La séance est ouverte à neuf heures trente-cinq.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n’y a pas d’observation ?…
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d’usage.
Procès-verbal
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n’y a pas d’observation ?…
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d’usage.
Monsieur le président, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur général, mesdames, messieurs les sénateurs, je vous prie de bien vouloir excuser l’absence d’Éric Woerth, retenu à Strasbourg pour le vote par le Parlement européen du budget communautaire pour 2009.
J’ai l’honneur de vous présenter, une fois n’est pas coutume, le deuxième projet de loi de finances rectificative de l’année. Il ne faut pas s’en étonner ; la crise que nous traversons appelle de notre part des réponses rapides et nouvelles à des situations sans précédent.
Nous avons apporté la démonstration de cette réactivité, une première fois, en octobre, au lendemain des événements qui ont menacé l’équilibre de notre système financier, avec le vote de la loi de finances rectificative pour le financement de l’économie. Nous en donnerons une autre preuve en vous soumettant, dès janvier prochain, un projet de loi de finances rectificative pour 2009 destiné à financer les mesures budgétaires du plan de relance de l’économie annoncé par le Président de la République.
Le collectif budgétaire pour 2008, dont nous entamons à présent l’examen, répond, lui aussi, à l’urgence de la situation. Il constitue le support de la mise en œuvre du volet fiscal du plan de relance à travers les amendements adoptés la semaine dernière à l’Assemblée nationale.
Je regrette les délais que ce choix vous laisse pour traiter ces sujets, mais je sais pouvoir compter sur votre compréhension de la situation actuelle pour mener à bien ce débat. Nécessité fait loi et, en l’occurrence, loi de finances rectificative.
Sourires
II s’agit de donner sans délai une traduction à l’ensemble des mesures fiscales de niveau législatif qui ont été annoncées il y a deux semaines, et dont certaines trouvent à s’appliquer dès le mois de décembre.
Ce point majeur ne constitue toutefois pas la seule ambition du collectif que je vous présente. J’en vois au moins deux autres : tout d’abord, l’ambition de maintenir le cap de la maîtrise de la dépense, qui reste au cœur de notre politique budgétaire ; ensuite, l’ambition de poursuivre la rénovation en profondeur des relations entre l’administration fiscale et les contribuables.
Commençons par les prévisions budgétaires contenues dans le projet de loi de finances rectificative.
Premièrement, la conjoncture pèse lourdement sur le déficit budgétaire en 2008, mais, malgré des conditions difficiles, nous continuons à tenir la dépense.
Le projet de loi évalue le déficit budgétaire pour 2008 à 51, 4 milliards d’euros – 51, 5 milliards d’euros au sortir de son examen par l’Assemblée nationale. Ce chiffre est en hausse de 2 milliards d’euros par rapport à la prévision de déficit qui avait été retenue en septembre au moment de la présentation du projet de loi de finances pour 2009 et qui avait été reprise dans la loi de finances rectificative pour le financement de l’économie. Par rapport à la loi de finances initiale, le déficit se trouve donc alourdi de presque 10 milliards d’euros, 9, 7 milliards d’euros exactement.
Cette dernière révision de 2 milliards d’euros est la simple traduction de la réactualisation des prévisions de recettes fiscales depuis le début de l’automne. La détérioration de la situation économique nous conduit en effet à revoir à la baisse de 2 milliards d’euros le produit attendu des recettes fiscales. Cette baisse est essentiellement concentrée sur deux postes.
Les recettes liées à l’impôt sur les sociétés diminuent de 1 milliard d’euros compte tenu des répercussions de la crise financière et, dans une moindre mesure, du ralentissement économique sur le deuxième semestre. Seul le versement du quatrième acompte dans les deux dernières semaines du mois de décembre nous permettra de lever définitivement l’incertitude sur ces recettes, qui sont déjà, je le rappelle, particulièrement volatiles en temps normal.
Les recettes de la TVA baissent de 1 milliard d’euros sous l’effet d’une augmentation significativement accrue des remboursements et des dégrèvements. Une partie de cette augmentation, soit 0, 6 milliard d’euros, tient en réalité à la restitution de la TVA collectée à tort sur les contributions d’exploitation versées par les régions à la SNCF au titre des transports régionaux de voyageurs.
Pour autant, l’aggravation du déficit causée par ces moindres recettes fiscales ne nous autorise pas à relâcher l’effort sur la maîtrise de la dépense.
Je mets à part les conséquences du choc d’inflation que nous avons connu en début d’année et que nous ne pourrons surmonter totalement. Je fais référence ici à l’augmentation tout à fait exceptionnelle de la charge de la dette, en particulier sous l’effet de l’indexation des obligations assimilables du Trésor indexée sur l’inflation, ou OATi, de l’ordre de 4 milliards d’euros au-delà de l’évaluation retenue en loi finances initiale.
Le collectif confirme l’objectif de maîtrise de la dépense, à l’exception de ce dépassement, qui est purement contraint.
Il assure un strict équilibre des ouvertures de crédits par des annulations de même montant : 1, 1 milliard d’euros de crédits, qui sont ouverts pour assurer la couverture de besoins apparus au cours de la gestion, sont ainsi strictement compensés par 1, 1 milliard d’euros de crédits annulés sur l’ensemble des missions du budget général, en priorité sur la réserve de précaution constituée au début de l’année.
Je tiens à souligner l’effort particulier que nous consacrons à la remise à niveau de certaines dotations versées aux organismes de sécurité sociale pour assurer le financement de prestations ou d’exonérations de charges sociales.
Ainsi, 0, 8 milliard d’euros sont ouverts pour éviter la reconstitution d’une dette, dont l’expérience montre toute la difficulté du remboursement : 236 millions d’euros pour le financement de l’allocation aux adultes handicapés, ou AAH, 36 millions d’euros pour l’allocation de parent isolé, ou API, 94 millions d’euros pour l’aide médicale de l’État, ou AME, 100 millions d’euros pour l’aide personnalisée au logement, ou APL, 215 millions d’euros pour le remboursement des exonérations de cotisations sociales en outre-mer et, enfin, 90 millions d’euros pour les régimes de retraite de la RATP et de la SNCF.
Vous me pardonnerez la longueur de cette énumération, mais elle a le mérite de bien signifier l’importance de l’effort auquel nous nous astreignons et auquel il serait si tentant de se soustraire. La responsabilité des comptes publics ne nous permet plus de céder à cette facilité.
En complément de l’effort fait pour remettre à niveau les dotations versées à la sécurité sociale au titre de l’année 2008, nous avons souhaité procéder à un nouvel apurement de la dette anciennement constituée vis-à-vis des régimes.
Le Gouvernement poursuit ainsi l’effort engagé l’an dernier en prévoyant l’affectation du surplus du panier de recettes de la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat, dite TEPA, pour couvrir le remboursement de 750 millions d’euros de dettes anciennes. C’est notamment près de 400 millions d’euros que nous remboursons au régime des indépendants et 300 millions d’euros au régime de sécurité sociale de la SNCF.
Mesdames, messieurs les sénateurs, le Gouvernement n’abandonne rien de sa stratégie de maîtrise de la dépense publique. Ne voyez donc pas de contradiction avec les mesures que le Président de la République a annoncées il y a deux semaines, à Douai, pour répondre à la mesure des enjeux à la crise que nous connaissons.
D’un côté, il y a une volonté toujours intacte de réforme afin de rendre un meilleur service public, tout en gagnant en productivité sur les charges de personnel et tout en réduisant significativement les coûts de fonctionnement.
Tous les travaux que nous avons réalisés à l’occasion de la révision générale des politiques publiques, ou RGPP, ne sont pas devenus caducs du jour au lendemain. La programmation budgétaire pluriannuelle, alimentée par la RGPP, n’est pas davantage remise en cause dans sa recherche d’une plus grande efficacité de la dépense.
D’un autre côté, il y a aussi l’exigence d’une intervention active, adaptée et ciblée de l’État pour affronter la crise et non pour la subir.
Le plan de relance de l’économie, ce n’est certainement pas la consécration du retour à une politique de laxisme budgétaire. C’est un plan constitué de mesures à fort impact sur l’économie, ciblées sur des priorités bien identifiées et limitées dans le temps.
C’est aussi un plan fondé sur une puissante accélération de l’effort d’investissement, alors que ce dernier a été trop souvent considéré, par le passé, comme une variable d’ajustement budgétaire, sacrifiant ainsi l’avenir.
Tel est le message que je tenais à délivrer dès maintenant. Il n’y a pas de schizophrénie dans l’action de l’exécutif, car c’est bien en améliorant l’efficacité de l’État dans l’exercice au quotidien de ses missions, et en réduisant ses coûts de fonctionnement avec ténacité, que l’on parviendra à préserver sa capacité à mobiliser les moyens nécessaires en période de crise. On le voit bien d’ailleurs dans la situation d’aujourd’hui, et l’examen du prochain collectif nous donnera l’occasion d’en débattre plus largement.
Deuxièmement, la dépense reste donc fermement maîtrisée, mais ce projet de collectif s’inscrit aussi pleinement dans le soutien et la relance de l’économie, d’une part, en ne cherchant pas à compenser les moins-values de recettes et, d’autre part, en vous proposant de voter, à peine quinze jours après leur annonce par le Président de la République, les mesures fiscales dont ont besoin nos entreprises.
En dehors de l’augmentation de la charge de la dette, l’aggravation du déficit budgétaire ne fait que traduire le jeu des stabilisateurs automatiques, dans un contexte économique dégradé. Laisser diminuer les recettes fiscales avec la baisse de croissance est en soi une première réponse, rapide et puissante, à la crise.
À cet égard, la position du Gouvernement est constante : nous ne voulons pas ajouter la crise à la crise en cherchant à compenser de moindres recettes par une augmentation des prélèvements obligatoires.
Au-delà du jeu des stabilisateurs automatiques, ont été prises des mesures concrètes, qui trouvent leur traduction dans le texte transmis par l’Assemblée nationale.
Deux orientations illustrent parfaitement la cohérence du plan de relance porté par le Président de la République et par le Gouvernement.
La première concerne le soutien à l’investissement, à travers deux mesures.
D’abord, l’exonération de la taxe professionnelle sur les investissements réalisés jusqu’au 31 décembre 2009 est une mesure puissante de soutien à l’investissement, que nous mettons en œuvre sans délai, en attendant qu’une réforme de plus grande envergure de la fiscalité locale ne pénalise plus les investissements de nos entreprises.
Cette mesure touchera également les entreprises bénéficiant du plafonnement en fonction de la valeur ajoutée. La baisse de la taxe professionnelle sera pour elles de l’ordre de 1 milliard d’euros. Mais elle ne pèsera sur les finances publiques qu’à partir de 2011, et son coût sera limité par rapport au dispositif actuel de dégrèvement pour investissement nouveau, qui n’était que provisoire et dégressif.
Ensuite, une seconde mesure incitant les entreprises à réinvestir est l’accélération de l’amortissement des biens acquis ou fabriqués jusqu’au 31 décembre 2009.
Il y aura une sortie de crise, qui, je l’espère, sera rapide. En tout état de cause, elle ne doit pas conduire à renoncer à préparer l’avenir. Dans cette optique, l’État accélère ses investissements et incite les entreprises à en faire autant par les deux dispositions que je viens d’indiquer.
La seconde orientation – qui est une priorité et se trouve traduite dans les amendements apportés au collectif à l’Assemblée nationale – réside dans l’accélération du remboursement aux entreprises des créances qu’elles détiennent sur l’État. Car, en temps de crise financière, la première contrainte pour l’investissement, c’est le financement.
Il est donc du devoir de l’État d’accélérer le paiement de ce qu’il doit aux entreprises. Dans cette perspective, nous allons leur permettre de bénéficier, à titre exceptionnel, d’un remboursement accéléré du crédit d’impôt recherche. Elles pourront ainsi se voir restituer en 2009 les créances de crédit d’impôt recherche au titre des années 2005, 2006 et 2007, soit trois années.
Concrètement, ce remboursement immédiat bénéficiera à près de 5 000 entreprises, dont plus de 90 % des PME, notamment dans les secteurs des services et de l’industrie.
Les entreprises qui sont en situation de carry back, c’est-à-dire déficitaires, mais avec un crédit d’impôt sur les sociétés, dû à leurs versements d’impôt sur les sociétés passés, pourront aussi se voir rembourser en 2009 cette créance.
Par ailleurs, toutes les entreprises qui estiment avoir versé trop d’acomptes en 2008 au vu de leur résultat fiscal pourront demander le remboursement du trop versé dès le début de l’année 2009, sans attendre la déclaration du mois d’avril. J’ajoute que nous réduirons aussi les délais de remboursement des crédits de TVA, en permettant à toutes les entreprises d’opter pour le remboursement au mois le mois.
En outre, des instructions ont été données aux services fiscaux et aux URSSAF pour qu’ils fassent preuve de la plus grande bienveillance à l’égard des entreprises qui connaissent actuellement des difficultés de trésorerie.
Dans cette même perspective, il est prévu d’aller plus loin en assouplissant les règles qui prévalent pour l’inscription et la publicité du privilège du Trésor, ce qui fait l’objet d’un article du texte qui vous a été transmis.
J’ai mis en avant, à dessein, les mesures visant à soutenir la compétitivité de nos entreprises. Nous n’oublions pas pour autant les ménages, avec le doublement du prêt à taux zéro, qui viendra conforter les projets d’accession à la propriété de nos concitoyens, tout en soutenant un secteur du logement aujourd’hui en difficulté.
Les autres mesures, concernant par exemple la prime de solidarité active ou l’augmentation du budget de l’emploi, vous seront proposées dans le collectif de janvier.
Troisièmement, outre les mesures fiscales en faveur de la relance, le projet de collectif comprend une série de dispositions organisées autour de la lutte contre la fraude et de l’amélioration des relations entre le fisc et le contribuable.
La crise ne doit pas nous conduire à renoncer à poursuivre la modernisation de notre système fiscal. L’actualité nous l’a montré, la lutte contre la fraude fiscale passe par de nouvelles mesures contre la fraude organisée à travers les paradis fiscaux.
Or, notre arsenal juridique n’est pas en mesure de nous offrir, aujourd’hui, les moyens de poursuivre les grands fraudeurs. Nous allons donc alourdir les sanctions pour non-déclaration de comptes, en particulier dans les paradis fiscaux, et allonger la durée de prescription pour les revenus éludés via ces pays.
Notre politique en la matière n’est pas pour autant exclusivement construite autour du volet répressif. Elle recherche une plus grande efficacité de l’action conduite contre ceux qui veulent se soustraire au paiement de la contribution à la collectivité, mais elle sait aussi faire confiance aux contribuables de bonne foi, qui sont les plus nombreux.
C’est bien cet équilibre qui transparaît dans le présent collectif, quand il met en regard des mesures de lutte contre la fraude tout un volet visant à renforcer la sécurité juridique des contribuables.
Un certain nombre de ces propositions sont inspirées du rapport remis par Olivier Fouquet, ancien président de la section des finances au Conseil d’État. Je citerai notamment la refonte de la procédure de l’abus de droit, qui constitue un point d’équilibre entre la recherche de la sécurité juridique et la nécessité de lutter efficacement contre les montages fiscaux abusifs.
Nous avons, par exemple, cherché à mieux hiérarchiser l’application des pénalités en appréciant le degré de participation des acteurs du montage abusif.
L’élargissement de la composition du comité consultatif de répression des abus de droit à des professionnels du droit est également un progrès. Le comité pourra compter sur l’expertise de représentants des professions concernées, c'est-à-dire les avocats, les notaires ou encore les experts comptables.
Une autre grande innovation réside également dans la mise en place, pour trois ans, à titre expérimental, d’un contrôle à la demande des déclarations de successions et de donation. Les contribuables pourront demander à l’administration de valider leur calcul des droits dus. À défaut de contrôle dans le délai d’un an, ce calcul ne pourra plus être remis en cause.
Enfin, nous élargissons le champ du rescrit fiscal, notamment pour ce qui concerne la valorisation des entreprises en cas de transmission, les questions de recouvrement de l’impôt, ou bien encore la qualification des revenus – commerciaux ou non commerciaux – des professions libérales.
Toutes les améliorations à apporter ne relèvent d’ailleurs pas de la loi : il faut également changer les pratiques de l’administration fiscale.
En particulier, une expérimentation de ce qu’on appelle la « garantie fiscale » sera conduite dans une vingtaine de brigades de vérification en 2009. Le principe est simple : les vérificateurs doivent s’engager sur tous les points vérifiés, et pas seulement sur ceux qui ont donné lieu à redressement.
C’est aussi toute une révolution culturelle que de demander aux services fiscaux de signaler les erreurs que les contribuables ont commises à leurs dépens, et pas seulement les erreurs en faveur du Trésor ! Pour conforter cette évolution, nous mettrons en place un suivi précis de cette nouvelle partie de l’activité des vérificateurs.
J’aimerais conclure par une rapide mise en perspective de notre politique budgétaire.
Du côté des dépenses, nous restons fermes, plus que jamais et sans la moindre ambiguïté, sur la maîtrise des coûts de fonctionnement. Dans un contexte de crise, nous accélérons les seules dépenses d’investissement, qu’on sait pouvoir engager très vite pour soutenir l’activité dans les mois à venir.
Du côté des recettes, nous laissons jouer les stabilisateurs automatiques, là aussi sans la moindre ambiguïté, et nous ciblons l’effort sur deux types de mesures : premièrement, celles qui ont un fort effet de levier sur l’investissement et sur l’emploi, et deuxièmement celles qui, en complément, ont pour effet d’améliorer la trésorerie des entreprises, car nous voulons tout faire pour éviter que des entreprises fondamentalement saines n’aient à souffrir des conséquences de la crise financière.
Je sais pouvoir compter sur votre esprit de responsabilité sur toutes les travées pour examiner ce texte sans polémique inutile. Nous avons eu un débat de qualité au mois d’octobre pour nous donner les moyens de répondre spécifiquement à la crise financière. Nous aurons, à n’en pas douter, un débat tout aussi constructif pour répondre aux effets de cette crise sur l’ensemble de notre économie.
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP et de l ’ Union centriste.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, ce collectif budgétaire est long et complexe. J’espère donc que nous n’ajouterons pas trop à sa longueur et à sa complexité !
Il n’en reste pas moins que l’exercice comporte nécessairement différents aspects. Le premier est directement budgétaire : il s’agit de faire le point de l’exécution et des perspectives d’exécution, à quelques jours de la fin de l’année. Le second est d’ordre législatif ; il recouvre plusieurs cas de figure.
Il y a d’abord – M. le secrétaire d’État l’a rappelé – des dispositions en cours d’élaboration depuis un certain temps. Dans ce cas, le recours au collectif budgétaire peut être de bonne gestion. Je pense – je prends un exemple déjà cité – en matière de procédure fiscale à la redéfinition de l’abus de droit, pour lequel nous sommes en mesure de prendre des décisions, sur la base des travaux très sérieux de la commission Fouquet.
Il y a ensuite, de façon analogue, et comme il est d’usage, une série de sujets ayant été abordés lors de l’examen du projet de loi de finances pour 2009, que ce soit en première partie ou à propos des articles non rattachés de la seconde partie. Des rendez-vous ont été pris avec le Gouvernement. Certains ont été honorés : la concertation nécessaire a pu avoir lieu, des solutions ont été trouvées et sont entérinées dans le projet de loi de finances rectificative. Mais d’autres ne l’ont pas été, pour des raisons diverses, auquel cas, très légitimement, les auteurs réitèrent leur demande dans le cadre de ce collectif.
Enfin, il se présente, comme toujours, des dispositions plus novatrices, moins préparées et auxquelles il n’est pas toujours simple de réagir, monsieur le secrétaire d’État.
Sourires
Je me permets de le dire, car les amendements puisés à bonne source seront nombreux dans l’exercice habituel que constitue le collectif de fin d’année.
Tantôt on peut s’attendre à ce qui est proposé, tantôt moins. Par conséquent, j’espère que vous n’en voudrez pas à la commission des finances d’être quelque peu sélective, c'est-à-dire de signifier au Gouvernement, ou aux différents auteurs d’amendements, ou encore au Gouvernement par l’intermédiaire des auteurs d’amendements, que les dispositions proposées ne nous semblent peut-être pas toujours suffisamment mûries, qu’elles posent d’autres problèmes, qu’elles ne sont pas complètement arbitrées ou bien, tout simplement, que le temps nous manque pour faire un travail sérieux sur tel ou tel point.
Aussi la commission des finances – n’en soyez pas surpris – s’efforcera-t-elle de porter toute sa vigilance sur ce texte, sachant que les collectifs budgétaires, et peut-être davantage encore cette année, sont souvent les textes de tous les dangers. La tentation est grande d’y traiter les sujets les plus divers, qui plus est à une période de l’année où le temps parlementaire se fait rare avant la fin de l’exercice budgétaire.
Mais, parmi les mesures qui nous sont soumises, figure surtout une grande partie du plan de relance annoncé le 4 décembre à Douai, notamment ses aspects budgétaires les plus significatifs.
Ce plan de relance vise très largement à permettre d’accélérer les versements aux entreprises, ou de concrétiser des ressources de trésorerie qui devraient faciliter la résistance à la crise du tissu économique et sa réactivité par rapport à la situation dans laquelle nous sommes.
Les dispositions mises en œuvre par le présent projet de loi de finances rectificative représentent, à ce titre, plus de 10 milliards d’euros, tout particulièrement dans le domaine de la fiscalité des entreprises.
Nous reviendrons sur le plan de relance dans les toutes premières semaines de l’année 2009, monsieur le secrétaire d’État, plus spécialement en ce qui concerne le financement des infrastructures.
Dans la situation que nous connaissons actuellement, le plan de relance me paraît être bien calibré.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Reposant pour l’essentiel sur la dette et acceptant, selon le modèle keynésien, un approfondissement du déficit en phase basse du cycle économique, ce plan de relance, qui conduira notre pays - et plus largement encore le secteur public – à s’endetter davantage, fera apparaître ce que j’oserais qualifier « une bonne dette ».
