èak. - Je vous remercie de toutes ces questions. Après que la France a bloqué le processus d'élargissement de l'Union européenne à la Macédoine du Nord et à l'Albanie au mois d'octobre, le Quai d'Orsay nous a adressé un document expliquant la façon dont la France souhaitait modifier le processus d'adhésion. Ces propositions françaises intéressantes sont actuellement à l'étude. Mais nous n'avons pas compris qu'elles arrivent après le refus français.
La Croatie est le plus jeune membre de l'Union européenne et est passée par une période de négociations difficiles : nous sommes bien conscients que d'autres vont connaître ce même chemin de croix.
Pourquoi la France a-t-elle arrêté un processus qui était déjà lancé et pourquoi n'a-t-elle pas permis d'ouvrir les négociations d'adhésion avec la Macédoine du Nord et l'Albanie ? Il s'agit d'une décision inattendue et symbolique. Nous avons besoin d'explications de la part du Président Macron. Le Premier ministre de la Macédoine du Nord a, depuis, été contraint de démissionner et nous attendons maintenant le résultat des élections législatives, avec l'éventualité d'une victoire de l'opposition, moins pro-européenne.
Certes, les pays des Balkans ne sont pas encore prêts et beaucoup reste à faire en politique intérieure, mais il faut leur envoyer un signal juste, tout particulièrement à la Macédoine du Nord qui a déjà fait beaucoup d'efforts. Tous les pays des Balkans ne sont pas au même niveau, notamment le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine.
Notre Premier ministre a eu un déjeuner de travail avec le Président Macron. Cela a été l'occasion pour eux d'évoquer les futures adhésions, mais aussi d'autres sujets comme l'Iran et l'Irak. Le Président Macron connaît bien les Balkans et il existe une relation de confiance entre les deux hommes, en dépit de leurs différences politiques.
Depuis 2015 et la crise des migrants, la sensibilité à l'élargissement s'est accrue. Les pays concernés ne sont pas toujours sincères dans leurs propos. La Serbie, l'Albanie et la Macédoine du Nord ont menacé de créer un mini-Schengen afin de faire savoir qu'ils n'acceptent pas la façon dont les choses ont été présentées au sommet de Bruxelles en octobre dernier. Dans les Balkans, certains pays jouent sur deux tableaux, c'est le cas de la Serbie avec la Russie par exemple. Il faut donc trouver une solution avec la Serbie.
Il faut sans doute changer le processus d'adhésion. Mais soyons patients et accordons plus de confiance à ces pays : ce sont d'anciens pays communistes, aux influences orientales. La Croatie a beaucoup changé au cours des négociations. Quand on parle des Balkans, il faut garder à l'esprit que c'est un monde un peu à part.
Il faut être patient et garder le contact avec ces pays. Il faut trouver une solution, parce que l'on ne saurait perdre ainsi une partie de l'Europe.
La Croatie est un petit pays qui n'est pas très développé, car nous avons perdu dix ans à cause de la guerre : nous n'avons retrouvé notre niveau de développement d'avant la guerre que treize ans après. Il faut donc être patient pour retrouver l'équilibre régional. La Roumanie et la Bulgarie sont encore économiquement à la traîne.
Les questions économiques ne sont pas ma spécialité : mon collègue, chargé des affaires économiques, vous en dira plus.