il est vrai, fort chargés.
Je vais maintenant laisser la parole à chacun d'entre vous pour une dizaine de minutes. Notre rapporteur, Guillaume Gontard, vous interrogera ensuite, puis ceux de nos collègues qui le souhaitent interviendront.
Madame Trauchessec, vous avez la parole.