Exclamations sur les travées du groupe socialiste.
Cette distinction entre bonne dette et mauvaise dette est peut-être facile, …
…mais elle a le mérite de mieux visualiser les choses.
La « bonne dette » – tout est relatif – est consacrée au financement des infrastructures, des investissements physiques qui, au rythme des amortissements, seront remboursés. Elle peut également financer des acquisitions d’actifs financiers que l’on est susceptible de rétrocéder, espérons-le, avec des plus-values le moment venu.
La « mauvaise dette » est celle qui finance les fins de mois, les charges de fonctionnement, les salaires, les dépenses non amortissables.
Dans le plan de relance, le financement des infrastructures, les mesures de trésorerie permettant à des agents économiques, entreprises et collectivités territoriales, d’investir et de faire face aux besoins de l’activité, ainsi que la répartition, les proportions, sont conformes à ce que la commission des finances peut souhaiter en pareille conjoncture.
Le plan de relance, pour les aspects qui sont inclus dans le projet de loi de finances rectificative pour 2008, est conforme aux principes qui ont été rappelés par le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia : « Le stimulus budgétaire doit être ciblé, rapide et temporaire ». L’application de ces principes donne lieu à toute une série de mesures que nous allons être appelés à approuver très largement, du moins je l’espère, dans ce collectif budgétaire.
M. François Marc s’exclame.
En tout état de cause, soyons-en tous bien conscients, la question de la soutenabilité des déficits publics pour l’avenir ne manquera pas de se poser.
Pour l’année 2008, la prévision de déficit de l’État est à présent de 51, 4 milliards d’euros, contre 41, 2 milliards d’euros en loi de finances initiale et 49, 4 milliards d’euros lorsque nous avons examiné, à la fin du mois d’octobre, la loi de finances rectificative pour le financement de l’économie.
Nous connaissons les causes de ces écarts : des charges financières supérieures de 4 milliards d’euros, des recettes fiscales inférieures de 7 milliards d’euros, une légère amélioration du solde des comptes spéciaux du Trésor de 600 millions d’euros.
La norme de dépense est donc respectée, monsieur le secrétaire d’État, sauf pour les 4 milliards d’euros de surcoût des charges financières non compensées par la suppression ou le freinage d’autres dépenses.
Voilà, mes chers collègues, l’essentiel des considérations d’ordre général que je voulais vous livrer au début de la discussion de ce dernier texte financier de l’année.
Nous savons bien que l’économie – mondiale, européenne, française – est plongée dans l’incertitude. On a besoin de signaux favorables ; le plan de relance annoncé à Douai peut jouer ce rôle. Nous aurons à nous prononcer sur ce point et à aborder les aspects complémentaires dans le courant du mois de janvier, mes chers collègues.
Avant de conclure, je voudrais prendre trois exemples pour illustrer ces incertitudes.
Nous étions inquiets lorsque le cours du pétrole était très élevé ; aujourd’hui, c’est le spectre de la déflation qui nous préoccupe, compte tenu du ralentissement de l’activité dans de nombreux pays avec un marché pétrolier déprimé.
On se plaignait du maintien à un niveau que l’on estimait trop élevé des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne ; ils sont actuellement fixés à un niveau historiquement bas et l’on se plaint toujours.
S’agissant des finances publiques et de la dette, celles et ceux qui intervenaient pour solliciter toujours plus de dépense publique vont sans doute se plaindre de l’utilisation du déficit comme une arme de politique économique dans une phase très ingrate du cycle de l’économie.
Le Gouvernement s’efforce à mon avis opportunément de dégager de manière imaginative des marges de manœuvre en cette période de grandes incertitudes.
Tels sont les grands traits que j’ai souhaité faire ressortir avant d’aborder, dans des limites de temps que j’espère acceptables, cet « inventaire à la Prévert » de fin d’année qu’est traditionnellement le projet de loi de finances rectificative.
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP et de l ’ Union centriste.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, la commission des affaires culturelles s’est saisie pour avis de trois dispositions du projet de loi concernant le soutien à l’industrie cinématographique, le mécénat et la redevance audiovisuelle.
La commission a examiné tout d’abord l’article 42 Adopté par l’Assemblée nationale, avec l’avis favorable du Gouvernement, cet article vise à reconduire pour trois ans l’avantage fiscal lié à l’investissement dans les sociétés pour le financement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle, les SOFICA
Je vous rappelle que ce dispositif fiscal permet de collecter des fonds privés en vue de financer la production cinématographique et audiovisuelle. Or il arrive à échéance le 31 décembre 2008 ; il paraît donc nécessaire d’en prolonger l’application. Il a un coût stable et relativement modeste par rapport à l’ampleur de ses retombées positives sur la production indépendante.
En 2009, l’objectif sera de consolider l’efficacité d’un dispositif d’aide fiscale majoritairement orientée vers la production indépendante. Je précise que le minimum réglementaire d’investissement pour chaque SOFICA dans la production indépendante est de 35 %, mais que nombre d’entre elles s’engagent bien au-delà. Ainsi, en 2007, en moyenne, 60, 3 % des fonds placés l’ont été sur des investissements indépendants.
Par conséquent, sous réserve d’un amendement de précision que je vous présenterai tout à l’heure, la commission est favorable à l’adoption de cet article.
La commission a ensuite examiné l’article 44, qui vise à traduire dans les faits l’une des propositions du « plan de renouveau pour le marché de l’art français », présenté par la ministre de la culture à la suite de la mission confiée à Martin Béthenod.
Il s’agit notamment d’étendre aux entreprises individuelles et aux professions libérales le bénéfice de l’avantage fiscal pour l’acquisition d’œuvres originales d’artistes vivants ou d’instruments de musique. Ce dispositif de mécénat impose aux entreprises, en contrepartie, d’exposer l’œuvre « dans un lieu accessible au public et aux salariés, à l’exception de leurs bureaux », ou encore de s’engager à prêter l’instrument de musique à un artiste-interprète.
L’Assemblée nationale est revenue sur cette disposition, sur l’initiative de son rapporteur général. Elle a également encadré de façon plus stricte l’obligation d’exposition de l’œuvre au public, remettant ainsi en cause un assouplissement adopté en 2005 sur proposition du Sénat.
Notre commission s’est interrogée, de même, sur l’opportunité de ces mesures, dans le contexte budgétaire et économique actuel, mais aussi au regard de leur incidence réelle en termes de soutien à la création et à la diffusion des œuvres, dans l’intérêt général des artistes et du public.
C’est pourquoi elle a proposé de supprimer cet article, estimant que les dispositions permettant une relance du marché de l’art méritent de faire l’objet d’un examen plus approfondi. Il importe de soutenir le dynamisme d’un secteur qui a une importance majeure pour notre économie culturelle, mais également de veiller à l’utilité et à la pertinence de la dépense publique.
La commission a enfin souhaité donner un avis sur l’article 44 tendant à indexer la redevance audiovisuelle sur l’inflation prévue.
L’indexation de la redevance audiovisuelle sur l’inflation était initialement prévue à l’article 19 du projet de loi relatif à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision. Elle a été introduite dans le présent projet de loi par un amendement de M. Patrice Martin-Lalande, en raison de la longueur des débats sur le projet de loi relatif à la communication audiovisuelle à l’Assemblée nationale. L’objectif est de garantir, dès 2009, une recette supplémentaire pour France Télévisions.
Cette indexation de la redevance est une mesure défendue de longue date par votre commission des affaires culturelles. Nous pouvons à cet égard rendre hommage à MM. Jacques Valade, ancien président de la commission, et Louis de Broissia, ancien rapporteur du budget des médias, qui proposaient cette mesure depuis 2004, afin d’assurer le financement pérenne de France Télévisions.
Leur seul tort est d’avoir eu raison avant tout le monde !
On ne pouvait pas s’étonner que le service rendu par les télévisions publiques ne soit pas amélioré alors que le montant de la redevance stagnait depuis 2001. On ne pouvait pas non plus regretter que les chaînes publiques ne parviennent pas, comme la BBC, à réaliser des productions et des programmes de très grande d’envergure alors que le montant de la redevance française est inférieur de plus de 80 euros à la redevance britannique. Nous étions en plein paradoxe et chacun en a aujourd’hui pris conscience.
Cette prise de conscience est vécue avec d’autant plus d’acuité que les télévisions, notamment publiques, sont confrontées à court terme à des défis majeurs tels que le passage à la haute définition et la mise en place de services audiovisuels innovants, notamment les services à la demande.
Quant à la suppression de la publicité sur le service public audiovisuel après vingt heures, entérinée par le conseil d’administration de France Télévisions mardi dernier, si c’est une chance historique pour améliorer les programmes et renforcer la distinction entre chaînes publiques et privées, elle impose, de manière encore plus urgente, l’indexation de la redevance ; chacun en prend aujourd’hui la pleine mesure.
Je rappelle à notre Haute Assemblée que la Commission pour la nouvelle télévision publique a évalué les besoins de financement supplémentaires de France Télévisions pour 2009 à 650 millions d’euros.
Les pertes de recettes publicitaires ont été estimées à 450 millions d’euros.
Les coûts de mise en place de l’entreprise unique et de son modèle de développement, le media global, ont été chiffrés, quant à eux, à 200 millions d’euros annuels, sans que soit prise en compte l’incidence financière des programmes supplémentaires remplaçant le temps de publicité supprimé.
Pour l’instant, le financement est le suivant. Un montant de 450 millions d’euros est budgété dans le projet de loi de finances pour 2009 pour compenser la suppression de la publicité et est donc garanti pour France Télévisions.
Le législateur a pris ses responsabilités et la commission des affaires culturelles s’en est félicitée lors de l’examen du budget relatif aux médias. Le débat sur la compensation pour l’État de cette dépense aura lieu au mois de janvier.
L’indexation à partir de 2009 permettra, par ailleurs, de dégager 40 millions d’euros de recettes supplémentaires. Ce choix est cohérent avec le souhait d’assurer un financement pérenne et dynamique au groupe France Télévisions.
Nous sommes cependant bien loin des 200 millions d’euros nécessaires pour le développement du groupe. Ne nous voilons pas la face, les économies réalisées grâce aux synergies de l’entreprise unique, qui sont par ailleurs essentielles, ne permettront pas à court terme de donner à France Télévisions le nouvel élan que nous appelons de tous nos vœux.
Si nécessaire soit-elle, l’indexation de la redevance n’est donc pas suffisante.
C’est la raison pour laquelle la commission des affaires culturelles a réfléchi, sans tabou, à l’actualisation et à la modernisation de l’assiette et du taux de cette redevance.
Elle est parvenue à la conclusion que, dans le cadre du présent projet de loi et en attendant éventuellement des mesures plus ambitieuses, l’important était de donner un coup de pouce à la redevance, d’une part, en relevant légèrement son montant, d’autre part, en permettant qu’il soit arrondi à l’euro supérieur après indexation.
Ces mesures permettront de dégager 40 millions d’euros supplémentaires en 2009 au bénéfice de tous les téléspectateurs soucieux d’avoir accès à une véritable télévision de service public.
Je constate d’ailleurs qu’une porte s’ouvre, puisque le Premier ministre a admis, ce matin, sur les ondes radiophoniques, la nécessité d’une réflexion sur la modernisation de cette redevance.
Mme Catherine Morin-Desailly, rapporteur pour avis. La commission a donc émis un avis favorable sur l’article 44 bis, sous réserve de l’adoption de ces deux amendements, que je vous présenterai lors de la discussion sur l’article.
Applaudissementssur les travées de l’Union centriste et de l’UMP.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur général, mes chers collègues, au même titre que la commission des affaires culturelles dont la position vient d’être exprimée par Mme Catherine Morin-Desailly, rapporteur pour avis, la commission des affaires économiques a souhaité se saisir de l’article 44 bis.
Cet article n’est autre que l’article 19 du projet de loi initial du Gouvernement relatif à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision, consacré à la redevance. C’est donc l’article pivot concernant le financement notamment de la télévision publique en France. Pour les raisons que l’on sait, notamment à la suite du retard pris dans le déroulement des débats à l’Assemblée nationale, le Gouvernement a retiré cet article 19 pour l’insérer dans le présent collectif budgétaire, où il est devenu l’article 44 .
Si la commission des affaires économiques s’est saisie de cette question, c’est parce que le projet de loi relatif à la communication audiovisuelle fait porter aux opérateurs de télécommunications et aux fournisseurs d’accès à internet – domaine qui relève du champ de compétences de la commission des affaires économiques – l’essentiel de la charge du financement de la compensation des 450 millions d’euros qui manqueront à l’audiovisuel public du fait de la suppression de la publicité après vingt heures. Autrement dit, cette somme sera compensée à hauteur de 85 % par une taxe de 0, 9 % applicable aux opérateurs de télécommunications.
Comme elle s’en expliquera lors de l’examen par le Sénat, début janvier, du projet de loi relatif à la communication audiovisuelle, la commission des affaires économiques a été quelque peu heurtée par le fait qu’il existait très peu de liens entre l’activité, le chiffre d’affaires des opérateurs de télécommunications et des fournisseurs d’accès, d’une part, et les images diffusées par France Télévisions, d’autre part.
Sur les 42 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés par les opérateurs de télécommunications et fournisseurs d’accès à internet, 37 milliards d’euros correspondent aux services de messagerie SMS – –, à la téléphonie fixe, à la téléphonie mobile, c'est-à-dire à des activités qui n’ont strictement rien à voir avec l’image, avec la télévision publique, alors que seulement 5 milliards d’euros, donc une part très faible, résultent des activités audiovisuelles.
Pour autant, ces opérateurs participent, par le biais du compte de soutien à l’industrie des programmes, ou COSIP, au financement de la création audiovisuelle et cinématographique, et s’acquittent déjà de leurs droits en la matière.
Il nous a donc semblé curieux qu’une réforme, au demeurant souhaitable et bonne, visant à diminuer progressivement la dépendance de l’audiovisuel public de la publicité et de la pression de l’audimat, débouche sur une taxe de 0, 9 % qui, loin d’être infinitésimale, comme elle aurait dû l’être, représente près de 7 % des investissements annuels de ces opérateurs.
C’est pourquoi la commission des affaires économiques vous proposera, lors de l’examen du projet de loi sur la communication audiovisuelle, des amendements visant à revenir à la proposition qui avait été faite par la commission « Copé », c'est-à-dire à une taxe de 0, 5 % sur les opérateurs de télécommunications et des fournisseurs d’accès, afin de la ramener à un niveau plus normal, plus juste – dans l’injuste !
Cela étant, dans la perspective d’une modification profonde du financement de l’audiovisuel public impliquant, notamment, la disparition complète de la publicité à partir de 2012 du compte d’exploitation de France Télévisions, la redevance doit rester, selon nous, une ressource dynamique, pivot du secteur audiovisuel public. Le montant de la redevance est moins élevé en France que chez nos partenaires européens ; il est inférieur en moyenne de 45 euros.
C’est la raison pour laquelle la commission des affaires économiques a souhaité émettre un avis et s’associer, si j’ose dire, aux initiatives de la commission des affaires culturelles visant à actualiser et à indexer la redevance sur le taux de l’inflation, ainsi que l’Assemblée nationale l’a voté, afin de regagner la perte enregistrée en 2008 et de faire de cette redevance une recette véritablement dynamique à l’avenir. C’est une question fondamentale à nos yeux. Tel est le premier point.
J’aborderai à présent un deuxième aspect, concernant l’article 30 de ce collectif budgétaire.
Au-delà du grand respect et de la profonde estime que je porte à notre rapporteur général, Philippe Marini, je dois dire que je suis gêné par son amendement visant à instituer l’obligation de transmission à l’administration fiscale des informations détenues par les grandes plateformes de e-commerce dès lors qu’une personne se livrant à des opérations de vente ou de prestations de service en ligne réalise, par ce biais, plus de douze transactions et un chiffre d’affaires de 5 000 euros au cours de l’année civile.
À en juger par les textes dont nous sommes saisis, par exemple le projet de loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur internet et l’instauration de la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet, l’HADOPI, mais aussi le projet de loi sur la communication audiovisuelle, chacun d’eux fournit systématiquement l’occasion de « taper » sur le numérique. Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, où M. Obama inscrit le développement du numérique au cœur de son plan de relance, en France, soit nous créons des taxes, soit nous imposons des contraintes à ce secteur.
Permettez-moi d’insister sur le fait que le numérique représente un espace de liberté. Internet constitue un formidable gisement de croissance et d’emplois et offre des perspectives prometteuses pour nombre d’activités.
Or, à cet égard, l’amendement pose plusieurs problèmes.
Tout d’abord, il soulève un problème de droit. En effet, à l’exception du cas dérogatoire du piratage, où il a été admis – mais l’Assemblée nationale ne s’est pas encore prononcée – qu’une transmission des données personnelles pouvait avoir lieu sans la couverture du juge, en l’occurrence, cet amendement vise à transmettre des données de façon massive à l’administration fiscale sans le contrôle du juge. C’est une entorse à notre édifice juridique sur le droit du numérique.
Ensuite, cet amendement pose aussi un problème de rupture d’égalité de traitement. Si je vends une voiture d’occasion et une douzaine de livres sur internet, j’entrerai dans le champ d’application de la disposition, alors que, si je passe des annonces sur n’importe quel support écrit gratuit pour vendre les mêmes biens la même année, je ne serai soumis à aucune contrainte de ce type. Cet amendement introduit donc une discrimination entre le e-commerce et le commerce traditionnel.
Me permettez-vous de vous interrompre, monsieur le rapporteur pour avis ?
La parole est à M. le rapporteur général, avec l’autorisation de l’orateur.
Pardonnez-moi, monsieur le président, d’anticiper sur la discussion, très prometteuse, de cet amendement.
L’intention de la commission des affaires économiques est de poser le problème que je formule de la façon suivante, et je suppose que nous ne serons pas en contradiction, à cet égard. Le numérique est de plus en plus important et il va se substituer à beaucoup de transactions traditionnelles.
L’approche de la commission des affaires culturelles sur la redevance est de même nature que notre approche sur le e-commerce. Elle consiste à dire que, les supports se transformant, la technologie étant très évolutive, il faut que le droit et la fiscalité suivent cette évolution.
On ne peut pas imaginer que des personnes deviennent quasiment des professionnels de la vente sur internet et échappent à toute déclaration, toute fiscalité et toute charge. On ne peut pas l’imaginer. Tel est le message que nous avons voulu transmettre.
Je tenais à le souligner pour que ceux qui nous entendent, très attentifs à ce débat, ne se méprennent pas sur les intentions de la commission des finances.
Merci, monsieur le rapporteur pour avis, d’avoir bien voulu accepter cette interruption trop longue.
Mes chers collègues, je vous rappelle que nous sommes dans la discussion générale et que nous ne sommes pas encore arrivés à l’examen des amendements.
Cela dit, veuillez poursuivre, monsieur le rapporteur pour avis.
Monsieur le président, je vais conclure.
Il ne s’agit nullement de demander une dérogation en faveur du e-commerce et de faire échapper le domaine de l’internet à un certain nombre de règles. Nous avons d’ailleurs voté, mes chers collègues, une disposition essentielle relative au statut de l’auto-entrepreneur, donnant des garanties aux vendeurs de e-commerce et permettant d’enrayer d’éventuelles évasions fiscales.
Vous le voyez, monsieur le rapporteur général, je ne conteste aucunement vos propos. Il n’est pas question dans mon esprit de faire d’internet une zone de non-droit.
En revanche, internet ne mérite pas de se voir imposer des dispositifs discriminatoires. Le numérique est un domaine très important, sans frontières. Si la France, contrairement à ses voisins, impose de telles règles, ce champ prometteur, y compris en ce qui concerne nos recettes fiscales, s’évadera de toute façon et nos plateformes se déplaceront en Irlande, ou ailleurs.
M. Bruno Retailleau, rapporteur pour avis. Tel est le débat sur lequel je tenais à attirer votre attention. Nous pourrions travailler sur ce sujet et trouver en séance un terrain d’entente.
Applaudissementssur les travées de l’Union centriste et de l’UMP.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, je m’exprimerai au nom de la commission des affaires sociales et je m’appuierai sur certaines réflexions conduites par la mission d’évaluation et de contrôle de la sécurité sociale, la MECSS.
Comme chaque année, nous analysons les comptes et les équilibres financiers.
L’année dernière, la commission des affaires sociales s’était saisie pour avis du collectif budgétaire, adoptant une position symétrique à celle de la commission des finances à l’égard de la commission des affaires sociales puisque notre collègue Jean-Jacques Jégou, toujours avec beaucoup de pertinence et de sagacité, est intervenu pour avis, au nom de la commission des finances, sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Nous récidivons cette année, d’autant que le Gouvernement, monsieur le secrétaire d'État, propose de nouvelles ouvertures de crédits sur des lignes de dépenses destinées à la sécurité sociale. J’ignore si M. Santini est devenu un spécialiste de la sécurité sociale.
Sourires.
En tout cas, il est, je le sais, un éminent spécialiste de la fonction publique, qu’il défend avec beaucoup de talent et de compétence au sein du Gouvernement.
En ce qui concerne la sécurité sociale, nous essayons ensemble, commission des affaires sociales et commission des finances, de régler les problèmes qui se posent entre nous en raison d’un mélange des genres ! En effet, certains crédits sont inscrits dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale et d’autres crédits, dans le projet de loi de finances. Il nous faut donc tâcher de trouver un bon équilibre entre ces deux textes.
Cette année, le collectif prévoit un certain nombre d’affectations, notamment l’affectation des excédents du panier de recettes destinés à assurer la compensation des allégements de charges au titre des heures supplémentaires.
Par ailleurs, il prévoit des ouvertures de crédits pour l’allocation aux adultes handicapés, l’AAH, l’aide médicale de l’État, l’AME, et l’allocation de parent isolé, l’API, qui voient leurs dotations progresser de manière non négligeable. Ainsi, la dotation de l’AAH augmente de 236 millions d’euros, celle de l’AME de 94 millions d’euros et celle de l’API de 36, 5 millions d’euros.
