Intervention de Alain Vasselle

Réunion du 18 décembre 2008 à 9h30
Loi de finances rectificative pour 2008 — Discussion d'un projet de loi

Photo de Alain VasselleAlain Vasselle, rapporteur pour avis :

En tout cas, il est, je le sais, un éminent spécialiste de la fonction publique, qu’il défend avec beaucoup de talent et de compétence au sein du Gouvernement.

En ce qui concerne la sécurité sociale, nous essayons ensemble, commission des affaires sociales et commission des finances, de régler les problèmes qui se posent entre nous en raison d’un mélange des genres ! En effet, certains crédits sont inscrits dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale et d’autres crédits, dans le projet de loi de finances. Il nous faut donc tâcher de trouver un bon équilibre entre ces deux textes.

Cette année, le collectif prévoit un certain nombre d’affectations, notamment l’affectation des excédents du panier de recettes destinés à assurer la compensation des allégements de charges au titre des heures supplémentaires.

Par ailleurs, il prévoit des ouvertures de crédits pour l’allocation aux adultes handicapés, l’AAH, l’aide médicale de l’État, l’AME, et l’allocation de parent isolé, l’API, qui voient leurs dotations progresser de manière non négligeable. Ainsi, la dotation de l’AAH augmente de 236 millions d’euros, celle de l’AME de 94 millions d’euros et celle de l’API de 36, 5 millions d’euros.

Selon les informations recueillies par la commission des affaires sociales, ces sommes correspondent à peu près à ce qui serait nécessaire pour assurer la couverture de la totalité des besoins. Quoi qu’il en soit, elles sont moins élevées que les ouvertures de l’année dernière pour ces mêmes dotations : cela montre que M. Éric Woerth, en qualité de ministre des comptes publics, a bien respecté les engagements pris par le Gouvernement devant le Sénat.

Pour l’AAH, les ouvertures prévues dans ce collectif budgétaire ne sont, pour l’essentiel, que la conséquence de la revalorisation de 3, 9 % de cette allocation.

Pour l’API, les ouvertures sont cinq fois moins importantes que l’année dernière, ce qui démontre que le Gouvernement a visé de manière beaucoup plus juste que l’année précédente.

Quant à l’AME, le ministre des comptes publics pourrait mieux faire ! Cette année, les besoins de l’exercice 2008 seront réglés en ajoutant un crédit de 94 millions d’euros, mais les insuffisances de 2007, à hauteur de 300 millions d’euros, restent pendantes. Cette dette s’étant reconstituée, quelles sont les intentions du Gouvernement ? Nous espérons une réponse à cette question, non à l’occasion du collectif budgétaire, puisque les moyens ne le permettent pas, mais lors d’un prochain examen budgétaire.

En ce qui concerne les exonérations ciblées, nous constatons des insuffisances essentiellement sur le budget de l’emploi et de l’outre-mer. Je rappelle que les années 2005 et 2006 se sont terminées avec un manque proche de 1 milliard d’euros. Au titre de l’année 2007, cette insuffisance s’est reconstituée à hauteur 1, 5 milliard d’euros.

Pour 2008, les dotations initiales ont été, une nouvelle fois, sous-évaluées. Le collectif prévoit 215 millions d’euros au titre de la mission Outre-mer, soit plus de 20 % des crédits initiaux.

En revanche, monsieur le secrétaire d'État, j’appelle l’attention de vos collaborateurs sur le fait que ce collectif ne prévoit aucune ouverture sur la mission Travail et emploi. Il manquera 900 millions d’euros, ce qui, vous en conviendrez, n’est pas négligeable. Que comptez-vous faire, monsieur Santini, pour combler cette dette ? Je suppose que M. Éric Woerth a dû vous briefer sur le sujet et que vous saurez nous apporter une réponse sur ce point.

Une dernière ouverture mérite enfin d’être signalée : 106 millions d’euros sont consacrés à la mission Régimes sociaux et de retraite, notamment afin d’assurer l’équilibre du régime de retraite de la RATP en raison du report de l’adossement de ce régime au régime général, sujet que suit mon collègue Dominique Leclerc. Où en est également le Gouvernement sur ce dossier ?

J’en viens à la compensation des allégements de charges sociales au titre des heures supplémentaires, issus de la loi du 21 août 2007 en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat, la fameuse loi TEPA.

Ceux-ci, vous le savez, mes chers collègues, comme d’ailleurs les allégements dits « Fillon », sont compensés non par des crédits budgétaires, mais par l’affectation d’un certain nombre de taxes et recettes fiscales, conformément à l’article 1er de la loi TEPA.

L’article 7 du présent collectif vise à ajuster ce « panier de recettes », qui comprend une partie du produit de la taxe sur les véhicules de société, la contribution sociale sur les bénéfices des sociétés et la TVA perçue sur les producteurs de boissons alcoolisées.

Le rendement de ce panier est supérieur aux besoins de compensation. Il devrait rapporter près de 1 milliard d’euros de plus que les pertes de ressources effectivement subies par la sécurité sociale.

Le Gouvernement a donc proposé de réduire le champ du panier de recettes. Est ainsi prévu à l’article 7 le remboursement d’une partie des dettes de l’État à l’égard des caisses et des régimes autres que le régime général, notamment le régime social des indépendants, ou RSI, et le régime de retraite de la SNCF.

Cela correspond à l’engagement pris par M. Éric Woerth devant le Sénat lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2009, qui avait annoncé qu’environ 1 milliard d’euros serait honoré au titre de cette dette constituée au fil du temps.

Après ces apurements, subsistera une dette de 536 millions d’euros à l’égard du régime agricole ainsi qu’une dette de 2, 9 milliards d’euros à l’égard du régime général, dont 1, 7 milliard d’euros au titre de 2007 et 1, 2 milliard d’euros au titre de 2008.

Comment, monsieur le secrétaire d'État, le Gouvernement envisage-t-il d’assainir définitivement ces dettes ? Cette question est un préalable clairement identifié comme tel dans le projet de loi de programmation des finances publiques que nous avons examiné le mois dernier.

Nous nous félicitons du fait que ce collectif permette d’apporter les précisions nécessaires pour que la Cour des comptes puisse lever les réserves qu’elle a exprimées au moment de la certification des comptes de 2007 du régime général.

Au total, le collectif pour 2008 témoigne clairement du souci du Gouvernement d’améliorer les relations financières entre l’État et la sécurité sociale, et ce malgré un contexte budgétaire assez difficile.

Nous devons toutefois demeurer vigilants, en particulier afin que la compensation des exonérations ciblées soit mieux évaluée dès le projet de loi de finances initiale et systématiquement remise à niveau en fin d’exercice.

Nous devons, enfin, éviter qu’une dette de l’État envers la sécurité sociale ne se reconstitue.

Quoi qu’il en soit, la commission des affaires sociales a considéré qu’elle pouvait émettre un avis favorable sur le projet de loi de finances rectificative pour 2008, sous réserve de l’adoption de cinq amendements qu’elle a déposés.

Il s’agit, d’abord, d’un amendement de précision à l’article 7.

Il s’agit, ensuite, de rétablir deux mesures annulées par le Conseil constitutionnel en raison de leur caractère de « cavalier social », mais auxquelles notre commission tient malgré tout. Ces dispositions concernent la réforme de l’indemnité temporaire de retraite outre-mer, …

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