Intervention de Philippe Bonnecarrere

Commission des affaires européennes — Réunion du 15 janvier 2020 à 13h35
Institutions européennes — Audition de s.e. M. Filip Vuèak ambassadeur de croatie en france

Photo de Philippe BonnecarrerePhilippe Bonnecarrere :

Je souhaite une bonne réussite à la présidence croate pour ce semestre, à la fois pour le fonctionnement de l'Union européenne et parce qu'il serait dommage que les dossiers avancent seulement sous présidence allemande au prochain semestre ou sous présidence française au premier semestre 2022. Nous espérons que votre semestre sera le plus positif possible.

Sur l'élargissement aux Balkans, j'ai un point de vue un peu différent de celui qui a été exprimé tout à l'heure. Vous avez bien fixé les termes du débat en soulignant l'attachement de votre pays à l'élargissement de l'Union européenne. Nous avons compris que vous pensiez aux Balkans. Vous avez aussi évoqué un risque plus marqué de désintégration de l'Union européenne. Nous n'aurions pas utilisé ce mot voilà quelques années, mais nous commençons à l'utiliser aujourd'hui, y compris dans le débat public français. La décision anglaise a des effets importants. Nous verrons l'utilisation qu'en feront les États-Unis, dont le désir actuel est plutôt d'affaiblir l'Union européenne. Les multiples difficultés qu'il peut y avoir au Moyen-Orient ou par rapport à la Russie créent des divergences de points de vue entre pays européens.

Pour la France, il faut d'abord contenir le risque de désintégration et approfondir la construction de l'Union européenne avant de penser à un quelconque élargissement. Très sincèrement, ce point de vue ne me choque pas, même si je respecte celui qui a été exprimé par d'autres collègues. Si la Croatie veut favoriser l'élargissement de l'Union européenne aux Balkans, elle sera plus efficace en travaillant d'abord sur une meilleure intégration de l'Union européenne et la poursuite de ce que souhaite la France, c'est-à-dire une forme d'Europe puissance. À mon sens, ce n'est que lorsque nous aurons plus avancé en matière d'intégration que nous pourrons nous permettre de considérer d'éventuelles ouvertures.

Je crois qu'un élargissement sans intégration serait un vrai danger. Nous aurons des échéances politiques importantes en 2022 : ne multiplions pas les problèmes, faute de quoi même un pays comme le nôtre pourrait donner quelques signaux peu favorables à la stabilité de l'Union européenne. Je vous remercie de votre compréhension de la position française, actuellement réservée quant à l'élargissement aux Balkans.

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