Selon les informations recueillies par la commission des affaires sociales, ces sommes correspondent à peu près à ce qui serait nécessaire pour assurer la couverture de la totalité des besoins. Quoi qu’il en soit, elles sont moins élevées que les ouvertures de l’année dernière pour ces mêmes dotations : cela montre que M. Éric Woerth, en qualité de ministre des comptes publics, a bien respecté les engagements pris par le Gouvernement devant le Sénat.
Pour l’AAH, les ouvertures prévues dans ce collectif budgétaire ne sont, pour l’essentiel, que la conséquence de la revalorisation de 3, 9 % de cette allocation.
Pour l’API, les ouvertures sont cinq fois moins importantes que l’année dernière, ce qui démontre que le Gouvernement a visé de manière beaucoup plus juste que l’année précédente.
Quant à l’AME, le ministre des comptes publics pourrait mieux faire ! Cette année, les besoins de l’exercice 2008 seront réglés en ajoutant un crédit de 94 millions d’euros, mais les insuffisances de 2007, à hauteur de 300 millions d’euros, restent pendantes. Cette dette s’étant reconstituée, quelles sont les intentions du Gouvernement ? Nous espérons une réponse à cette question, non à l’occasion du collectif budgétaire, puisque les moyens ne le permettent pas, mais lors d’un prochain examen budgétaire.
En ce qui concerne les exonérations ciblées, nous constatons des insuffisances essentiellement sur le budget de l’emploi et de l’outre-mer. Je rappelle que les années 2005 et 2006 se sont terminées avec un manque proche de 1 milliard d’euros. Au titre de l’année 2007, cette insuffisance s’est reconstituée à hauteur 1, 5 milliard d’euros.
Pour 2008, les dotations initiales ont été, une nouvelle fois, sous-évaluées. Le collectif prévoit 215 millions d’euros au titre de la mission Outre-mer, soit plus de 20 % des crédits initiaux.
En revanche, monsieur le secrétaire d'État, j’appelle l’attention de vos collaborateurs sur le fait que ce collectif ne prévoit aucune ouverture sur la mission Travail et emploi. Il manquera 900 millions d’euros, ce qui, vous en conviendrez, n’est pas négligeable. Que comptez-vous faire, monsieur Santini, pour combler cette dette ? Je suppose que M. Éric Woerth a dû vous briefer sur le sujet et que vous saurez nous apporter une réponse sur ce point.
Une dernière ouverture mérite enfin d’être signalée : 106 millions d’euros sont consacrés à la mission Régimes sociaux et de retraite, notamment afin d’assurer l’équilibre du régime de retraite de la RATP en raison du report de l’adossement de ce régime au régime général, sujet que suit mon collègue Dominique Leclerc. Où en est également le Gouvernement sur ce dossier ?
J’en viens à la compensation des allégements de charges sociales au titre des heures supplémentaires, issus de la loi du 21 août 2007 en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat, la fameuse loi TEPA.
Ceux-ci, vous le savez, mes chers collègues, comme d’ailleurs les allégements dits « Fillon », sont compensés non par des crédits budgétaires, mais par l’affectation d’un certain nombre de taxes et recettes fiscales, conformément à l’article 1er de la loi TEPA.
L’article 7 du présent collectif vise à ajuster ce « panier de recettes », qui comprend une partie du produit de la taxe sur les véhicules de société, la contribution sociale sur les bénéfices des sociétés et la TVA perçue sur les producteurs de boissons alcoolisées.
Le rendement de ce panier est supérieur aux besoins de compensation. Il devrait rapporter près de 1 milliard d’euros de plus que les pertes de ressources effectivement subies par la sécurité sociale.
Le Gouvernement a donc proposé de réduire le champ du panier de recettes. Est ainsi prévu à l’article 7 le remboursement d’une partie des dettes de l’État à l’égard des caisses et des régimes autres que le régime général, notamment le régime social des indépendants, ou RSI, et le régime de retraite de la SNCF.
Cela correspond à l’engagement pris par M. Éric Woerth devant le Sénat lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2009, qui avait annoncé qu’environ 1 milliard d’euros serait honoré au titre de cette dette constituée au fil du temps.
Après ces apurements, subsistera une dette de 536 millions d’euros à l’égard du régime agricole ainsi qu’une dette de 2, 9 milliards d’euros à l’égard du régime général, dont 1, 7 milliard d’euros au titre de 2007 et 1, 2 milliard d’euros au titre de 2008.
Comment, monsieur le secrétaire d'État, le Gouvernement envisage-t-il d’assainir définitivement ces dettes ? Cette question est un préalable clairement identifié comme tel dans le projet de loi de programmation des finances publiques que nous avons examiné le mois dernier.
Nous nous félicitons du fait que ce collectif permette d’apporter les précisions nécessaires pour que la Cour des comptes puisse lever les réserves qu’elle a exprimées au moment de la certification des comptes de 2007 du régime général.
Au total, le collectif pour 2008 témoigne clairement du souci du Gouvernement d’améliorer les relations financières entre l’État et la sécurité sociale, et ce malgré un contexte budgétaire assez difficile.
Nous devons toutefois demeurer vigilants, en particulier afin que la compensation des exonérations ciblées soit mieux évaluée dès le projet de loi de finances initiale et systématiquement remise à niveau en fin d’exercice.
Nous devons, enfin, éviter qu’une dette de l’État envers la sécurité sociale ne se reconstitue.
Quoi qu’il en soit, la commission des affaires sociales a considéré qu’elle pouvait émettre un avis favorable sur le projet de loi de finances rectificative pour 2008, sous réserve de l’adoption de cinq amendements qu’elle a déposés.
Il s’agit, d’abord, d’un amendement de précision à l’article 7.
Il s’agit, ensuite, de rétablir deux mesures annulées par le Conseil constitutionnel en raison de leur caractère de « cavalier social », mais auxquelles notre commission tient malgré tout. Ces dispositions concernent la réforme de l’indemnité temporaire de retraite outre-mer, …
…qui a fait l’objet d’un très long débat ici même en séance publique, et le recentrage du crédit d’impôt famille.
Il s’agit, en outre, de préciser l’accès à la garantie des risques locatifs.
Il s’agit, enfin, de la création d’un document de politique transversale sur la lutte contre les drogues et les toxicomanies.
Par ailleurs, monsieur le secrétaire d'État, je vous rappelle que nous avons voté l’année dernière, dans le collectif pour 2007, le principe de l’élaboration d’un document annuel récapitulant l’ensemble des dépenses publiques concourant à la politique de la famille. Ce document devait être annexé au projet de loi de finances et au projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Malheureusement, nous n’avons rien reçu. La commission des affaires sociales rappelle avec insistance au Gouvernement l’impérieuse nécessité de nous communiquer le plus rapidement possible ce document.
J’ose espérer avoir retenu l’attention de M. Santini et de ses collaborateurs. Je ne doute pas un seul instant que M. le secrétaire d'État saura répondre point par point, avec précision, à toutes ces questions, afin que la commission des affaires sociales soit bien informée et que je n’aie pas à intervenir lors du collectif budgétaire de l’année prochaine, les prévisions budgétaires ayant été réalisées à l’euro près et ne nécessitant donc pas l’inscription de nouvelles ouvertures de crédits ! Monsieur le secrétaire d’État, je vous en remercie par avance.
Très bien ! et applaudissements sur les travées de l ’ UMP et de l’Union centriste.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, nous abordons ce débat dans un contexte économique en total décalage avec les prévisions retenues : une croissance qui s’effondre, une prévision d’inflation décalée – l’inflation rogne le pouvoir d’achat des ménages –, le déficit commercial se creuse inexorablement, les comptes publics ne sont plus maîtrisés, le déficit budgétaire s’emballe et la dette publique explose.
Ce collectif budgétaire est le second depuis le mois d’octobre, et on nous en annonce un nouveau pour le mois de janvier prochain. Quels sont les bons chiffres ? Quelles sont les bonnes bases de discussion ?
La croissance prévue pour 2008 était de 2, 5 % ; elle sera finalement de 0, 9 %. L’inflation devait s’élever à 1, 6 % ; elle devrait atteindre 2, 9 %. Le pouvoir d’achat devait croître de 2, 5 % ; il ne progressera, peut-être, que de 1 %. Beaucoup de personnes constatent que leur pouvoir d’achat diminue.
Le déficit du commerce extérieur s’aggrave, passant de 40 milliards d’euros à 50 milliards d’euros, voire à 55 milliards d’euros.
Le déficit budgétaire prévu en loi de finances initiale était de 42 milliards d’euros ; il est passé à 49 milliards d’euros dans le collectif du mois d’octobre, et à plus de 51 milliards d’euros dans le collectif du mois de décembre. Le Gouvernement a annoncé hier qu’il était réajusté à 67 milliards d’euros à la fin de 2008, pour tenir compte des dernières mesures, et qu’il fonçait vers les 80 milliards d’euros à la fin de 2009. On en perd le souffle !
La crise financière est là, certes, et certaines mesures peuvent être raisonnablement justifiées.
Cependant, la crise ne fait qu’accentuer une situation économique et sociale dont est comptable le gouvernement Sarkozy, avec les politiques publiques induites par les choix à courte vue, inopportuns, injustes, et inefficaces que ce dernier n’a cessé de multiplier depuis un an et demi.
J’en viens aux dépenses.
Les annulations de crédits s’élèvent à 1, 8 milliard d’euros, dont 65 millions d’euros pour l’enseignement scolaire, nous le déplorons.
Après la suppression de tant de postes dans l’enseignement, est-il légitime de continuer à annuler des crédits relatifs à l’éducation nationale ? N’y a-t-il pas assez de fermetures de classes ou d’écoles ? N’y a-t-il pas assez de suppression de postes dans les RASED, les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté ?
L’enseignement supérieur et la recherche perdent 400 millions d’euros. L’écologie et le développement durable régressent de 230 millions d’euros.
Pourquoi rogner sur les dépenses d’enseignement et de recherche, alors qu’il s’agit de dépenses d’avenir, de dépenses de « base » ? Même si leurs effets ne sont pas forcément immédiats, ces dépenses représentent une chance essentielle pour notre pays de sortir le plus rapidement possible de la crise et, en voyant plus loin, pour rester dans le peloton de tête des nations. Ce sujet ne devrait même pas faire débat entre nous !
S’il manquait en loi de finances initiale près de 6, 7 milliards d’euros de dépenses sous-budgétées, alors que le déficit s’élevait déjà à 41 milliards d’euros, n’était-ce pas, tout simplement, pour faire bonne figure à la veille de la présidence française du Conseil européen ?
La moindre de ces sous-budgétisations n’est pas la dette de l’État à l’égard de la sécurité sociale, M. Vasselle vient d’en parler. Les affectations de taxes pour 750 millions d’euros et l’ouverture de crédits, pour la même somme, n’apurent la dette qu’à hauteur de 1, 5 milliard d’euros. Il reste encore 3 milliards d’euros, dont l’apurement n’est prévu, à notre connaissance, par aucun projet de loi !
L’addition de toutes les sous-budgétisations représente au bas mot un montant de 5 milliards d’euros en loi de finances pour 2009, avec un déficit budgétaire déjà estimé à 52 milliards d’euros.
À la suite du plan de relance, ce déficit s’aggravera d’une quinzaine de milliards d’euros. Il faudra donc ajouter à ces 67 milliards d’euros les 5 milliards d’euros qui restent à budgéter.
À la fin de 2009, le déficit budgétaire devrait s’élever au moins à 80 milliards d’euros, soit 40 milliards d’euros de plus qu’à la fin de 2007 où il était de 42 milliards d’euros. Et ces 80 milliards d’euros de déficit budgétaire sont estimés à recettes fiscales constantes, ce qui est loin d’être acquis.
La défiscalisation des heures supplémentaires, qui aurait pu être envisageable en période de croissance, n’a pas été une bonne idée.
Selon les études les plus sérieuses, la loi TEPA n’a pas entraîné d’augmentation du nombre des heures supplémentaires en France. De toute façon, en cette période de montée du chômage, cette mesure bénéficie surtout à ceux qui ont déjà un travail au détriment de ceux qui le perdent. La diminution des emplois intérimaires et l’extension du chômage technique témoignent de l’inanité d’un choix politique aussi saugrenu que l’idée selon laquelle les salariés pourraient être maîtres de leur temps de travail, alors que ce sont les carnets de commandes qui décident du volume des heures travaillées !
Selon l’INSEE, dans la plus favorable des hypothèses, cette mesure de défiscalisation pourrait être à l’origine de la destruction de 11 000 à 66 000 emplois. Selon la direction de l’animation et de la recherche des études et des statistiques, la DARES, le nombre d’heures travaillées en 2007, à savoir 730 millions, était au même niveau qu’en 2006 : la loi a vraisemblablement créé un effet d’aubaine ! Quatre milliards d’euros ont donc été jetés par les fenêtres, alors qu’ils auraient été bien plus utiles, par exemple, pour une augmentation sensible de la prime pour l’emploi !
Il faudrait, au moins, que des entreprises ne puissent pas bénéficier à la fois des avantages de la loi TEPA, d’une part, et des mesures de soutien relatives au chômage partiel, d’autre part !
La déductibilité des intérêts d’emprunts, alors qu’un endettement excessif des ménages est à l’origine de la crise, n’a pas été, non plus, une bonne idée : non seulement elle revient à demander aux salariés de troquer d’éventuelles augmentations de salaires contre des crédits, mais elle pèse pour deux milliards d’euros sur le budget de l’État, et donc sur la dette !
Parlons des recettes : fallait-il, à cause du « paquet fiscal », qui restera le péché originel du gouvernement Sarkozy, se priver de quinze milliards d’euros de recettes ? Poser la question revient, pour nous, à y répondre. Et que dire du dégrèvement permanent de la taxe professionnelle pour les investissements nouveaux effectués d’octobre 2008 à décembre 2009, qui annonce la fin de cette taxe ? Bien sûr, cette taxe doit, en principe, être compensée par l’État. Mais nous pensons que les collectivités locales doivent pouvoir agir au moyen d’un impôt économique.
Parlons de la dette, car le creusement du déficit entraîne l’accroissement de la dette. Il ne faut pas diaboliser la dette : elle peut-être justifiée et utile, mais elle n’est saine que si elle sert à investir.
Parlons de la crise financière : le collectif d’octobre a précédé celui de décembre, lequel précède celui de janvier, je n’y reviens pas. Pour sauver le système bancaire et financier, le Gouvernement a dépensé 360 milliards d’euros, dont 320 milliards d’euros pour garantir les actifs et 40 milliards d’euros pour augmenter les fonds propres. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 360 milliards d’euros pour les banques, 26 milliards d’euros pour la relance !
Deux mots sur l’amendement relatif à Dexia : cette société a fait l’objet d’une recapitalisation de 6 milliards d’euros, dont 3 milliards proviennent de la France – 2 milliards d’euros sont fournis par la Caisse des dépôts et consignations et 1 milliard d’euros par l’État. De plus, 40 milliards d’euros d’actifs de cette banque ont été garantis dans le cadre du collectif d’octobre. Par le collectif de décembre, on demande au Parlement d’avaliser une garantie supplémentaire de 6 milliards d’euros en faveur de cette même banque. Or rien ne garantit que l’État français ne devra pas alimenter encore davantage le capital, c’est-à-dire apporter une fois de plus son soutien à un établissement bancaire respectable, qui représente une aide précieuse pour les collectivités territoriales, mais qui s’avère aujourd’hui coûteux pour l’État : sur les 320 milliards d’euros dégagés dans le cadre du plan de sauvetage bancaire, 55 milliards d’euros sont « réservés » à Dexia.
Insincérité de certaines prévisions budgétaires, légèreté avec laquelle les milliards valsent au profit des moins nombreux : nous pouvons apprécier !
J’évoquerai brièvement le plan de relance.
Lors d’un discours prononcé à Douai, le 4 décembre, le Président de la République a présenté un plan de relance de l’économie française, qui comporte des mesures fiscales et sociales. Les mesures fiscales visent, pour l’essentiel, à accélérer le paiement des créances fiscales que les entreprises détiennent sur l’État. Les mesures sociales prévoient notamment une aide à l’embauche pour les entreprises de moins de dix salariés.
La ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi a annoncé au Sénat, le 8 décembre dernier, que les mesures fiscales du plan de relance seraient intégrées dans le collectif budgétaire de fin d’année : doublement du prêt à taux zéro, remboursement anticipé de crédits d’impôt recherche, d’impôt sur les sociétés et de TVA, amortissement accéléré pour l’impôt sur les sociétés, instauration d’un report en arrière au titre de l’impôt sur les sociétés.
Le conseil des ministres du 19 décembre examinera l’ensemble des autres dispositions, et le Parlement sera saisi début janvier 2009 de deux projets de loi de mise en œuvre du plan de relance : un collectif budgétaire comprendra toutes les dispositions financières du plan, un projet de loi comportera les mesures de simplification des procédures, notamment celles du code des marchés publics.
Les trois dispositifs – le remboursement immédiat début janvier du trop perçu d’impôt sur les sociétés, le remboursement du crédit d’impôt recherche et ce que l’on appelle le carry back, c’est-à-dire le report en arrière des déficits – représentent 7 à 8 milliards d’euros, auxquels il convient d’ajouter le remboursement plus rapide de la TVA, pour 2 milliards d’euros, soit un enjeu total de trésorerie d’une bonne dizaine de milliards d’euros. Toutefois, même si ces mesures s’avèrent efficaces, encore faut-il que la trésorerie de l’État, et donc la gestion de la dette, permette d’y faire face !
Au vu des échéances de remboursement du début du mois de janvier, l’État va devoir faire face à un important besoin de trésorerie, qui se traduira par un besoin d’émissions d’emprunts : il faudra alors financer 20 à 30 milliards d’euros dans le courant du mois de janvier, ce qui représente une dette supplémentaire pendant le temps que durera cet effort de trésorerie.
Le plan de relance n’est pas composé d’un ensemble de dépenses supplémentaires : il est constitué par la mobilisation de créances de l’État, par la concentration, maximale en 2009, du remboursement du crédit d’impôt recherche et du carry back, ou même par l’anticipation du retour des excédents versés au titre de l’impôt sur les sociétés. Cette concentration de dépenses, à un moment donné, nécessitera des émissions supplémentaires d’emprunts.
Pour ces raisons, ce plan de relance n’en est pas un, pour le moment du moins : il se résume à une accélération de remboursements, donc de dépenses qui étaient déjà prévues et seraient intervenues, quoi qu’il arrive. Les dispositions qui correspondent à des dépenses déjà programmées pour la période 2009-2013 représentent 22 milliards d’euros sur les 26 milliards d’euros annoncés.
Nous vivons au rythme des annonces et des milliards : pas moins de sept plans en deux mois ! Mais les plans proposés négligent systématiquement les mesures de soutien direct à la consommation des ménages, alors même que la Commission européenne recommande, comme une priorité, « des dépenses publiques ciblées, notamment, sur les ménages particulièrement touchés par la crise, grâce à une augmentation des transferts et une réduction temporaire du taux de TVA ».
Je vais maintenant présenter rapidement les principaux amendements que le groupe socialiste va défendre au cours de ce débat : ils sont consacrés pour l’essentiel au logement et aux collectivités territoriales.
En ce qui concerne le logement, nous proposons de recentrer les conditions d’accès au prêt à taux zéro en direction des ménages qui en ont le plus besoin.
Parallèlement, nous proposons de changer le régime de TVA applicable aux ventes et aux prestations de travaux, dès lors qu’il s’agit de ménages ayant eu recours au prêt à taux zéro.
Il s’agit, dans notre esprit, de favoriser la première accession des ménages désirant devenir propriétaires, en soumettant leurs acquisitions au taux réduit de TVA à 5, 5 %. Ainsi, nous pourrions renforcer l’efficacité sociale de l’application du taux réduit de TVA aux ventes et livraisons d’immeubles en la réservant aux primo-accédants, dont les ressources ne dépassent pas les plafonds de ressources du logement social.
Nous proposons aussi de supprimer le dispositif de l’amortissement « Robien » au 31 décembre 2009. En effet, les logements construits sous le régime de ce dispositif correspondent rarement aux besoins, notamment parce que la taille de ces logements, généralement achetés pour des raisons fiscales et spéculatives, est souvent insuffisante. Le « Robien » a un effet inflationniste sur les loyers et sur les prix du foncier : il incite à la construction de logements dans des zones principalement non urbanisées, où les besoins ne se font pas sentir. Nous nous retrouvons avec des logements vides alors que des ménages cherchent à se loger. Ce dispositif induit des dépenses fiscales beaucoup trop coûteuses pour le budget de l’État au regard de résultats plus que mitigés.
Ces propositions nous permettront, encore une fois, d’interroger le Gouvernement sur la politique du logement qu’il entend mettre en place pour les prochaines années et, par conséquent, sur les moyens financiers qu’il compte y consacrer.
En ce qui concerne les collectivités locales, nous proposerons aussi d’achever le mouvement de déliaison des taux de la fiscalité locale timidement engagé par la loi de finances pour 2003, et ensuite totalement abandonné par la majorité, qui conduit au contraire une politique d’asphyxie financière des collectivités locales. Nous voulons nous inscrire en faux contre le resserrement de la déliaison amorcé par la majorité de l’Assemblée nationale.
Pourtant, cette évolution vers la déliaison est rendue indispensable par les pressions qui vont inévitablement s’exercer sur les finances des collectivités locales, du fait des transferts massifs de compétences sans moyens financiers permettant de les exercer, auxquels se résume largement le projet de décentralisation de la majorité. La mesure que nous allons proposer donnerait aux collectivités locales les moyens d’arbitrer entre les différents contribuables et les différentes assiettes, à compter du vote des budgets locaux en 2009.
Par ailleurs, nous allons proposer que le nombre d’emplois perdus du fait de la réorganisation des unités militaires et des établissements du ministère de la défense, qui sert pour la détermination des zones de restructuration de la défense, prenne en compte aussi bien les emplois directs que les emplois indirects. Nous allons aussi proposer d’abaisser le seuil du quatrième critère adopté par l’Assemblée nationale – le rapport entre la perte locale d’emplois directs et la population salariée – pour la qualification des zones d’emplois, afin que tous les sites touchés par la réforme puissent bénéficier de l’aide fiscale proposée dans les zones de restructuration de la défense.
Ces mesures ont pour objectif d’élargir les critères de qualification des zones en question, afin que toutes les communes concernées bénéficient des mêmes avantages.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, je vous remercie de votre attention.
Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, les semaines se suivent et se ressemblent. Ou plutôt, on croit qu’elles se ressemblent, tant les sujets étudiés sont récurrents. Néanmoins, je crains qu’elles ne s’opposent, ou même que chacune d’elles n’annule celle qui l’a précédée !
Nous voici en effet au début de l’examen de notre quatrième loi de finances depuis le mois d’octobre : après le projet de loi de finances rectificative pour le financement de l’économie, le projet de loi de programmation des finances publiques pour 2009-2012, le projet de loi de finances pour 2009, voici le projet de loi de finances rectificative pour 2008.
À chaque fois, nous revoyons nos prévisions de croissance et nous tirons de nouveaux bilans budgétaires.
Cette valse des lois de finances ne va pas s’arrêter avec la nouvelle année – puisque nous en étudierons très prochainement une deuxième et même une troisième concernant le plan de relance – et pourrait nous donner le tournis. Elle est pourtant le signe que l’État s’adapte rapidement aux évolutions du monde qui l’entoure.
Nous avons besoin d’un État responsable et, surtout, plus protecteur, dans cette période de tourmente. C’est une nécessité pour nos concitoyens, pour nos entreprises et pour nos collectivités locales.
Le groupe de l’Union centriste, vous le savez, insiste toujours particulièrement sur la vigilance à conserver à l’égard de la situation de nos finances publiques ; c’est pourquoi il convient, d’ores et déjà, de souligner le caractère temporaire des mesures prévues par le plan de relance.
Le déficit budgétaire associé au collectif de fin d’année va s’élever à 51, 4 milliards d’euros – voire 52 ou 53 milliards d’euros, selon l’état des recettes –, soit des augmentations respectives de 2 milliards d’euros par rapport à la prévision retenue dans la loi de finances rectificative du 16 octobre 2008, de 9, 7 milliards d’euros par rapport à la loi de finances initiale pour 2008 et de 13 milliards d’euros par rapport au déficit d’exécution de la loi de finances pour 2007.
Dans le même temps, les prévisions de recettes fiscales pour 2008, annoncées lors de la présentation du projet de loi de finances pour 2009, sont réduites de 2 milliards d’euros, soit une baisse globale de 7 milliards d’euros par rapport à la loi de finances initiale pour 2008. Les impôts les plus sensibles à la conjoncture voient leurs recettes les plus atteintes : 1 milliard d’euros pour l’impôt sur les sociétés et 1, 1 milliard d’euros pour la TVA. L’impôt sur le revenu, quant à lui, baisse légèrement – 300 millions d’euros – compte tenu du résultat des émissions et du niveau des encaissements à la fin du mois d’octobre.
Par ailleurs, M. le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, a annoncé hier la probabilité d’un déficit budgétaire à 79, 3 milliards d’euros, soit 3, 9 % du PIB pour 2009. La différence avec les 54, 1 milliards d’euros que nous avons votés la semaine dernière tient aux prévisions de moindres recettes liées à la révision par le Gouvernement des hypothèses de croissance, ainsi qu’à la mise en œuvre de 9, 2 milliards d’euros de mesures fiscales du plan de relance.
À la lumière de ces résultats concernant nos finances publiques, on peut assez naturellement s’interroger sur l’utilité ou, en tout cas, sur la valeur de la loi de programmation sur les trois années à venir que nous avons adoptée il y a quelques semaines. Nous avons l’impression assez fastidieuse de nous répéter en changeant seulement quelques chiffres.
Venons-en au projet de loi de finances rectificative pour 2008. Avec ses cent vingt articles, il constitue une véritable encyclopédie de mesures. On en oublierait presque l’objectif essentiel du traditionnel « collectif de fin d’année », à savoir la régularisation des montants des crédits et les ouvertures et annulations de crédits nouveaux, en fonction de l’exécution de la loi de finances initiale.
Je ne vais pas énumérer l’ensemble des mesures fiscales qui ont retenu mon attention : elles sont pourtant nombreuses. Mais l’essentiel du texte qui nous intéresse est constitué par les principales mesures fiscales du plan de relance de l’économie annoncé le 4 décembre 2008 par le Président de la République.
C’est sans doute l’intérêt majeur de cette loi de finances rectificative. Je tiens à saluer la volonté déterminée de ne pas transformer cette relance en un plan de soutien massif à la consommation, et d’avoir délibérément soutenu l’investissement.
Outre les 26 milliards d’euros prévus, il faudrait que les collectivités territoriales accompagnent ce plan en investissant massivement. Car c’est par l’investissement que l’on retrouvera le chemin de la croissance, et non par des mesures conjoncturelles de soutien à la consommation, qui se traduiraient par une aggravation des déficits commerciaux et par une diminution, à moyen terme, de la croissance française.
Rappelons que la croissance est avant tout fonction de l’investissement et de la régularité de celui-ci. Si la Chine a un taux de croissance de 10 % à 12 %, c’est parce qu’elle investit 50 % de son produit intérieur brut. Lorsque vous investissez moins de 8 % ou 10%, vous ne progressez pratiquement plus.
Ne serait-ce que sur ce point, la crise aura été un électrochoc positif pour notre pays dans notre rapport à l’investissement et à l’avenir de notre production et de notre recherche.
La crise qui nous touche actuellement peut trouver ses origines dans la conjonction de trois phénomènes : d’abord, naturellement, la crise bancaire et financière née cet été aux États-Unis ; ensuite, la légère récession provoquée par la hausse vertigineuse des prix du pétrole, des matières premières, du blé et du lait ; enfin, la très lente évolution d’un système marqué depuis 1972 par une série de crises et par la fin du plein emploi.
Il apparaît aujourd’hui comme de plus en plus évident que l’ensemble de nos économies paie la conséquence d’une certaine immoralité, dans les pratiques bancaires, immobilières ou encore assurantielles.
Les États-Unis ont souhaité renforcer le capitalisme en incitant chacun à devenir propriétaire, sans limite et sans encadrement. Les banques ont prêté de 100 % à 120 % de la valeur du bien, persuadées de la hausse permanente de l’immobilier, et surtout persuadant les acquéreurs de ces mêmes prévisions. Au final, en 2007, 1, 7 million de familles ont été expropriées aux États-Unis.
Parallèlement, les rémunérations des traders et des directeurs de banque ont explosé ; les autorités de contrôle ont été défaillantes. On peut donc s’interroger sur la possibilité d’avoir un capitalisme véritablement éthique. L’ultralibéralisme, c’est le refus des règles. Or la crise actuelle et les solutions qui y sont apportées nous le prouvent : il est nécessaire que l’État soit un régulateur. Le plan de sauvetage des banques en France et en Europe, mais aussi aux États-Unis, démontre qu’en dernier ressort seul l’État doit garantir les dépôts bancaires.
Le « laisser-faire laisser-aller » ne peut plus, ne doit plus diriger notre politique économique. La réforme de la gouvernance dans tous ces secteurs est primordiale pour la bonne santé de notre économie. Notre assemblée a pu débattre la semaine dernière, sur l’initiative du groupe Union centriste, de la question du surendettement et de sa prévention. Nous sommes au cœur du même sujet, celui de la responsabilité des acteurs économiques et financiers.
Moralisation et responsabilisation sont les seuls mots d’ordre que l’on peut défendre si l’on veut sortir de la crise et ne pas y retourner.
Applaudissements sur les travées de l ’ Union centriste ainsi que sur le banc des commissions.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, ce projet de loi de finances rectificative présente, contrairement à celui que nous avions examiné en octobre et à celui dont nous devrions débattre en janvier, un caractère assez prononcé de loi de « constatation », forme d’état des lieux de la réalisation de la loi de finances initiale pour 2008.
Le collectif d’octobre, faut-il le rappeler, l’a privé d’une partie de sa portée, puisque dès l’adoption de ce texte l’aggravation du déficit public était pratiquement consommée, avec une dérive de plus de 8 milliards d’euros par rapport à la loi de finances initiale.
Le présent texte, quant à lui, consacre 2 milliards d’euros supplémentaires de déficit, portant celui-ci au-delà de la barre symbolique des 50 milliards d’euros, puisqu’il s’élève à 51, 4 milliards d’euros. Mais il est vrai que ce déficit peut sembler modeste au regard de celui de 2009, qui dépassera très largement toutes les prévisions, pour atteindre 79, 3 milliards d’euros.
À l’examen des données de ce collectif, la sincérité du budget de 2008 est sérieusement sujette à caution.
Je citerai les propos de M. le rapporteur général dans son rapport écrit : « Dans son rapport sur les mouvements de crédits opérés par voie administrative dont la ratification est demandée dans le projet de loi de finances rectificative, la Cour des comptes souligne, comme votre commission des finances, “ au-delà de certains progrès réalisés vers une budgétisation plus exhaustive en loi de finances initiale […] les défaillances manifestes et persistantes de la budgétisation en loi de finances initiale”.
« Elle considère que les sous-évaluations ayant donné lieu à des ouvertures de crédits supplémentaires par décret d’avance s’établissent en 2008 à environ 1, 1 milliard d’euros. Ce montant ne prend pas en compte les ouvertures proposées par le présent projet de loi de finances rectificative. Or une large part des 1, 1 milliard d’euros d’ouvertures de crédits de paiement correspond également à ce cas de figure. Ainsi, la Cour des comptes considère que d’autres sous-évaluations de crédits ouverts en loi de finances initiale pour 2008 nécessiteront un abondement d’ici à la fin de l’exercice, ou entraîneront des reports de charges importants sur l’exercice 2009. Elle relève ainsi 4, 6 milliards d’euros au titre des montants restant à payer aux régimes de la sécurité sociale, dont seulement 1, 5 milliard d’euros ont fait l’objet de mesures proposées dans le projet de loi de finances rectificative pour 2008. »
On peut d’ailleurs considérer que notre collège M. Vasselle aura du mal à obtenir gain de cause par rapport à ces équilibres.
Et M. le rapporteur général poursuit :
« La Cour des comptes, comme votre commission des finances, regrette que plusieurs de ces insuffisances n’aient pas été corrigées dans le projet de loi de finances pour 2009. Elle les estime à 4, 6 milliards d’euros, dont 3 milliards d’euros au titre des montants restant à payer aux régimes de la sécurité sociale. On relève ainsi les crédits consacrés aux contributions internationales, la prime de Noël des bénéficiaires du RMI, l’allocation aux adultes handicapés et les opérations extérieures.
« Au final, la Cour des comptes relève que “ la détermination des crédits inscrits dans la loi de finances initiale se caractérise par des défaillances réitérées, sur des dotations dont les besoins sont pourtant bien connus, alors que les insuffisances de crédits qui en résultent sont significatives au regard du solde figurant dans la loi de finances. Ce constat est d’autant plus préoccupant que les montants concernés serviront de base à l’établissement d’un budget triennal ”. » Notre collègue est intervenu sur ce sujet tout à l’heure.
« On doit donc se demander pourquoi les remarques réitérées et convergentes des commissions des finances des deux assemblées et de la Cour des comptes ne conduisent pas le Gouvernement à améliorer de manière notable la qualité de sa prévision budgétaire, en apurant de manière définitive les sous-budgétisations : les annonces de correction du Gouvernement, successivement formulées en loi de finances initiale pour 2008 et pour 2009, apparaissent à l’examen des décrets d’avance et du présent projet de loi de finances rectificative, particulièrement incomplètes. »
Je ne peux que partager ces réflexions de notre rapporteur général !
On peut donc se demander, mes chers collègues, pourquoi les lois de finances continuent à être votées par la majorité sans sourciller depuis 2002, alors que leur contenu est aussi peu proche de la réalité.
On peut également s’interroger sur l’estimation des remboursements de TVA, particulièrement ceux qui concernent les collectivités territoriales, dans la mesure où cette estimation est facile à anticiper. La sous-estimation semble d’ailleurs faire sentir ses effets, puisque les délais de versement se sont allongés, selon les informations que j’ai recueillies auprès de nombreux collègues.
Il faudrait sans doute aussi s’interroger sur la consistance des prévisions économiques retenues pour cadrer les lois de finances, ou encore sur le contenu des mesures d’allègement fiscal régulièrement présentées en pareil cas. Ces mesures d’allégement fiscal prospèrent au détriment des recettes du budget, sans que l’on en mesure l’efficacité.
Si l’on écoute certains, la crise économique que nous traversons aurait pris tout le monde au dépourvu et revêtirait une forme particulièrement inattendue.
Pourtant, avant que les châteaux de cartes de Wall Street s’écroulent sous les effets de la crise des subprimes, la situation économique et sociale n’était pas si florissante que cela. Ne comptions-nous pas, depuis de trop longues années, plus de deux millions de travailleurs officiellement sans emploi ? Sans compter tous ceux qui ont été judicieusement retirés des statistiques ! Ne comptions-nous pas huit ou neuf millions de travailleurs sous-payés, au point que vous avez estimé nécessaire de leur accorder une « petite » prime pour l’emploi, afin de compenser la faiblesse de leur rémunération ?
N’étions-nous pas aussi en présence de milliers et de milliers de mal logés ? Un bon tiers de nos compatriotes n’étaient-ils pas dans l’incapacité de se soigner, faute de couverture santé complémentaire leur permettant de faire face aux multiples accroissements de la part de frais médicaux laissée à la charge des assurés ? N’y avait-il plus de plans sociaux, de plans de restructuration mettant en cause l’emploi et l’activité industrielle dans de nombreux bassins d’emploi, toujours plus sinistrés ?
Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, la faiblesse de la croissance constatée en 2007 et le sensible ralentissement de l’activité en 2008 n’ont pas attendu que M. Madoff voie son escroquerie démasquée, ni que Freddie Mac et Fannie Mae soient rachetés par l’État américain pour éviter le dépôt de bilan.
En effet, malgré les annonces et les attentes du présent Gouvernement, la croissance n’est pas au rendez-vous, et ce depuis la fin de l’hiver 2007–2008.
Le fait que Dexia soit dans les plus grandes difficultés, que des centaines d’emplois soient sur la sellette dans de nombreuses d’entreprises, depuis PSA à Renault, en passant par Amora ou Sanofi-aventis, a beaucoup à voir avec les choix de gestion et les orientations politiques mises en œuvre de longue date et amplifiées depuis le printemps 2007.
Le déficit budgétaire dont fait état le présent collectif n’est donc pas fortuit : il est le résultat de choix budgétaires qui ont, pour l’essentiel, accentué les effets de la crise économique et sociale qui couvait bien avant la chute du Dow Jones, du Dax ou du CAC 40.
Ce collectif budgétaire résulte du désastre fiscal de la loi TEPA, des choix opérés dans la loi de finances initiale pour 2008 et de cette obsession permanente qui anime depuis 2002 la gestion des gouvernements de droite de notre pays.
Ces choix sont connus : austérité budgétaire sur les dépenses publiques dont on cherche à réduire sans arrêt le montant, à la demande expresse des milieux patronaux ; cadeaux fiscaux divers présentés au nom du soutien à l’économie ; exonérations de cotisations sociales ; sans oublier cette incapacité à prendre réellement en compte les aspirations du plus grand nombre, et notamment celles du monde du travail.
Ces choix d’une politique de réduction des recettes fiscales pèsent lourd, aujourd’hui, dans ce déficit budgétaire, et entravent les capacités de l’État à intervenir pour engager une relance efficace.
Aucune mesure de défense du pouvoir d’achat n’est contenue dans cette loi. Il n’y a rien sur les salaires, sauf à demander aux agents du secteur public de voir leur progression indiciaire gelée, et peu de chose sur les revenus sociaux, à l’exception d’une prime de Noël parcimonieuse pour les bénéficiaires du RSA. Les services publics verront leurs moyens réduits, particulièrement dans l’éducation, alors que ce sont les meilleurs outils de réduction des inégalités, comme nous le rappelle l’étude de l’INSEE France, portrait social.
Quant au relèvement des retraites, il attendra sans doute le terme de la négociation sur la pénibilité du travail qui aurait dû s’engager depuis la réforme de 2003.
S’agissant des collectivités territoriales, auxquelles le Président de la République demande une mobilisation sans précédent, c’est toujours avec moins de moyens qu’elles devront agir ; le présent texte confirme cette démarche.
Vous l’avez compris, nous ne voterons pas ce projet de loi de finances rectificative.
Applaudissements sur les travées du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, ce projet de loi de finances rectificative pour 2008 s’inscrit dans un contexte tout à fait exceptionnel. Il s’agit, en effet, du deuxième collectif budgétaire de l’année. Le premier, intitulé « loi de finances rectificative pour le financement de l’économie », a en effet été promulgué le 16 octobre dernier, afin de prendre en urgence des mesures exceptionnelles de soutien au secteur financier, et par extension à nos entreprises. Ce second collectif précède en outre de quelques semaines seulement un troisième collectif annoncé en janvier prochain.
Trois collectifs en moins de quatre mois, c’est beaucoup, mais à situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle… La crise financière et économique mondiale nous impose une grande réactivité.
Ce projet de loi de finances rectificative comporte donc les traditionnelles et très diverses mesures d’ordre fiscal que nous rencontrons chaque année, aboutissement d’un travail de réflexion, mais aussi un certain nombre d’autres mesures introduites dans l’urgence afin de faire face à la crise que nous traversons.
Certes, il n’est jamais agréable de légiférer dans de telles conditions, mais, en ce domaine comme dans d’autres, vous le disiez, monsieur le secrétaire d’État, nécessité fait loi.
Ces mesures s’inscrivent donc naturellement dans le cadre du plan de relance pour l’économie annoncé à Douai par le Président de la République, le 4 décembre dernier. Alors que le collectif de janvier prochain sera destiné à financer les mesures budgétaires de ce plan de relance, le texte dont nous entamons l’examen aujourd’hui contient certaines des dispositions fiscales dudit plan.
Ainsi, le projet de loi initial, composé de 64 articles, a été considérablement étoffé à l’Assemblée nationale, avec l’adoption de 54 nouveaux articles, notamment issus d’amendements gouvernementaux ou de la commission des finances, visant à inscrire sans attendre ce volet fiscal du plan de relance dans le collectif.
Ces dispositions, destinées principalement à relancer les investissements, vont aussi avoir pour conséquence de creuser le déficit de 2009, qui s’annonçait déjà très élevé. Si cette idée ne réjouit bien évidemment personne, sur quelque travée que ce soit, il est cependant plus acceptable que le déficit se creuse en raison d’une politique d’investissement.
Je distingue en effet, comme M. le rapporteur général, le mauvais déficit, qui consiste à financer des dépenses de fonctionnement récurrentes, du déficit plus justifiable, pour ne pas dire bon, qui est axé sur le financement d’investissements générateurs de croissance, donc d’emplois.
M. le ministre du budget a annoncé hier que le déficit de la France atteindrait environ 80 milliards d’euros en 2009, soit près de 4 % du PIB. Il s’agit d’une forte augmentation par rapport au projet de loi de finances rectificative, qui porte, en 2008, le déficit budgétaire à 51, 4 milliards d’euros, ce qui constitue déjà une dégradation de 9, 7 milliards d’euros par rapport à la loi de finances initiale pour 2008 et de 2 milliards d’euros par rapport à la loi de finances rectificative pour le financement de l’économie du 16 octobre 2008.
Malgré tout, nous notons avec satisfaction que, conformément aux engagements du Gouvernement, l’objectif de maîtrise des dépenses est maintenu, en dehors de l’augmentation exceptionnelle et contrainte, à hauteur de 4 milliards d’euros, liée aux charges d’intérêt de la dette, contre laquelle nous ne pouvons rien.
Au-delà des dispositions, dont mes collègues du groupe UMP et moi-même nous félicitons, visant à l’amélioration de la sécurité juridique des contribuables, à la lutte contre la fraude fiscale ou encore en faveur du développement durable, nous nous réjouissons tout particulièrement des dispositifs de soutien aux investissements.
Ainsi, la mesure d’exonération de taxe professionnelle sur les investissements réalisés jusqu’au 31 décembre 2009 est une excellente initiative, même si les élus locaux peuvent s’inquiéter que l’on touche une nouvelle fois à la taxe professionnelle. Mais nous savons bien que le débat sur la nécessaire réforme des collectivités locales et de leur financement est ouvert et qu’il devra déboucher en 2009, après une remise à plat d’un système aujourd'hui à bout de souffle. Que les entreprises puissent être exonérées de la taxe professionnelle pendant ce temps réduit nous semble une bonne mesure.
L’accélération du remboursement aux entreprises des créances qu’elles détiennent sur l’État est une autre mesure intéressante : elle nous semble primordiale dans le contexte actuel où nos entreprises ont parfois du mal à assurer leur trésorerie auprès du système bancaire.
D’autres mesures fiscales du plan de relance économique du Président de la République, incluses dans ce collectif, devraient avoir un impact positif.
Je pense, par exemple, à la fin de l’inscription automatique des privilèges, à la majoration d’un demi-point des coefficients d’amortissement dégressif ou au doublement du prêt à taux zéro pour l’achat d’un logement neuf acquis en 2009.
Le groupe UMP se félicite également de la garantie apportée par l’État à un portefeuille de titres de la banque franco-belge Dexia. Elle devrait permettre de finaliser la cession à l’acquéreur américain de la compagnie d’assurances FSA, qui avait été acquise par Dexia et qui constituait clairement une activité nouvelle, mais à risque majeur, dans un contexte où les marchés ont considérablement évolué depuis le début de la crise financière internationale.
D’autres mesures de ce collectif, qu’il serait fastidieux d’énumérer, sont très intéressantes. Je souhaite néanmoins revenir sur certains dispositifs du texte qui ont appelé l’attention de notre groupe.
Il s’agit, par exemple, de la nouvelle aide exceptionnelle à l’investissement locatif, destinée à remplacer temporairement le dispositif Borloo-Robien. L’Assemblée nationale a en effet adopté un dispositif de crédit d’impôt de 25 % du prix de revient des logements, avec un plafond de 300 000 euros, soit une réduction d’impôt maximale par opération d’achat de 75 000 euros, étalée sur neuf ans, à raison de 15 000 euros la première année et de 7 500 euros pour chacune des années suivantes.
L’Assemblée nationale a retenu ce dispositif, de préférence au renforcement du régime Borloo-Robien qui était en cours de discussion. S’il est indéniable que ce nouveau système présente un avantage en termes de lisibilité, par le choix du crédit d’impôt, il vise surtout à inciter les investisseurs aux revenus moyens, qui s’étaient progressivement détachés de l’immobilier locatif, à revenir sur ce secteur.
Cependant, on peut craindre un effet d’aubaine sur les promesses d’achat de 2008, qui serait lié à l’application de la réduction d’impôt aux acquisitions signées en 2009, alors que, selon la commission des finances, il serait préférable de viser uniquement les promesses de vente signées à compter du 1er janvier prochain.
La question du coût de cette mesure est également posée. Elle devrait logiquement être plus onéreuse par appartement que le dispositif Robien-Borloo, mais, compte tenu de l’ampleur de la crise, l’efficacité ne doit-elle pas être le seul impératif ?
En effet – et ces chiffres sont très importants pour prendre la bonne décision – au cours des dernières années, sur 400 000 logements construits annuellement, entre 60 000 et 70 000 l’ont été dans le cadre des régimes fiscaux Borloo-Robien. Mais, en 2008, selon les estimations actuellement disponibles, seuls 20 000 à 30 000 logements pourraient être financés à ce titre. La chute est donc très importante ; celle de la dépense fiscale aussi.
Le débat actuel sur le choix de l’instrument fiscal le plus adapté pour soutenir et relancer le marché de l’immobilier locatif est donc un vrai débat. Il ne doit cependant pas nous conduire à adopter une mesure, certes transitoire, mais qui pourrait provoquer une certaine confusion entre ancien et nouveau dispositif, et dont le coût serait mal cerné.
Notre groupe souhaite donc que le Gouvernement puisse pleinement éclairer notre assemblée avant qu’elle ne se prononce.
L’autre sujet concerne la déliaison partielle des taux des impôts locaux. L’Assemblée nationale a rétabli la liaison entre le taux de taxe professionnelle et les taux des taxes sur les ménages. Au Sénat, nous y sommes fermement opposés.
La déliaison des taux est une revendication ancienne des élus locaux que nous sommes généralement et que nous représentons par ailleurs.
Le principe même de la liaison des taux est contestable puisqu’il repose sur une suspicion à l’égard des élus locaux, même si nous savons bien la raison pour laquelle celle-ci avait été instituée.
Aussi nous félicitons-nous que la commission des finances du Sénat souhaite revenir au mécanisme originel de la déliaison.
En revanche, le groupe UMP est plus réservé sur l’opportunité, envisagée par la commission, de supprimer l’article 6 du collectif, qui fixe le cadre budgétaire de gestion par l’État des quotas de CO2.
J’en suis certain, monsieur le rapporteur général !
Alors même que la présidence française vient d’obtenir un compromis historique en Europe pour l’adoption du paquet « énergie-climat » …
Oui, on peut le dire ! Même les socialistes ont salué l’action du Président de la République ; je les ai bien entendus, à Strasbourg. C’est suffisamment rare pour le souligner !
Tout le monde les a entendus : c’est un fait reconnu !
Alors même, disais-je, que la présidence française vient d’obtenir un compromis historique en Europe pour l’adoption du paquet « énergie-climat », il nous semble essentiel de préserver l’intégrité du dispositif proposé par le Gouvernement. Celui-ci évite, en effet, tout biais concurrentiel entre de nouvelles installations émettrices de C02 et celles qui sont déjà en place. Par ailleurs, il prépare le secteur électrique aux nouvelles règles qui seront en vigueur entre 2013 et 2020, tout en préservant la compétitivité de l’industrie française.
En conséquence, le groupe UMP se féliciterait de ce que M. le rapporteur général accepte, d’un œil bienveillant, de reconsidérer de manière favorable sa position sur ce point.
Enfin, le maire que je suis souhaite évoquer la question du traitement par les communes des demandes et de la délivrance des cartes nationales d’identité et des passeports.
Dans une décision de 2005, le Conseil d’État avait en effet indiqué que seule la loi pouvait confier aux maires la mission de recueillir les demandes de titres et de les délivrer. Or, en 1999 et en 2001, le Gouvernement avait confié cette mission aux maires par décret. Cette erreur de droit a été depuis lors source de nombreux contentieux, ayant entraîné des communes dans de longues procédures.
Les enjeux financiers pour l’État sont très importants.
À la suite de l’adoption à l'Assemblée nationale d’un amendement du Gouvernement, a été retenu le principe d’indemniser toutes les communes sur la base de 2 euros par titre émis ces quatre dernières années, sauf dans le cas où un contentieux est engagé et encore non tranché.
Cela permettra d’éviter que l’État n’indemnise deux fois une commune : la première par le biais du contentieux, la seconde via l’indemnisation.
Effectivement, la question se pose, monsieur le rapporteur général !
Notre groupe se félicite de ce que l’accord que vous avez proposé permette à toutes les communes de France d’être indemnisées pour le passé pour tous les actes émis, sur une base forfaitaire. Cet accord pourrait permettre de régulariser la situation juridique actuelle en donnant une base légale à la délivrance des titres d’identité par les maires, tout en sortant des contentieux.
M. Philippe Dallier. Pour conclure, et à l’aune des observations que j’ai formulées au nom du groupe UMP, nous voterons ce collectif budgétaire, que nous estimons sincère, pragmatique et réactif.
Applaudissements sur les travées de l ’ UMP et de l ’ Union centriste.
Monsieur le Président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, Henrik Ibsen écrivait : « Les champions de la finance sont comme les perles d’un collier, quand l’une d’elles tombe, les autres suivent ». Hélas ! en l’occurrence, ce ne sont pas de perles qu’il s’agit ! Mais cette allégorie illustre le développement de la crise financière que nous vivons depuis quelques mois ; la plus grave, disent les économistes, depuis celle de 1929, ce qui justifie notre perception pessimiste de la situation dans laquelle nous évoluons.
La crise bancaire et financière, originaire des États-Unis, a rapidement atteint toutes les places boursières et contraint les États à une grande réactivité pour tenter d’enrayer cette crise qui contamine désormais l’économie réelle, d’abord les entreprises, puis les personnes, par le chômage partiel ou les licenciements économiques, induisant une perte de revenus et une grande inquiétude.
Ce contexte exceptionnel nous amène à examiner le deuxième collectif budgétaire de l’exercice, très tôt après celui du 16 octobre dernier pour le financement de l’économie, qui avait pour objet d’apporter la garantie de l’État au système bancaire.
Le projet de loi de finances rectificative qui nous est soumis aujourd’hui s’applique à l’économie réelle et met en œuvre les premières mesures fiscales, d’un montant de 10, 5 milliards d’euros, soit près de la moitié du plan de relance de l’économie annoncé par le Président de la République le 4 décembre dernier. Il préfigure aussi le prochain collectif attendu en janvier prochain, dont le Conseil des ministres va délibérer ce vendredi.
Je reprendrai ici volontiers à mon compte une observation de M. le rapporteur général, partagée par la Cour des comptes, qui me semble très importante, concernant les sous-budgétisations de l’exercice 2008, lesquelles sont insuffisamment corrigées dans le projet de loi de finances pour 2009 et figurent dans le collectif. En tiendrez-vous compte, monsieur le secrétaire d’État ?
Si l’exercice est traditionnel, le contexte actuel exceptionnel fait de ce collectif budgétaire un instrument politique permettant de mettre en œuvre le plan de relance français.
Ce projet de loi de finances rectificative prévoit ainsi un déficit budgétaire de 51, 4 milliards d’euros, soit 10 milliards d’euros de plus que la loi de finances initiale. Combien de temps supporterons-nous ces déficits publics ? Quand retrouverons-nous l’équilibre budgétaire à ce rythme ?
Le déficit pour 2009 est évalué par le Gouvernement à 3, 1 points du PIB avant le plan de relance, mais à 5 points par la commission des finances.
De plus, le dépassement de la charge de la dette de 4 milliards d’euros, certes déjà pris en compte par le précédent collectif, s’ajoute aux 7 milliards d’euros de moins-values des recettes. Cela souligne combien subsistent d’incertitudes quant aux recettes ; il faut donc absolument « tenir » les dépenses.
Les prévisions de croissance sont partout revues à la baisse. Pour ce qui est de la France, la croissance était, par consensus, estimée à 1, 9 % en janvier et à moins 0, 6 % en décembre 2008. Pourquoi toujours tabler sur un taux de croissance positif, par essence optimiste ? Je renouvelle ma suggestion d’élaborer un budget basé sur une croissance zéro.
Le plan de relance voulu par le Président de la République est fondé sur l’investissement. Il déclarait le 4 décembre dernier : « La meilleure politique de relance possible, c’est celle qui soutient l’activité d’aujourd’hui et qui prépare la compétitivité de demain. […] La meilleure façon d’affronter la crise, c’est de la regarder comme l’exigence d’une formidable accélération de l’investissement » C’est en effet le moyen le plus vertueux pour relancer l’économie, car il ne relance pas les importations et donc favorise l’emploi.
Ce plan mobilise l’ensemble des instruments macroéconomiques, l’investissement public, en particulier celui des collectivités, comme la fiscalité des entreprises.
Le soutien de la consommation fait l’objet de débats. Parmi nos partenaires européens, seul le Royaume-Uni a pris la décision d’une baisse massive de la TVA. Une telle décision fait peser un risque majeur de détournement de l’effet de relance recherché vers l’importation des produits de consommation. Notre histoire économique nationale est trop ponctuée par cet effet pervers pour l’oublier. Plutôt que le levier de la consommation des ménages, c’est celui de l’épargne et de l’investissement qu’il convient d’actionner.
Il est donc positif que ce collectif budgétaire soutienne l’économie via l’aide aux entreprises, entre autres par des mesures de dégrèvement de la taxe professionnelle, à hauteur de la valeur locative des équipements et des biens immobiliers neufs acquis entre le 23 octobre 2008 et le 31 décembre 2009, ainsi que par l’exonération de la taxe professionnelle des investissements réalisés sur la même période.
Il faut de même souligner que ce collectif ne perd pas de vue l’impératif de développement durable et concerne ainsi les populations et les territoires fragilisés, comme les zones touchées par le redéploiement des armées. Les mesures prises sont « ciblées, rapides et temporaires » ; elles coûtent ponctuellement, mais n’engagent pas sur le long terme : elles n’hypothèquent pas l’avenir.
Comme l’indique notre rapporteur général, « une relance est deux fois plus efficace, pour la France, si elle est réalisée au niveau de l’ensemble de l’Union européenne que si elle est réalisée seulement en France ».
Si nos voisins européens ont voulu être aussi réactifs que nous, ils n’ont pas toujours fait exactement les mêmes choix, car chaque situation économique et budgétaire est spécifique. Le déficit public de l’Allemagne est nul et celui de l’Espagne est de 1, 6 point de PIB. Ces pays disposent donc de marges de manœuvre, ce qui n’est le cas ni de la France ni du Royaume-Uni, dont les déficits sont de 3 et 4 points de PIB.
Les montants des plans de relance respectifs sont donc très divers : ils représentent ainsi 0, 4 point de PIB pour l’Italie, 1, 7 pour l’Espagne, 1, 3 pour la France, qui se situe donc dans la moyenne.
Il faut le répéter, la coordination entre les États membres et l’Union européenne est un impératif pour définir des principes clairs et des mesures coordonnées à l’échelle de l’Union européenne. L’intervention des gouvernements a été globalement coordonnée et a permis de réagir dans l’urgence, notamment sous l’impulsion du Président Nicolas Sarkozy, comme chacun a pu le reconnaître.
Cette unité des Européens face à la crise financière mondiale a démontré son efficacité par l’adoption du plan d’action par le Conseil et par la représentation de l’Union européenne au G20 à Washington, en novembre dernier, où les positions européennes de transparence et de responsabilité du fonctionnement du système financier mondial ont prévalu.
Le directeur général du Bureau international du travail, Juan Somavia, a, lui aussi, exprimé un point de vue convergent : « Nous subissons les spasmes d’un système financier qui a perdu le cap sur le plan éthique. Nous devons revenir à la fonction première et légitime de la finance, qui est de promouvoir l’économie réelle, de prêter aux entrepreneurs qui investissent, innovent, créent des emplois, produisent. Le temps est à l’audace, la pensée et l’action innovantes, pour répondre aux immenses défis qui sont devant nous. »
Le collectif qui nous est soumis ne constitue que l’amorce de cette feuille de route. Il faut souhaiter que le début de l’année 2009 nous permette de remettre l’économie sur les rails de la croissance et de l’emploi, après avoir « purgé » le système financier de ses inquiétantes faiblesses structurelles.
Le Président de la République a souhaité de grandes ambitions pour l’Europe qui effacent les égoïsmes nationaux ; ces ambitions peuvent aussi s’appliquer à la France pour supprimer les corporatismes en cette période de crise.
Je voterai le projet de loi de finances rectificative pour 2008.
Applaudissements sur diverses travées de l ’ UMP et de l ’ Union centriste.
Monsieur le président, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur général, mesdames, messieurs les sénateurs, je vais m’efforcer d’organiser ma réponse en fonction des différentes questions qui ont été posées.
Je remercie le rapporteur général, Philippe Marini, Philippe Dallier et Aymeri de Montesquiou d’avoir salué la réactivité avec laquelle le Président de la République et le Gouvernement agissent face à cette crise qui appelle des mesures rapides.
Dans ces circonstances, malgré les différences de clivage, nous savons agir collectivement au service de nos concitoyens. La réponse que nous avons apportée ensemble à la crise financière est, de ce point de vue, exemplaire.
En revanche, le plan de relance de l’économie que nous sommes en train de mettre en œuvre, et ce pour partie dès ce collectif, fait ressortir davantage de divergences entre les groupes de votre assemblée.
Premièrement, nul ne conteste la nécessité d’accentuer l’effort d’investissement dans le contexte actuel.
La priorité affichée en faveur de l’investissement, qu’il soit réalisé directement par l’État ou par ses opérateurs, ou bien encore par les entreprises publiques, témoigne d’un choix clairement assumé.
L’investissement nous aide non seulement à faire repartir la machine économique, mais aussi à mieux préparer l’avenir et la compétitivité de nos entreprises pour demain, à la sortie de la crise. Pour reprendre l’expression de M. le rapporteur général, c’est de la « bonne dette ».
M. le rapporteur général sourit.
Deuxièmement, l’accent mis sur l’investissement ne doit pas faire oublier l’effort considérable déjà réalisé en faveur de la demande et du soutien au pouvoir d’achat des Français.
Je souhaite répondre à Mme André et à Mme Beaufils : le Président de la République et le Gouvernement ne sont pas restés inactifs ! Qui peut dire que la politique de soutien du revenu est inexistante quand l’ensemble des transferts sociaux - retraites, famille, logement, chômage – va augmenter de 4, 5 % en 2009 ? Ce sera presque trois points de plus que l’inflation.
Au-delà des chiffres, je citerai des mesures concrètes : la revalorisation de l’allocation aux adultes handicapés, l’AAH, du minimum vieillesse cet automne ; la mise en place du revenu de solidarité active, le RSA, et son anticipation par le versement de la prime de solidarité active de 200 euros au printemps prochain ; le doublement du prêt à taux zéro, le PTZ, et l’aide au financement de 30 000 Pass fonciers pour soutenir les Français dans leur projet d’accession sociale.
Pourquoi toujours revenir sur la loi TEPA ? Qui peut aujourd’hui critiquer ces quatre lettres, initiales des mots : travail, emploi, pouvoir d’achat ?
Mme Marie-France Beaufils s’exclame.
Il serait irresponsable de la remettre en cause alors que nous connaissons une crise sans précédent.
Madame André, nous avons eu plusieurs débats sur les heures supplémentaires. Ce sont 6 millions de salariés qui en bénéficient. Voilà une bonne mesure pour le pouvoir d’achat !
Contrairement à ce que vous indiquez, madame la sénatrice, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, la DARES, estime que la mesure a conduit à accroître le volume d’heures supplémentaires effectuées de 40 %.
Concernant le crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunts, tous les observateurs reconnaissent que cette mesure, prise en 2007, est aujourd’hui bienvenue compte tenu de l’état du marché immobilier.
Pour le plan de relance et de soutien des finances publiques, j’aimerais répondre aux inquiétudes qui ont été exprimées, notamment par Christian Gaudin.
Ce plan de relance est à la mesure des enjeux de la crise…
… et - il n’y a malheureusement pas de surprise – sa traduction sera visible dans la dégradation du déficit que nous enregistrerons en 2009. Vous en avez eu, hier, un aperçu en votant définitivement la loi de finances pour 2009.
En même temps, il faut être très clair : ce n’est pas un chèque un blanc pour l’avenir. Les 26 milliards d’euros mobilisés dans ce plan servent à financer des mesures de trésorerie particulièrement cruciales pour les entreprises dans la conjoncture actuelle, mais ce sont des mesures temporaires.
Ce plan permet aussi de financer de l’investissement qui viendra soutenir la croissance potentielle de notre économie.
Enfin, la réalisation des gains de productivité de l’État, l’amélioration de l’efficacité de la dépense publique demeurent nos objectifs : le plan n’affecte pas nos efforts structurels d’assainissement des finances publiques. Ainsi, le déficit public atteindrait 3, 9 points de PIB en 2009, mais notre déficit resterait proche de 1 point de PIB en 2012 ; c’est là l’essentiel !
Monsieur de Montesquiou, vous avez proposé d’élaborer le budget sur une croissance zéro afin d’éviter de tomber dans des prévisions exagérément optimistes. Je ne crois pas que l’on puisse reprocher ce travers au Gouvernement.
Nous avons construit en septembre le projet de loi de finances pour 2009 sur la base d’une croissance prudente, à l’époque, de 1 % et sur l’hypothèse d’une élasticité unitaire des recettes fiscales. À la suite de l’évolution de la conjoncture des derniers mois, nous avons actualisé les prévisions de recettes fiscales et nous en avons tiré les conséquences dans le collectif que nous examinons aujourd’hui et dans la loi de finances pour 2009 qui a été votée définitivement hier soir.
En ce qui concerne la sincérité de la budgétisation en 2008 et 2009, j’aimerais, là encore, réagir aux interventions de Mmes André et Beaufils, mais aussi à la question posée par M. de Montesquiou.
Votre critique sur la sincérité de la budgétisation en 2008 et, dans le prolongement, en 2009, s’appuie notamment sur l’analyse que la Cour des comptes a reproduite dans son rapport, remis parallèlement au collectif.
Il y a notamment un vice dans le raisonnement qui consiste à comptabiliser dans le recensement des insuffisances de la loi de finances initiale les dettes de l’État constituées au titre des exercices antérieurs. Cette critique ne traduit pas la réalité des efforts engagés depuis l’an dernier par le Gouvernement. Je ne dis pas que tout est parfait – vous l’avez vous-même noté–, mais l’honnêteté oblige à dire que beaucoup a été fait.
Là où, par défaut d’ouverture de crédits, nous avions enregistré sur la seule année 2007 une dette record de 1, 7 milliard d’euros vis-à-vis de la sécurité sociale, nous ouvrons dans le collectif, monsieur Vasselle, 0, 8 milliard d’euros de crédits, sans compter les progrès accomplis dès la construction du projet de loi de finances pour 2008.
Les efforts ont été accentués dans le budget pluriannuel pour 2009-2011. La budgétisation du projet de loi de finances pour 2009 a donné lieu à une remise à niveau de plus de 1, 1 milliard d’euros en faveur de dotations chroniquement sous-budgétisées. Nous continuerons à faire mieux.
Je remercie M. Vasselle d’avoir souligné le souci qui nous anime d’améliorer les relations financières entre l’État et la sécurité sociale, en effectuant un réel effort sur la budgétisation des dotations versées à la sécurité sociale. Globalement, nous aurons stabilisé la dette État-sécurité sociale en 2008.
Mme Morin-Desailly et M. Retailleau ont évoqué la question de l’indexation de la redevance audiovisuelle.
Cette mesure, compte tenu des retards pris dans la discussion du projet de loi sur l’audiovisuel, est maintenant intégrée dans le présent collectif. Défendue depuis longtemps par certains d’entre vous, elle constituera une ressource additionnelle de 40 millions d’euros pour les organismes de l’audiovisuel.
Il importe de respecter un équilibre : nos concitoyens comprendraient que l’on indexe la redevance sur le coût de la vie, mais pas que l’on en augmente le taux.
Mme Morin-Desailly s’est intéressée aux sociétés pour le financement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle, les SOFICA, et je la remercie de ses propos. C’est effectivement un outil utile que le Gouvernement souhaite préserver et prolonger.
Sur le mécénat des entreprises individuelles, le Gouvernement aurait préféré que l’on s’en tienne à son texte, très favorable, mais je comprends votre point de vue, et le Gouvernement s’y ralliera.
Monsieur Retailleau, sur le numérique, qui vous est cher, le Gouvernement partage votre préoccupation. Nous sommes parvenus à un bon équilibre avec la création d’un droit de communication sur les opérateurs internet. Les propos de M. le rapporteur général me semblent présager une discussion féconde et peut-être une issue heureuse s’agissant de l’amendement de la commission.
Monsieur Dallier, j’ai bien noté que vous étiez favorable à l’article 6 du projet de loi de finances rectificative sur la création du compte de commerce pour la gestion des quotas de CO2. C’est en effet une mesure très importante, qui s’inscrit pleinement dans la lignée de l’accord, historique, sur le paquet « énergie-climat » du dernier Conseil européen. Je soutiendrai votre appel au rapporteur général pour qu’il modifie – éventuellement §(M. le rapporteur général sourit) – sa position lorsque le débat nous donnera l’occasion de revenir sur cette question.
Je vous remercie aussi du soutien que vous et votre groupe apportez à la solution proposée par le Gouvernement pour mettre un terme à la situation juridiquement instable du traitement des cartes d’identité et passeports, solution dont les communes pourront aussi être bénéficiaires.
Enfin, monsieur le président, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le rapporteur général, mesdames, messieurs les sénateurs, je vous remercie de votre participation à ce débat.
Applaudissements sur les travées de l ’ Union centriste et de l ’ UMP, ainsi que sur certaines travées du RDSE.
Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?…
La discussion générale est close.
Je suis saisi, par MM. Vera et Foucaud, Mme Beaufils et les membres du groupe Communiste, Républicain, Citoyen et des Sénateurs du Parti de Gauche, d'une motion n°155.
Cette motion est ainsi rédigée :
En application de l'article 44, alinéa 3, du règlement, le Sénat décide qu'il n'y a pas lieu de poursuivre la délibération sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, de finances rectificative pour 2008 (n° 134, 2008-2009).
Je rappelle que, en application de l’article 44, alinéa 8, du règlement du Sénat, ont seuls droit à la parole sur cette motion l’auteur de l’initiative ou son représentant, pour quinze minutes, un orateur d’opinion contraire, pour quinze minutes également, le président ou le rapporteur de la commission saisie au fond et le Gouvernement.
En outre, la parole peut être accordée pour explication de vote, pour une durée n’excédant pas cinq minutes, à un représentant de chaque groupe.
La parole est à M. Bernard Vera, auteur de la motion.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, face à la crise économique qui s’approfondit et dont les caractères sont chaque jour de plus en plus marqués, que faut-il faire ? À notre sens, c’est en répondant à cette question, simple et complexe à la fois, que le présent collectif budgétaire aurait dû être conçu.
Comme cela a été rappelé lors de la discussion générale, ce projet de loi est pratiquement un texte de circonstance, une forme d’exercice obligé. Il est en effet « coincé » entre le collectif d’octobre, qui comprenait le dispositif à 360 milliards d’euros de sauvetage de la rentabilité de nos établissements bancaires, et le collectif de janvier, qui comportera, nous dit-on, une part importante du « plan de relance » annoncé par le Président de la République.
Nous serions donc en face d’une simple décision modificative, soldant les comptes de l’exercice 2008 tels que la situation économique les a modifiés au regard de ce qui était prévu. Mais alors, pourquoi ce texte quasi ordinaire, appartenant au rituel parlementaire de fin d’année civile, est-il passé de 64 articles initialement à 117 ?
Que contient donc ce projet de loi de finances rectificative qui montre que l’ordre des priorités en période de crise ne doit pas être le même pour tout le monde ?
On pourrait commencer par l’article 7, qui nous ramène au débat de la loi TEPA puisqu’il enregistre l’échec relatif du recours aux heures supplémentaires défiscalisées que l’article 1er de cette loi visait à encourager.
Donc, il y aurait 1 milliard d’euros de ressources disponibles, au seul motif que le nombre d’heures supplémentaires déclarées par les entreprises serait inférieur aux prévisions d’au moins 20 % !
Il est vrai que, ces temps-ci, on parle plutôt de chômage partiel que d’heures supplémentaires dans les grandes entreprises. En tout cas, il est sûr que les effets de la loi TEPA sont réduits d’autant pour ce qui concerne les salariés. Pourtant, que ne nous avait-on pas dit sur la réhabilitation du travail et sur la nécessité d’accroître la durée de travail des salariés de ce pays !
La vérité, comme nous l’avons vu dans le collectif de 2007 et depuis, c’est que les seules dispositions de la loi TEPA qui ont trouvé pleinement à s’appliquer sont celles qui sont relatives à la réforme des donations et celles qui permettent aux contribuables de l’ISF de payer moins d’impôt !
Dans ce climat général, vous reconnaissez avec l’article 7 que c’est non pas le travail qui a le plus bénéficié de la loi TEPA, mais bien plutôt la rente et le capital.
Comme la discussion à l’Assemblée nationale l’a montré, le Gouvernement a modifié le contenu du projet de loi en y intégrant quelques-unes des dispositions du plan de relance, en tout cas celles qui présentent a priori un caractère fiscal assez marqué.
En particulier, l’article 18 quater, quivise à mettre en œuvre une forme de « super Robien », conduit à l’ouverture d’une réduction d’impôt sur le revenu de 75 000 euros à répartir sur neuf ans, avec 15 000 euros la première année et 7 500 euros les huit suivantes. À qui s’adresse donc ce dispositif, dont le coût estimé pour 2009 se situerait aux alentours de 675 millions d’euros, c’est-à-dire juste 70 millions de plus que ce que le budget de la mission « Ville et logement » va consacrer à la construction de logements locatifs sociaux ?
Rien n’assure que les locataires des logements construits sous ce régime seront nécessairement les personnes les plus en difficulté en matière de logement. Il semble bien, en effet, que ce sont les mêmes locataires que ceux qui sont logés dans les logements « Robien » qui sont visés.
En clair, alors que le « Robien » comme le « Borloo », sont d’ores et déjà saturés, on met en place un dispositif de même nature et d’un coût particulièrement élevé pour les finances publiques.
Ce ne sont donc pas les sans-abri qui seront logés dans ces logements !
En revanche, il est évident que le produit fiscal ainsi proposé s’adresse de manière prioritaire aux ménages les plus aisés, pour certains touchés par les pertes boursières enregistrées récemment.
Qui, en effet, paie 15 000 euros d’impôt sur le revenu ? Tout simplement des contribuables déclarant un revenu imposable proche de 67 650 euros annuels, c’est-à-dire de plus de 6 200 euros mensuels de revenu net. Nous nous sommes reportés aux statistiques de la Direction générale des finances publiques : cette situation de revenus concerne environ 2 % des contribuables de l’impôt sur le revenu.
Par conséquent, ce n’est pas une solution au problème du logement qui se détermine avec cet élément du « plan de relance » ; c’est une solution immédiate au problème du rendement de l’épargne des ménages les plus favorisés que l’on conçoit ainsi.
De fait, le dispositif mis en place à l’article 18 quater vise, ni plus ni moins, qu’à continuer de développer l’optimisation fiscale en lieu et place du soutien direct à l’activité économique, d’autant que, comme le souligne le rapport général, nombreux seront les spécialistes du placement à conseiller utilement les « épargnants » dans l’utilisation de leurs disponibilités.
On va donc donner un coup de pouce supplémentaire aux spécialistes de la dépense fiscale, aux experts en montages financiers et immobiliers à fort rendement, et la mesure aura d’autant plus de portée et de pertinence que le contribuable « investisseur » pourra engager jusqu’au plafond de 300 000 euros.
Quant aux petits épargnants, ils pourront toujours trouver leur bonheur dans la souscription de parts de sociétés civiles de placement immobilier.
Malgré les précautions énoncées dans le rapport général, les vendeurs de logements sur plan ont donc encore de beaux jours devant eux !
Comme si ce très gros coup de pouce à l’investissement immobilier ne suffisait pas, on ajoute une mesure pour les donations et les successions, en l’occurrence sur les transmissions de parts de groupement foncier agricole ou de baux ruraux. Encore une disposition qui n’a été aucunement expertisée, dont le coût n’est pas chiffré et qui ne s’applique qu’à un nombre réduit de contribuables.
De la même manière, l’une des mesures fortes du collectif est la nouvelle mise en cause de la taxe professionnelle par l’instauration d’un dispositif d’exonération des nouveaux investissements. Voici encore un dispositif qui va priver les collectivités locales de ressources fiscales importantes, sans qu’il soit clairement établi que des mesures analogues aient eu le moindre impact sur la situation économique.
Le plafonnement à la valeur ajoutée de la taxe professionnelle ne semble pas, par exemple, empêcher l’annonce de plans sociaux massifs, non plus que la réduction de l’utilisation des capacités de production que l’on observe ces temps derniers.
L’outil de la dépense fiscale, ici encore sollicité, n’est pas un bon outil pour la relance de l’activité économique.
Le coût théorique de la mesure prévue par l’article 18 se situerait aux alentours de 1 200 millions d’euros en année pleine. Une telle somme est de peu de portée au regard du produit intérieur brut marchand et donc sur la situation réelle des entreprises, mais elle est d’un poids important pour les finances publiques puisqu’elle majore de plus de deux points le déficit de l’État. Et pour quel résultat ?
On peut d’autant plus légitimement s’interroger qu’aucune disposition ne nous prémunit contre des investissements qui consisteraient à substituer du capital matériel à des emplois.
Ce dispositif est un moyen de plus de « miner » le débat sur la taxe professionnelle et il pourrait aussi se révéler être un outil de financement des suppressions d’emploi et de cette exténuante recherche de la rentabilité du capital que mènent les grands groupes capitalistes.
Alléger aujourd’hui la taxe professionnelle, c’est conduire encore et toujours les comptes publics dans l’ornière des mesures fiscales coûteuses et inefficaces.
Bien entendu, puisqu’il s’agit d’un collectif budgétaire, le projet de loi comporte également des mesures sur l’affectation des crédits publics et intègre donc de nombreuses annulations des montants votés lors de la loi de finances initiale. C’est ainsi que plusieurs dizaines de millions d’euros sont encore distraits des crédits de la mission « Ville et logement », avec une chute de 130 millions d’euros des crédits pour le programme « Rénovation urbaine » et de 170 millions d’euros pour le programme « Développement et amélioration de l’offre de logement ».
De même, pendant que les suicides se font de plus en plus fréquents dans nos établissements pénitentiaires, plus de 65 millions d’euros de crédits du ministère de la justice sont supprimés au titre de l’annulation de la réserve de précaution, réserve de précaution qui, de manière générale, est d’ailleurs complètement annulée au sein des différentes missions budgétaires. De fait, quand nous votons une loi de finances, nous votons de manière systématique la mise en réserve de crédits qui, dans tous les cas, ne seront pas ordonnancés.
Je ne reviendrai pas sur le contenu des ouvertures de crédits, faisant en général bonne place aux insuffisances manifestes de crédits de paiement en loi de finances initiale.
Pour conclure, au sein des mesures contenues dans ce collectif, fort éloigné des besoins de la population de notre pays, j’évoquerai le système mis en place pour Dexia.
Conformément aux dispositions du collectif budgétaire d’octobre, que notre groupe a eu raison de rejeter, la garantie de l’État est appelée à jouer sur une partie des engagements de la banque franco-belge, confrontée à des difficultés importantes.
Tout laisse à penser que cette garantie aura probablement un coût particulièrement élevé. Il est en effet question d’un engagement proche de 4, 7 milliards d’euros si Dexia enregistre une perte significative sur les actifs qu’elle sera amenée à céder dans le cadre de son plan de redressement.
Une telle mesure montre avec éclat ce que signifie le plan de sauvetage du secteur financier qu’on nous a fait voter à la hâte en début de session parlementaire.
L’État n’aurait pas 300 millions d’euros à affecter au logement social, mais il aurait seize fois plus de ressources à consacrer à la préservation d’une banque dont la privatisation a manifestement constitué un échec coûteux pour les finances publiques.
Il est de plus à craindre que Dexia ne cherche à se refaire une santé sur le dos des collectivités locales, en majorant de manière sensible sa marge financière, tirant en cela parti de la réduction du taux directeur de la BCE.
Dans tous les cas, ce sont les Françaises et les Français, contribuables locaux ou nationaux, qui seront victimes de ces procédures.
Pour l’ensemble de ces motifs, nous ne pouvons évidemment que vous proposer l’adoption de cette motion tendant à opposer la question préalable à l’examen du projet de loi de finances rectificative pour 2008.
Applaudissements sur les travées du groupe CRC-SPG.
La commission a consacré déjà beaucoup de temps et de travail à la préparation de cette discussion. Elle s’est efforcée d’approfondir à la fois les initiatives du Gouvernement et, déjà, celles de nos nombreux collègues, y compris ceux du groupe CRC-SPG, qui ont déposé des amendements. Il serait dommage que ce travail ait été effectué en pure perte. Or si nous votions la motion qui est présentée, nous ne pourrions pas donner suite à nos réflexions et à nos propositions.
Au demeurant, la commission a elle-même déposé un certain nombre d’amendements pour améliorer le texte, pour concrétiser diverses propositions, pour défendre, le cas échéant, les collectivités locales qui ont besoin de l’être. Ainsi – et je m’en tiendrai à cet exemple –, s’agissant de la question des papiers d’identité, les positions que nous allons mettre au point ne seront pas forcément indulgentes pour l’État, monsieur le secrétaire d'État !
En conséquence, renoncer à examiner le texte serait regrettable, car ce serait frustrer à la fois nos collaborateurs, les membres de la commission, un très grand nombre de sénateurs, en même temps que contraire aux intérêts légitimes que nous nous apprêtons à défendre.
Pour l’ensemble de ces raisons, nous ne pouvons pas suivre le groupe CRC-SPG et nous appelons au rejet de la motion.
J’émettrai un avis conforme à celui de la commission, monsieur le président.
Monsieur le secrétaire d'État, vous avez fait grand cas du plan annoncé le 4 décembre à Douai par le Président de la République pour justifier le dérapage du déficit budgétaire, qui, consolidé avec le déficit de la sécurité sociale, pourrait, du fait des pertes de recettes, approcher 5 % de la production intérieure brute en 2009. Autant le dire, nous ne nous réjouissons pas de ces chiffres.
Toutefois, malgré l’appréciation laudative que vous en avez faite, nous contestons la faculté de ce plan à relancer l’activité à court terme et à préparer l’avenir, et ce pour trois raisons.
Premièrement, la mécanique du crédit continue de se dérégler. Les banques n’ont pas nettoyé leur bilan, et chaque semaine apporte de mauvaises nouvelles sur les créances douteuses qu’elles possèdent. Le plan de relance ne suffira pas à enrayer les difficultés de paiement. Nous l’avions dit quand nous avons débattu du plan d’urgence, lors de l’examen du premier collectif budgétaire pour 2008 : en ne s’impliquant pas dans les banques qu’il décide d’aider soit par recapitalisation directe, soit par une présence dans le conseil d’administration, l’État se prive de toute possibilité d’action.
Deuxièmement, la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne se révèle impuissante à pallier l’enrayement du crédit.
Enfin, troisièmement, le plan présenté le 4 décembre dernier est trop modeste s’agissant de la demande et peu utilement orienté. Il ne prend pas la mesure d’une récession qui sera autrement plus sévère que celle de 1993.
Le Président de la République et le Gouvernement font le pari risqué d’une récession courte, et de faible ampleur. Il aurait fallu que ce plan soit plus équilibré, notamment en utilisant l’arme fiscale en faveur des ménages les plus modestes. Mais, par idéologie, vous ne renoncez à aucune des mesures fiscales improductives prises en 2007.
Quant aux dispositions dont vous avez loué l’efficacité à la tribune et qui seraient favorables aux investissements au travers des avances de trésorerie de l’État, ces sommes auraient dû, de toute façon, être versées en 2009.
S’agissant des 11, 5 milliards d’euros affectés aux programmes d’investissement public gelés jusqu’à présent, ils ne peuvent être assimilés à une relance pour 2009 ; tout au plus limiteraient-ils les chutes de l’activité en 2010 et 2011.
En fait, ce collectif budgétaire ne passera pas l’année 2008. Le vrai rendez-vous ne sera pas forcément le premier collectif de 2009, que le ministre des comptes publics présentera demain matin au conseil des ministres ; il pourrait bien être suivi d’un autre.
Si l’on ajoute à cela l’insincérité des comptes, mise en relief par la Cour des comptes dans son rapport préalable à ce projet de loi de finances rectificative, la motion présentée par nos collègues du groupe CRC-SPG n’est pas infondée. Nous souhaitons cependant défendre nos amendements, et nous voulons in fine vous dire tout le mal que nous pensons de ce collectif budgétaire pour 2008. Donc, nous nous abstiendrons.
Je mets aux voix la motion n° 155, tendant à opposer la question préalable.
Je rappelle que l'adoption de cette motion entraînerait le rejet du projet de loi.
En application de l'article 59 du règlement, le scrutin public ordinaire est de droit.
Il va y être procédé dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.
Le scrutin a lieu.
Il est procédé au comptage des votes.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 65 :
Le Sénat n'a pas adopté.
En conséquence, nous passons à la discussion des articles.
PREMIÈRE PARTIE
CONDITIONS GÉNÉRALES DE L'ÉQUILIBRE FINANCIER
TITRE IER
DISPOSITIONS RELATIVES AUX RESSOURCES
RESSOURCES AFFECTÉES
A. - Dispositions relatives aux collectivités territoriales
I. - Pour 2008, les fractions de tarif de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers mentionnées au premier alinéa du I de l'article 40 de la loi n° 2005-1719 du 30 décembre 2005 de finances pour 2006 sont fixées comme suit :
En euros
Région
Gazole
Supercarburantsans plomb
Alsace
Aquitaine
Auvergne
Bourgogne
Bretagne
Centre
Champagne-Ardenne.
Corse
Franche-Comté
Île-de-France
Languedoc-Roussillon
Limousin
Lorraine
Midi-Pyrénées
Nord-Pas-de-Calais
Basse-Normandie
Haute-Normandie
Pays-de-la-Loire
Picardie
Poitou-Charentes
Provence-Alpes-Côte-d'Azur
Rhône-Alpes
II. - Il est versé en 2008 à la région Alsace un montant de 3 223 634 € au titre de la compensation, pour la période 1999-2008, des charges de personnel résultant du transfert aux régions de la compétence en matière de formation professionnelle continue des jeunes de moins de vingt-six ans en application de l'article 49 de la loi n° 93-1313 du 20 décembre 1993 quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle.
III. - 1. Il est prélevé en 2008, au titre de l'ajustement du montant du droit à compensation pour les exercices 2005, 2006, 2007 et 2008 relatif au transfert des aides aux étudiants des écoles et instituts de formation des professions paramédicales et de sages-femmes en application des articles L. 4151-8 et L. 4383-4 du code de la santé publique, un montant de 661 587 € sur le produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers versé aux régions Alsace, Auvergne, Franche-Comté et Pays-de-la-Loire en application de l'article 40 de la loi n° 2005-1719 du 30 décembre 2005 précitée.
2. Il est versé en 2008 à la collectivité territoriale de Corse et aux régions de métropole, à l'exception de l'Alsace, de l'Auvergne, de la Franche-Comté et des Pays-de-la-Loire, au titre du transfert des aides aux étudiants des écoles et instituts de formation des professions paramédicales et de sages-femmes en application des articles L. 4151-8 et L. 4383-4 du code de la santé publique, un montant de 26 263 465 € relatif aux exercices 2005, 2006, 2007 et 2008.
3. Il est versé en 2008 à la collectivité territoriale de Corse et aux régions de métropole, à l'exception des régions Alsace, Languedoc-Roussillon, Pays-de-la-Loire, Picardie et Poitou-Charentes, au titre du transfert des aides aux étudiants des formations des travailleurs sociaux en application de l'article L. 451-3 du code de l'action sociale et des familles, un montant de 9 343 865 € relatif aux exercices 2005, 2006, 2007 et 2008.
4. Il est versé en 2008 aux régions de métropole, en application de l'article 95 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales, un montant de 336 900 € correspondant à la compensation, au titre des charges de fonctionnement, du coût des licences de l'Institut géographique national et des serveurs informatiques qui sont nécessaires à l'exercice de la compétence relative à l'inventaire général du patrimoine culturel.
5. Il est versé en 2008 aux régions Bretagne, Limousin, Nord-Pas-de-Calais et Provence-Alpes-Côte-d'Azur un montant de 281 583 € au titre de l'ajustement de la compensation versée en 2007, résultant du transfert des agents non titulaires du ministère de l'agriculture et de la pêche en application des articles 82 et 110 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 précitée.
6. Il est versé en 2008 à chacune des régions Bretagne et Haute-Normandie, en application de l'article 82 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 précitée, une somme de 8 413 € au titre de la compensation des postes devenus vacants en 2007 et qui participent à l'exercice des compétences transférées dans le domaine des lycées maritimes.
7. Il est versé en 2008 aux régions, au titre de la gestion 2008 et en application des articles 82 et 119 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 précitée, un montant de 14 593 903 € correspondant à l'ajustement de la provision inscrite dans la loi n° 2007-1822 du 24 décembre 2007 de finances pour 2008 pour la compensation au titre, d'une part, des postes d'agents techniciens, ouvriers et de service (TOS) et de gestionnaires de TOS du ministère de l'éducation nationale devenus vacants en 2007 et, d'autre part, du transfert au 1er janvier 2008 des agents TOS et des gestionnaires de TOS.
IV. - Les diminutions opérées en application du 1 du III sont imputées sur le produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers attribué aux régions concernées en application de l'article 40 de la loi n° 2005-1719 du 30 décembre 2005 précitée. Elles sont réparties conformément à la colonne A du tableau ci-après.
Les montants correspondant aux versements prévus par les 2 à 7 du III sont prélevés sur la part du produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers revenant à l'État. Ils sont répartis, respectivement, conformément aux colonnes B à G du tableau suivant :
En euros
Régions
Diminution du produit versé
(Colonne A)
Montant à verser
(Colonne B)
Montant à verser
(Colonne C)
Montant à verser
(Colonne D)
Montant à verser
(Colonne E)
Montant à verser
(Colonne F)
Montant à verser
(Colonne G)
Total
Alsace
Aquitaine
Auvergne
Bourgogne
Bretagne
Centre
Champagne-Ardenne
Corse
Franche-Comté
Île-de-France
Languedoc-Roussillon
Limousin
Lorraine
Midi-Pyrénées
Nord-Pas-de-calais
Basse-Normandie
Haute-Normandie
Pays-de-la-Loire
Picardie
Poitou-Charentes
Provence-Alpes-Côte-d'Azur
Rhône-Alpes
Total pour la métropole
Cette intervention portera sur la manière dont sont réglées les relations entre l’État et les collectivités locales dans le cadre des collectifs budgétaires.
Je passerai rapidement sur le contenu de l’article 1er comme sur celui de l’article 2 qui soldent les découverts constatés dans les domaines les plus divers des compétences dévolues par la décentralisation aux collectivités territoriales. La véritable question, me semble-t-il, est celle de la dérive continue entre les charges transférées aux collectivités locales et les outils de compensation de ces charges.
Le revenu minimum d’insertion, devenu revenu de solidarité active, la dépendance des personnes âgées, le patrimoine scolaire et le réseau routier montrent avec netteté les contours peu satisfaisants de ces transferts, qui correspondent, en fait, à un grand délestage de l’État sur les acteurs locaux. La peu dynamique TIPP pour compenser les charges transférées aux collectivités locales en est une belle illustration.
Mais au moment où certains s’interrogent sur le mille-feuille territorial, il convient de se replacer du point de vue du citoyen, de ses besoins, et de savoir si la manière retenue pour y répondre est la bonne.
Qu’attend-on, par exemple, pour confier à la sécurité sociale, au travers d’un véritable cinquième risque, financé comme il se doit par le prélèvement de cotisations solidaires, la prise en charge de l’autonomie des personnes âgées ?
Quant à l’action sociale en direction des plus vulnérables, et notamment le revenu de solidarité active, qu’attend-on pour que l’État reprenne à son compte les problèmes que les départements ne peuvent qu’imparfaitement résoudre compte tenu de l’extrême disparité de leurs moyens et de leurs situations financières et budgétaires respectives ?
La même remarque vaut pour le transfert du patrimoine scolaire et des personnels qui y sont employés : il est logique qu’ils soient de nouveau confiés à l’éducation nationale.
Nous devons procéder à une analyse critique et pertinente des transferts et rechercher, dans tous les cas de figure, quel est le meilleur mode de financement, c’est-à-dire celui qui a l’assiette la plus large, la moins pesante, et celui qui a l’affectation la plus équilibrée, la plus juste et la plus universelle.
Nous disons oui à une centralisation intelligente quand elle relève du champ naturel de l’intervention de la collectivité nationale dans son ensemble, et oui à la décentralisation quand la proximité est la solution la plus judicieuse pour répondre aux besoins collectifs.
Telles sont les observations que je souhaitais formuler sur les deux premiers articles de ce projet de loi de finances rectificative.
L'article 1 er est adopté.
I. - Pour 2008, les fractions de tarif de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers mentionnées au cinquième alinéa du III de l'article 52 de la loi n° 2004-1484 du 30 décembre 2004 de finances pour 2005 sont fixées à 0, 539 € par hectolitre s'agissant des supercarburants sans plomb et à 0, 380 € par hectolitre s'agissant du gazole présentant un point éclair inférieur à 120° C.
Pour la répartition du produit de ces taxes en 2008, les pourcentages fixés au tableau figurant au même III sont remplacés par les pourcentages fixés à la colonne A du tableau figurant au IV du présent article.
II. - 1. Il est versé en 2008 au département de la Nièvre un montant de 147 734 € correspondant à une correction du montant des crédits versés en 2006 et 2007 en application de l'article 82 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales.
2. Il est versé en 2008 respectivement aux départements de l'Allier et du Tarn-et-Garonne, au titre de la gestion 2008 et en application de l'article 95 de la loi n° 2005-157 du 23 février 2005 relative au développement des territoires ruraux, un montant de 1 859 € et un montant de 1 508 € correspondant à l'indemnisation des jours acquis au titre du compte épargne-temps par les agents des services déconcentrés du ministère de l'agriculture et de la pêche qui concourent à l'exercice des compétences transférées dans le domaine de l'aménagement foncier.
2 bis. Il est versé en 2008 au département de la Seine-Saint-Denis, au titre de la gestion 2008 et en application des articles 18 et 104 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 précitée, un montant de 24 384 € correspondant à l'indemnisation des jours acquis au titre du compte épargne-temps par les agents des services déconcentrés du ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire qui concourent à l'exercice des compétences dans le domaine des routes départementales et des routes nationales d'intérêt local.
2 ter. Il est versé en 2008 aux départements, au titre de la gestion 2008 et en application des articles 51, 56, 57 et 65 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 précitée et de l'article 52 de la loi n° 2003-1200 du 18 décembre 2003 portant décentralisation en matière de revenu minimum d'insertion et créant un revenu minimum d'activité, un montant de 24 498 € correspondant à l'indemnisation des jours acquis au titre du compte épargne-temps par les agents des services déconcentrés des ministères chargés de la santé et de l'action sociale qui concourent à l'exercice des compétences dans le domaine du revenu minimum d'insertion, du fonds d'aide aux jeunes, des centres locaux d'information et de coordination, des comités départementaux des retraités et personnes âgées, du fonds de solidarité pour le logement et des fonds d'aide eau-énergie.
3. Il est versé en 2008 aux départements un montant de 24 951 992 € au titre de la compensation financière des charges résultant, en 2007 et 2008, de l'allongement de la durée de la formation initiale obligatoire des assistants maternels et de l'instauration d'une formation d'initiation aux gestes de secourisme en application de l'article L. 421-14 du code de l'action sociale et des familles.
3 bis. Il est versé en 2008 aux départements, au titre de la gestion 2008 et en application des articles 18 et 104 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 précitée, un montant de 4 826 326 € correspondant à la compensation des postes d'agents titulaires et non titulaires devenus vacants en 2007 et qui participent à l'exercice des compétences transférées dans le domaine des routes départementales et des routes nationales d'intérêt local.
3 ter. Il est versé en 2008 aux départements, au titre de la gestion 2008 et en application des articles 82 et 119 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 précitée, un montant de 18 185 941 € correspondant à l'ajustement de la provision inscrite dans la loi n° 2007-1822 du 24 décembre 2007 de finances pour 2008 pour la compensation au titre, d'une part, des postes d'agents techniciens, ouvriers et de service (TOS) et de gestionnaires de TOS du ministère de l'éducation nationale devenus vacants en 2007 et, d'autre part, du transfert au 1er janvier 2008 des agents TOS et des gestionnaires de TOS.
3 quater. Il est versé en 2008 aux départements, au titre de la gestion 2008 et en application des articles 65 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 précitée et 52 de la loi n° 2003-1200 du 18 décembre 2003 précitée, un montant de 811 080 € correspondant à la compensation des postes devenus vacants entre la date du transfert de la compétence et la date du transfert de service et afférents aux compétences transférées dans le domaine du revenu minimum d'insertion et du fonds de solidarité pour le logement.
4. Les montants mentionnés aux 1, 2, 2 bis, 2 ter, 3, 3 bis, 3 ter et 3 quater sont prélevés sur la part du produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers revenant à l'État et se répartissent conformément à la colonne B, s'agissant des montants mentionnés aux 1, 2, 2 bis, 2 ter et 3, et conformément aux colonnes C à E, s'agissant respectivement des montants mentionnés aux 3 bis, 3 ter et 3 quater, du tableau figurant au IV.
III. - Au dernier alinéa du III de l'article 52 de la loi n° 2004-1484 du 30 décembre 2004 précitée, les mots : « le produit de la taxe spéciale sur les conventions d'assurance attribué » sont remplacés par les mots : « la somme des produits de la taxe sur les conventions d'assurance et de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers », et les mots : « d'une part du produit de la taxe spéciale sur les conventions d'assurance revenant à l'État » sont remplacés par les mots : « d'une part du produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers revenant à l'État ».
IV. - Les ajustements mentionnés aux I et II se répartissent conformément au tableau suivant :
Départements
Fraction
(en %)
[colonne A]
Montant à verser
en euros
[colonne B]
Montant à verser
en euros
[colonne C]
Montant à verser
en euros [colonne D]
Montant à verser
en euros
[colonne E]
Total
en euros
Ain
Aisne
Allier
Alpes-de-Haute-Provence
Hautes-Alpes
Alpes-Maritimes
Ardèche
Ardennes
Ariège
Aube
Aude
Aveyron
Bouches-du-Rhône
Calvados
Cantal
Charente
Charente-Maritime
Cher
Corrèze
Corse-du-Sud
Haute-Corse
Côte-d'Or
Côtes-d'Armor
Creuse
Dordogne
Doubs
Drôme
Eure
Eure-et-Loir
Finistère
Gard
Haute-Garonne
Gers
Gironde
Hérault
Ille-et-Vilaine
Indre
Indre-et-Loire
Isère
Jura
Landes
Loir-et-Cher
Loire
Haute-Loire
Loire-Atlantique
Loiret
Lot
Lot-et-Garonne
Lozère
Maine-et-Loire
Manche
Marne
Haute-Marne
Mayenne
Meurthe-et-Moselle
Meuse
Morbihan
Moselle
Nièvre
Nord
Oise
Orne
Pas-de-Calais
Puy-de-Dôme
Pyrénées-Atlantiques
Hautes-Pyrénées
Pyrénées-Orientales
Bas-Rhin
Haut-Rhin
Rhône
Haute-Saône
Saône-et-Loire
Sarthe
Savoie
Haute-Savoie
Paris
Seine-Maritime
Seine-et-Marne
Yvelines
Deux-Sèvres
Somme
Tarn
Tarn-et-Garonne
Var
Vaucluse
Vendée
Vienne
Haute-Vienne
Vosges
Yonne
Territoire-de-Belfort
Essonne
Hauts-de-Seine
Seine-Saint-Denis
Val-de-Marne
Val-d'Oise
Guadeloupe
Martinique
Guyane
La Réunion
TOTAL
L'amendement n° 74, présenté par M. Marc, Mmes Bricq et M. André, MM. Angels, Auban, Demerliat, Frécon, Haut, Hervé, Krattinger, Masseret, Massion, Miquel, Rebsamen, Sergent, Todeschini et les membres du groupe Socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
I. - Rédiger comme suit le III de cet article :
III. - Le dernier alinéa du III de l'article 52 de la loi n° 2004-1484 du 30 décembre 2004 de finances pour 2005 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Si le produit de la taxe intérieure sur les produits pétroliers attribué pour une année donnée à un département en application du pourcentage de la fraction de tarif applicable à ce département pour cette même année représente un montant inférieur à son droit à compensation pour l'année considérée, tel que défini au I. de l'article 119 de la loi n° 2004-809 du 13 août 2004 précitée, la différence fait l'objet d'une attribution à due concurrence d'une part du produit de taxe intérieure sur les produits pétroliers revenant à l'État. »
II. - La perte éventuelle de recettes résultant pour l'État du III est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
La parole est à M. François Marc.
Les dispositions de cet article 2 sur la clause de garantie pourraient sembler anodines si elles ne risquaient pas d’entraîner à nouveau une baisse de recettes pour les départements. Or, au regard de la situation des collectivités territoriales, le Gouvernement ne peut se permettre de retirer le dernier souffle d’air financier qui leur restait.
Le financement des compétences transférées aux départements a été réalisé, dans la loi de finances pour 2005, par l’attribution d’une fraction de taux de la taxe spéciale sur les conventions d’assurance, la TSCA. Cette fraction a été calculée en rapportant le montant total des charges transférées à l’assiette nationale de la taxe en 2004.
Or, depuis 2004, et afin de tenir compte des nouvelles compétences transférées, de fréquents ajustements de la fraction de taux de la TSCA ont été nécessaires. Néanmoins, la détermination de cette fraction est toujours fondée sur l’assiette nationale de TSCA de l’année 2004. Le choix d’une assiette historique devait en effet permettre aux départements de bénéficier du dynamisme de cette recette entre l’année 2004 et l’année de perception.
C’est le dynamisme de la recette qui pose aujourd’hui un véritable problème. Une clause de garantie est, certes, prévue en cas de baisse de l’assiette afin d’assurer le respect du droit à compensation, mais ce cas est quasiment impossible : jusqu’à présent, l’assiette de TSCA s’est toujours révélée dynamique.
En 2008, afin de financer les nouveaux transferts de compétences, l’assiette de TSCA a dû être considérablement élargie, notamment à la TSCA afférente aux contrats navigation et incendie.
Cette assiette élargie ne suffisant toujours pas à financer le droit à compensation des départements, la loi de finances pour 2008 a prévu l’attribution aux départements d’un financement complémentaire sous la forme d’une fraction du produit de la TIPP. Or, tout le monde le sait, l’assiette de TIPP est en perpétuelle régression.
Afin de respecter la garantie constitutionnelle prévoyant le transfert aux collectivités d’un niveau de ressources équivalent aux charges transférées, des ajustements sont dès lors nécessaires. Il faut en effet assurer un montant équivalent à la garantie plancher du droit à compensation. Or, actuellement, aucune clause de garantie n’est prévue en cas de baisse de l’assiette de TIPP.
Il était donc nécessaire d’envisager une telle clause de garantie, clause qui figure dans l’article 2. Mais c’est là que le bât blesse : au lieu de prévoir une clause spécifique pour répondre à la baisse de l’assiette de TIPP, comme c’est déjà le cas pour la TSCA, le Gouvernement a fait le choix de proposer une clause de garantie globale qui mutualise les deux.
Par conséquent, la proposition du Gouvernement se traduira à terme mécaniquement par un effacement progressif du léger dynamisme passé dont ont pu bénéficier les départements au titre de la TSCA. Ainsi, en quelques années, le droit à compensation totale des départements risquerait de facto de ne plus se traduire que par l’attribution d’une quasi-dotation, sans aucune évolution, pas même celle de l’inflation.
Mes chers collègues, est-il raisonnable de réduire encore les recettes des conseils généraux à l’heure où la crise économique s’installe et alors que le Gouvernement appelle à la rescousse les collectivités territoriales ? C’est pour apporter une réponse à cette question que nous présentons le présent amendement : il s’agit d’offrir aux départements une clause de garantie spécifiquement adaptée à la baisse de recette de TIPP, clause qui s’ajoutera à celle qui est déjà prévue pour la TSCA. Ainsi sera maintenue la distinction entre la garantie du transfert de la TIPP et la garantie du transfert de la TSCA.
Chacun le sait, les départements seront en première ligne pour assumer les conséquences sociales de la crise : monté du chômage, augmentation des bénéficiaires du RSA, etc. Il serait donc légitime de leur accorder cette garantie supplémentaire.
Du point de vue de la commission, le mécanisme proposé par l'article 2 respecte les obligations constitutionnelles de juste compensation par l’État des transferts de compétences.
À l’inverse, dans sa rédaction actuelle, cet amendement impliquerait une double compensation intégrale des transferts de compétences aux départements, une fois par la TIPP, une autre fois par la TSCA. Dès lors, le droit à compensation serait de fait multiplié par deux, ce qui n’est manifestement pas équitable.
Par conséquent, la commission émet un avis défavorable.
Cet amendement prévoit que l’État non seulement garantisse les droits à compensation des départements, mais en plus assure à ceux-ci un surcroît de recettes fiscales allant au-delà de ce droit à compensation.
Le Gouvernement ne partage pas cette analyse pour trois raisons.
Premièrement, le montant du droit à compensation est déjà garanti pour les collectivités par le dispositif actuel : si la somme du produit des recettes provenant des impositions attribuées diminue, l’État compense cette perte afin de garantir un niveau de ressources équivalent au droit à compensation. Une diminution des recettes de TIPP et de TSCA n’aura donc aucun impact sur le droit à compensation des départements.
Deuxièmement, le droit à compensation des départements ne saurait être subdivisé selon son mode de financement. C’est un montant global, calculé chaque année par l’État et les collectivités en fonction des transferts de compétences effectivement réalisés. Certes, il s’agit de deux impôts différents, mais ce ne sont pas des recettes affectées au financement de telle ou telle partie du droit à compensation : c’est un produit fiscal global qui est versé au budget général des départements et libre d’emploi.
Troisièmement, la mesure proposée dans cet amendement conduirait à doubler la garantie de compensation des transferts de compétences.
Pour toutes ces raisons, le Gouvernement demande le retrait de cet amendement ; à défaut, il émettra un avis défavorable.
Aux dires de M. le secrétaire d'État et de M. le rapporteur général, cet amendement créerait, en quelque sorte, une double garantie : les départements émargeraient deux fois. Une telle analyse nous semble contestable.
Pour financer la compensation attribuée aux départements, le Gouvernement a décidé de ne plus s’appuyer uniquement sur la TSCA, qui est une recette dynamique, mais d’affecter en complément une part de la TIPP. Cette double source de financement pose problème : si la première est dynamique, la seconde l’est nettement moins, elle est même en régression. C’est pourquoi il est nécessaire d’assurer une forme d’équilibre. Tel est l’objet de cet amendement.
Il s’agit non pas de faire émarger deux fois les départements, mais de leur garantir la pérennisation de cette compensation, alors que cette dernière risque de s’atténuer.
Nous ne sommes pas d’accord sur le sens à donner à cet article 2 : pour notre part, nous considérons que les départements seront progressivement perdants si l’on s’en tient à cette formulation.
En conséquence, je maintiens l’amendement, monsieur le président.
Monsieur le secrétaire d'État, j’attire votre attention sur la nécessité de diffuser auprès des présidents de conseils généraux l’information que vous venez de livrer à notre collègue François Marc. En effet, les présidents de conseils généraux, en particulier ceux de l’opposition, dénoncent quasi quotidiennement l’insuffisance des transferts de ressources de l’État aux collectivités pour assumer l’exercice des nouvelles compétences qui leur ont été transférées.
D’ailleurs, en présentant cet amendement, M. Marc ne fait rien d’autre que de tenter de compenser pour ces départements les insuffisances de recettes.
Vous l’avez dit très clairement, monsieur le secrétaire d'État : lorsque l’État est amené à constater que les recettes attendues ne permettent pas de compenser les dépenses transférées, des dotations sont prévues. Cela signifie que la compensation est réelle !
Il serait temps que chacun reconnaisse l’équité de traitement et que les présidents de conseils généraux et de conseils régionaux cessent de laisser accroire à l’opinion publique, a des fins purement politiciennes – c’est ainsi que je l’interprète –, que l’augmentation de la fiscalité qu’ils proposent se justifie uniquement par cette insuffisance de recettes.
M. Alain Vasselle, rapporteur pour avis. M. Delanoë est en effet le premier à donner l’exemple !
Applaudissementssur les travées de l’UMP et de l’Union centriste.
Le débat sur l'amendement présenté par M. Marc me conduit à considérer que, au fond, ce qui est demandé, c’est que, même quand la recette de TIPP de l’État baisse du fait de la chute de la consommation ou des prix, celle des collectivités locales ne doit pas baisser. Je me rappelle l’époque où la situation était inverse et les mêmes avaient demandé l’inverse, mais je ne veux pas entrer dans un débat où l’État perd à tous les coups !
Je souhaite revenir un instant sur ce que vient de dire M. Vasselle. La question des transferts de charges et de leur financement est un faux problème, sauf dans deux cas.
J’appartiens, tout comme un certain nombre d’entre nous dans cette assemblée, à la commission consultative d’évaluation des charges. À ce titre, je peux attester que l’État, après la loi de 2004, a donné aux collectivités locales, en ce qui concerne les charges transférées, exactement ce qu’il consacrait à la dépense avant que celle-ci soit transférée, ce qui correspond au système inventé et mis en œuvre la première fois par les lois Defferre de 1981, 1982 et 1983.
Mais le raisonnement est totalement « plombé », pour une raison très simple : la commission consultative d’évaluation des charges n’a jamais été saisie de la question du RMI et de l’APA.
Or le dérapage des finances et des charges des départements, en particulier, est dû non pas aux transferts de charges auxquels vous pensez les uns et les autres, mais au RMI et à l’APA, dont le dérapage n’est pas couvert par l’État : la dotation attribuée aux départements au titre de l’APA, notamment, ne correspond pas ou plus à ce qu’avait promis le Gouvernement lorsqu’il a institué cette allocation en 2002, soit 50 % à la charge de l’État ; or nous sommes entre 25 % et 30 %.
Par conséquent, dans la situation difficile des finances publiques en général, nous n’avons pas intérêt à discutailler éternellement entre nous sur de fausses questions. Cependant, si nous étions capables de nous mettre d’accord en reconnaissant que, globalement, les transferts de charges ont été convenablement couverts, mais qu’il est temps de se préoccuper du RMI et de l’APA, nous avancerions d’un grand pas.
Tous les conseils généraux de France et de Navarre sont en train de voter leur budget ou le voteront d’ici à la fin de l’année. Nous sommes sur des pentes d’augmentation des impôts locaux, dont vous connaissez le caractère injuste, entre 8 % et 15 %. Si vous retiriez, dans la majorité des départements, les suppléments non couverts par l’État au titre du RMI ou de l’APA, comme ils auraient dû l’être, il n’y aurait pas lieu d’augmenter les impôts locaux départementaux. Il faudra bien un jour que l’on arrive à s’entendre sur ce sujet !
Pour ma part, je suggère que la commission des finances, pendant l’intersession ou quand nous serons un peu moins bousculés par les affaires qui nous retiennent aujourd'hui, crée un groupe de travail pour faire le point précis de la situation des départements et, accessoirement, des régions ; mais ces dernières ne sont pas concernées par ces dépenses sociales.
Si l’État voulait bien jouer convenablement le jeu en la matière...
...– quand je dis « l’État », je ne fais allusion à aucun gouvernement en particulier, puisque c’est la gauche qui a créé l’APA et le RMI –, nous n’aurions pas tous les ans ces débats éternels et largement inexacts sur la question des compensations des transferts de charges.
Nous voterons l’amendement présenté par notre collègue François Marc.
Aujourd'hui, la question des moyens nécessaires pour faire face aux compétences qui ont été transférées est un vrai problème : d’une part, l’État ne compense qu’une partie de ces dépenses ; d’autre part, il le fait toujours avec retard, ce qui signifie que les collectivités doivent toujours prévoir des financements en amont.
Le montant des dotations, tel qu’il est envisagé dans la loi de finances pour 2009, avec une progression de seulement 0, 8 %, hors fonds de compensation de la TVA, mettra les collectivités en très grande difficulté.
Il suffit de se reporter à ce projet de loi de finances rectificative : l’État lui-même est obligé de reconnaître a posteriori qu’un certain nombre de compétences transférées n’ont pas été compensées.
J’évoquerai tout à l’heure le cas particulier des actes d’état-civil, qui concernent les communes : là encore, il s’agit de transferts de charges non compensés.
L'amendement n'est pas adopté.
L'article 2 est adopté.
Par dérogation aux dispositions de l'article L. 2334-24 du code général des collectivités territoriales, une fraction d'un montant de 85 millions d'euros du produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation est affectée, à hauteur de 50 millions d'euros, au solde de la dotation d'aménagement prévue à l'article L. 2334-13 du même code mis en répartition en 2009 et, à hauteur de 35 millions d'euros, au titre de 2008 à l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances régie par les articles L. 121-14 à L. 121-18 du code de l'action sociale et des familles afin de financer la réalisation d'actions de prévention de la délinquance dans les conditions définies à l'article L. 2215-2 du code général des collectivités territoriales.
Par dérogation aux dispositions de l'article L. 2334-24 du même code, une fraction d'un montant de 50 millions d'euros du produit des amendes forfaitaires de police de la circulation routière encaissé au titre de 2008 est mise en réserve et n'est pas prise en compte dans le montant à répartir au titre de 2008.
Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 118, présenté par M. Vera, Mme Beaufils, M. Foucaud et les membres du groupe Communiste, Républicain, Citoyen et des Sénateurs du Parti de Gauche, est ainsi libellé :
Supprimer cet article.
La parole est à Mme Marie-France Beaufils.
Nous sommes en présence d’un dispositif qui consiste, dans les faits, à rattraper le coup sur la moindre progression d’un élément de la dotation d’aménagement, la dotation de solidarité rurale, tout en organisant par avance la possibilité pour l’État de se libérer de quelques contraintes budgétaires à venir.
Premier temps de l’opération : on se rend compte qu’en loi de finances initiale pour 2009 on a oublié de majorer la dotation de solidarité rurale. On décide donc de lui affecter 50 millions d'euros, qui ne sont pas tirés du budget général par prélèvement de recettes, comme il est normal de le faire en pareil cas, mais qui sont pris sur le montant des amendes de police destiné aux collectivités. Rappelons que cette somme sert à financer des travaux de sécurité routière ou d’amélioration de transports collectifs.
De plus, 35 millions d'euros seraient consacrés au financement de la politique de la ville, en l’occurrence les actions de prévention de la délinquance menées par l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances.
À ce propos, dans son rapport, M. le rapporteur général rappelle les conditions de création de l’Agence et du fonds interministériel pour la prévention de la délinquance, le FIPD. Il est précisé que ce fonds est alimenté par des crédits d’État et qu’un montant peut être prélevé sur le produit des amendes de police relatives à la circulation routière.
Les actions éligibles au FIPD portent, notamment, pour l’année 2008 et probablement pour l’année 2009, sur la vidéoprotection sur la voie publique et le raccordement des centres de supervision urbaine aux services de police ou de gendarmerie, en référence au plan national de développement de la vidéoprotection.
À deux reprises depuis sa création, le FIPD a bénéficié, pour son financement, d’un prélèvement sur les recettes des amendes forfaitaires de police. La loi de finances rectificative pour 2006 lui a attribué 50 millions d’euros, tout en précisant explicitement que cette affectation revêtait un caractère exceptionnel et ne valait que pour une seule année. Et vous ajoutiez, monsieur le rapporteur général, que ce sont donc les collectivités territoriales qui, in fine, ont supporté sur le produit des amendes réparti au titre de 2007 l’affectation de 50 millions d’euros au FIPD.
En clair, on réédite aujourd'hui l’opération de 2006 et, surtout, on fait de l’Agence l’acteur du développement de la vidéosurveillance de voie publique, dispositif dont il convient de rappeler qu’il s’avère particulièrement inefficace au regard des objectifs poursuivis.
Donc, un prélèvement sur des recettes naturelles des collectivités locales va intervenir pour des dépenses à l’efficacité douteuse et qui ont, quant au fond, bien peu à voir avec la cohésion sociale et l’égalité des chances.
Mes chers collègues, nous vous proposons la suppression pure et simple de l’article 3, ne serait-ce que pour cette raison. Nous suggérons au Gouvernement d’opérer un prélèvement sur une recette très dynamique, à savoir celle qui résulte des contrôles radars, dont la progression est bien supérieure à celle des amendes de police.
Aux termes du second alinéa de l’article 3, il s’agit de mettre en réserve 50 millions d’euros, en tant que de besoin, sur le produit des amendes de circulation, pour faire face, dans le courant de l’année 2009, à tout ce qui pourrait constituer un risque pour l’État vis-à-vis des collectivités locales. En gros, dans sa grande bonté, l’État, ou plutôt le Gouvernement, consentira peut-être, au cours de l’année 2009, si le besoin s’en fait sentir, à majorer de 50 millions d’euros une dotation budgétaire gagée par avance sur le produit des amendes de police, qui est normalement attribué aux collectivités territoriales.
Il s’agit d’une forme de solidarité entre collectivités par anticipation, qui constitue tout de même une étrange innovation financière et qui ne fait qu’assécher le fonds habituellement attribué par le Comité des finances locales.
L'amendement n° 1, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
Rédiger comme suit le premier alinéa de cet article :
Par dérogation aux dispositions de l'article L. 2334-24 du code général des collectivités territoriales, une fraction d'un montant de 85 millions d'euros du produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation est affectée au solde de la dotation d'aménagement prévue à l'article L. 2334-13 du même code mis en répartition en 2009.
La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter cet amendement et pour donner l’avis de la commission sur l’amendement n° 118.
Le premier alinéa de l’article 3, dans la rédaction issue de l’Assemblée nationale, affecte, d’une part, 50 millions d’euros au solde de la dotation d’aménagement de la DGF pour 2009 et, d’autre part, 35 millions d’euros au financement du fonds interministériel de prévention de la délinquance, lequel est géré par l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances.
Pour ce qui concerne le montant du prélèvement sur le produit des amendes forfaitaires et son affectation, il est de notre devoir de formuler plusieurs observations.
Tout d’abord, l’affectation qui nous est proposée confirmerait, en pratique, le passage par un opérateur de l’État, à savoir l’agence précitée. Cette affectation n’est pas définitive mais elle a été trois fois renouvelée. Je suis bien obligé de rappeler, avec regret, notamment en me tournant vers le co-initiateur et rapporteur de la loi organique relative aux lois de finances, que cette affectation n’est pas conforme aux principes de ladite loi.
Cela favorise ce que j’ai appelé, voilà quelques années, l’« agencisation », c’est-à-dire une sorte de démembrement de l’État.
Il faut bien que quelqu’un fasse ce genre d’observation ! Ou alors, il faut changer la loi organique. Mais elle est toute récente. Nous avions beaucoup débattu des affectations précédentes qu’il fallait supprimer. Or on en rétablit sans cesse ; on les multiplie à nouveau.
Par ailleurs, le dispositif fait peser sur les collectivités territoriales le poids du financement du FIPD en minorant leurs recettes. Je sais bien que ce fonds revient aux collectivités territoriales, notamment à celles qui installent des outils de vidéoprotection. Il n’en reste pas moins que l’argent est prélevé, puis redistribué. S’agissant des amendes, c’est bien un financement qui est dû aux collectivités locales.
Le texte adopté par l’Assemblée nationale ne garantit pas, comme la loi de finances rectificative pour 2007, que le coût de la mesure sera neutralisé pour les collectivités. Il est du devoir de la commission de soulever cette question.
Enfin, des justifications précises devraient pouvoir nous être apportées sur la situation financière du FIPD et sur ses besoins prévisionnels. Lorsque la commission a examiné le texte, elle ne disposait pas de ces éléments.
C’est pourquoi l’amendement n° 1 tend à supprimer l’affectation dont il s’agit et à réserver la totalité du prélèvement de 85 millions d’euros au profit de la dotation d’aménagement de la dotation globale de fonctionnement pour 2009.
Monsieur le secrétaire d’État, peut-être avez-vous des éléments d’information de nature à convaincre la commission.
Bien entendu, la commission n’est pas favorable à l’amendement n° 118.
L’amendement n° 118 vise à supprimer l’affectation d’une partie du produit des amendes au fonds interministériel de prévention de la délinquance. Or ce fonds est un outil majeur de promotion des politiques locales de prévention de la délinquance.
La dotation prévue par l’article 3 permettra de développer, d’une part, la vidéoprotection en partenariat entre l’État et les collectivités locales et, d’autre part, des actions locales spécifiques de lutte contre la délinquance. La vidéoprotection est une priorité majeure rappelée par le Président de la République.
Madame Beaufils, je vous demande, par conséquent, de bien vouloir retirer l’amendement n° 118, faute de quoi j’émettrai un avis défavorable.
J’en viens à l’amendement n° 1. Les actions visées concernent les projets de vidéoprotection mis en place de manière concertée dans le cadre d’une réflexion globale sur les moyens de réduction de la délinquance. Ces projets bénéficient directement aux collectivités locales. La mesure proposée par le Gouvernement est également favorable à la protection de nos concitoyens. Je souhaite que tant la commission des finances que l’ensemble d’entre vous, mesdames, messieurs les sénateurs, puissiez tenir compte de cette priorité majeure que constitue la sécurité de nos concitoyens lors de votre vote.
L’amendement n° 1 répond toutefois à l’objectif, légitime, de dégager des moyens au bénéfice de la DGF pour assurer une progression de la péréquation.
Le choix retenu à l’occasion du vote à l’Assemblée nationale de n’affecter que 35 millions d’euros au financement du FIPD, au lieu des 60 millions d’euros prévus dans le projet de loi de finances rectificative pour 2008, et de dégager, en outre, 50 millions d’euros supplémentaires pour la DGF répond parfaitement à l’objectif de progression de la péréquation, tout en préservant la politique de lutte contre la délinquance. Un bon équilibre a ainsi été trouvé. Je vous demande de bien vouloir le conserver.
La somme de 35 millions d’euros est le minimum dont le FIPD avait besoin pour financer ses engagements pluriannuels dont bénéficient les collectivités. En 2008, ce fonds a dépensé 38 millions d’euros sur les 40 millions dont il était bénéficiaire. Pour ce qui concerne l’année 2009, les communes ont déjà dépensé 36 millions d’euros.
Pour l’ensemble de ces raisons, je vous demande respectueusement, monsieur le rapporteur général, de bien vouloir retirer l’amendement n° 1.
L'amendement n'est pas adopté.
L'article 3 est adopté
I. - L'État restitue, sous forme de remboursements et dégrèvements d'impôts d'État, un montant de 594 060 929 € à la Société nationale des chemins de fer français au titre de la taxe sur la valeur ajoutée que cette dernière a collectée sur les contributions d'exploitation des services régionaux de voyageurs que lui ont versées les régions au cours des années 2002 à 2008. La Société nationale des chemins de fer français reverse ce montant aux régions de manière à les rembourser totalement de la taxe sur la valeur ajoutée qu'elles ont versée au titre de ces contributions.
II. - Le montant total de la dotation globale de fonctionnement des régions réparti en 2008 est minoré d'un montant de 508 138 143 € correspondant aux trop-perçus par les régions au cours des années 2002 à 2008 au titre de la compensation du transfert de compétence relatif aux services régionaux de voyageurs tel que défini à l'article L. 1614-8-1 du code général des collectivités territoriales. La répartition entre les régions de cette minoration est faite en fonction du trop-perçu par chaque région sur la période considérée. Si l'intégralité de la récupération ne peut pas être effectuée en 2008, une minoration est opérée, à due concurrence du montant restant à reprendre, sur la dotation globale de fonctionnement répartie en 2009.
III. – Le II ne peut être mis en œuvre qu'après application du I. –
Adopté.
I. - Le cinquième alinéa de l'article L. 2334-26 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Le comité des finances locales procède à un nouveau calcul de cette diminution du montant inscrit en loi de finances initiale, au plus tard le 31 juillet de l'année suivant la répartition, en fonction du taux de variation entre l'effectif réel du corps des instituteurs recensé au 1er octobre de l'année précédant celle au titre de laquelle la dotation a été répartie et celui de l'antépénultième année. L'écart éventuel entre la dotation inscrite en loi de finances et le montant ainsi calculé est prioritairement financé par mobilisation du reliquat comptable net global constaté au terme de la répartition de la dotation spéciale pour le logement des instituteurs au titre de l'année considérée. »
I bis. - Le dernier alinéa de l'article L. 2334-26 du même code est supprimé.
II. - Le dernier alinéa de l'article L. 2334-29 du même code est supprimé.
III. - Supprimé. –
Adopté.
I. - L'article 104 de la loi n° 2007-1824 du 25 décembre 2007 de finances rectificative pour 2007 est ainsi modifié :
1° Le b du 2° du I est ainsi modifié :
a) Au premier alinéa, le mot : « Si » est supprimé, et les mots : « est positif, il est opéré un » sont remplacés par les mots : « donne lieu à » ;
b) Le dernier alinéa est supprimé ;
2° Au 4° du I, les mots : « ou de l'abondement » sont supprimés ;
3° Le b du 2° du II est ainsi modifié :
a) Au premier alinéa, le mot : « Si » est supprimé, et les mots : « est positif, il est opéré un prélèvement » sont remplacés par les mots : « donne lieu à un abondement » ;
b) Le dernier alinéa est supprimé ;
4° À la fin du dernier alinéa du 3° du II, les mots : « est à la charge de l'État » sont remplacés par les mots et une phrase ainsi rédigée : « fait l'objet d'un titre de perception émis chaque année par le préfet de la région Guadeloupe durant le mois de janvier de l'année considérée, pour paiement au plus tard six mois après son émission. Par exception, pour la récupération du trop-versé en 2008, il est émis deux titres de perception, l'un en 2009, l'autre en 2010, portant chacun sur un montant de 2 814 129 €. » ;
5° Au 4° du II, les mots : « du prélèvement ou » sont supprimés.
II. - Par dérogation au 2° du III de l'article 104 de la loi n° 2007-1824 du 25 décembre 2007 de finances rectificative pour 2007, la garantie de la dotation forfaitaire à verser à la collectivité de Saint-Martin en 2009 et en 2010, en application du deuxième alinéa de l'article L. 6364-3 du code général des collectivités territoriales, est diminuée chaque année de 2 092 042 €, au titre de la récupération du trop-versé en 2008.
III. - L'article L. 3443-2 du code général des collectivités territoriales est ainsi modifié :
1° Au deuxième alinéa, le montant : « 2 946 393 € » est remplacé par le montant : « 2 350 099 € » ;
2° Au 1°, le montant : « 1 042 072 € » est remplacé par le montant : « 350 896 € » ;
3° Au 2°, le montant : « 1 904 321 € » est remplacé par le montant : « 1 999 203 € » ;
4° Le dernier alinéa est supprimé.
IV. - L'article L. 4434-8 du même code est ainsi modifié :
1° Au deuxième alinéa, le montant : « 566 368 € » est remplacé par le montant : « 654 503 € » ;
2° Le dernier alinéa est supprimé.
V. - Le deuxième alinéa de l'article L. 6264-5 du même code est ainsi modifié :
1° Après le mot : « Guadeloupe », sont insérés les mots : « et la commune de Saint-Barthélemy » ;
2° Les années : « 1996 » et « 2007 » sont remplacées respectivement par les années : « 1997 » et « 2006 ».
VI. - L'article L. 6364-5 du même code est ainsi modifié :
1° À la fin du deuxième alinéa, le montant : « 2 470 689 € » est remplacé par le montant : « 2 653 706 € » ;
2° Le deuxième alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Ce montant correspond au montant annuel moyen des crédits consacrés par la région Guadeloupe au lycée de Saint-Martin et par le département de la Guadeloupe aux collèges de Saint-Martin entre 1997 et 2006 inclus ; ce montant intègre l'indexation consécutive à l'application du taux de croissance de la formation brute de capital fixe des administrations publiques associé aux projets de loi de finances pour 2007 et 2008. » ;
3° Le troisième alinéa est ainsi rédigé :
« En 2009, le montant alloué à la collectivité de Saint-Martin est équivalent à celui de 2008. » ;
4° Au quatrième alinéa, l'année : « 2009 » est remplacée par l'année : « 2010 ».
VII. - Après la première phrase du dernier alinéa de l'article 51 de la loi n° 2004-639 du 2 juillet 2004 relative à l'octroi de mer, il est inséré une phrase ainsi rédigée :
« En 2009, 2010 et 2011, la dotation globale garantie mentionnée à l'article 47 est répartie entre les communes de la Guadeloupe et la collectivité de Saint-Martin et le montant versé à la collectivité de Saint-Martin est calculé par application au montant qui lui a été versé en 2008 au titre de l'octroi de mer d'un taux d'abattement de 10 % en 2009, de 40 % en 2010 et de 70 % en 2011. »
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, le principe retenu par le présent article 5 bis soulève des interrogations de fond qui m’amènent à remonter jusqu’à la genèse du processus qui a conduit au statut actuel de Saint-Barthélemy.
Je veux rappeler les liens solides qui unissent Saint-Barthélemy à la République française. C’est en effet par référendum que la population a souhaité redevenir française alors que le roi Louis XVI avait échangé l’île contre un hangar dans un port suédois.
Je veux aussi rappeler que, jusqu’en 1963, Saint-Barthélemy a été totalement délaissée par l’État. Le grand paradoxe, c’est que l’État n’y a jamais été aussi présent que depuis qu’elle a accédé au statut d’autonomie.
Si je vous dis cela, c’est pour que chacun ait en tête que le statut de Saint-Barthélemy s’inscrit dans la culture de la responsabilité : les élus ont depuis bien longtemps assumé les compétences de l’État, du département, de la région, afin que l’île connaisse son niveau de développement actuel. Le statut d’autonomie n’est ni plus ni moins que la reconnaissance législative de ce que nous faisions déjà de manière dérogatoire.
Mais – et j’en arrive plus directement à la question posée par l’article 5 bis – cette autonomie suppose des moyens financiers, à Saint-Barthélemy comme ailleurs.
Depuis que je suis élu, je relève que Saint-Barthélemy suscite énormément de clichés. En réalité, cette île est d’abord une vitrine de l’excellence française.
Certes, cette excellence génère des recettes pour la collectivité. Ainsi, lorsque la loi organique statutaire a été rédigée, nous savions tous que le transfert des ressources serait supérieur à celui des charges : la commune assumait seule le port, l’aéroport, le collège, le transport public de passagers et d’élèves, l’hébergement des fonctionnaires de la police nationale – elle nourrissait même les gendarmes mobiles –, le traitement des déchets, etc.
Il fallait donc des recettes pour financer toutes ces dépenses, sachant que les dotations d’État n’ont jamais excédé à Saint-Barthélemy plus de 8 % du budget de la commune.
On nous accuse, par ailleurs, de ne pas avoir payé d’impôts. Mais, dans le même temps, au moment du transfert des recettes, nous apprenons que l’impôt sur le revenu générait 11, 2 millions d’euros. Désormais, l’État demande à la collectivité de reverser 5, 6 millions d’euros par an au budget de l’État, soit 20 % de son budget annuel, de manière pérenne, dont 2, 9 millions d’euros seraient affectés au département de la Guadeloupe.
Mes chers collègues, je sais que nombre d’entre vous sont ou ont été à la tête d’une collectivité et je suis certain que vous me comprenez.
Prélever 20 % du budget de la collectivité pendant les deux années à venir, puis 15 % à partir de 2011, reviendrait à réduire toutes ses marges de manœuvre d’investissement et ce, à un moment où nous subissons de la même façon, voire plus que partout ailleurs, les conséquences de la crise financière.
Cette disposition doit être également examinée au regard du principe de libre administration des collectivités territoriales. À ce titre, ce versement de 5, 6 millions d’euros représente une contrainte qui obligera la collectivité à faire des choix qu’elle n’avait pas elle-même prévus.
La collectivité ne cherche pas davantage à se dérober, c’est-à-dire à ne pas payer ce qu’elle doit à l’État. Elle conteste simplement les proportions de ces versements, d’autant que ceux-ci ont été révisés entre la loi de finances rectificative pour 2007 et le présent projet de loi.
En outre, des divergences apparaissent entre les chiffres que nous ont présentés les services du ministère du budget et ceux dont nous disposons.
Gérer sans dotation de l’État est une chose, et la collectivité de Saint-Barthélemy en avait accepté le principe ; gérer avec une dotation globale de compensation négative en est une autre, surtout quand cette situation s’applique à une collectivité dotée de l’autonomie.
Faute de temps, nous n’avons pu déposer d’amendements sur cet article, mais nous souhaitons, au nom de nos collègues d’outre-mer, faire connaître notre opposition à ces dispositions.
En effet, nous affirmons l’inconstitutionnalité de l’article 5 bis, et précisément de son paragraphe VII, qui vise à obliger la Guadeloupe à reverser à la collectivité territoriale de Saint-Martin une partie de la recette fiscale issue de l’octroi de mer, car c’est bien de cela qu’il s'agit.
Je le rappelle, l’octroi de mer ne s’applique pas à Saint-Martin, contrairement à ce qui se passe en Guadeloupe, où la plupart des intrants sont assujettis à cette taxe.
Le conseil régional perçoit donc ladite taxe, qu’il reverse ensuite aux autres collectivités, départements et communes, ainsi que, à titre dérogatoire et temporaire, en vertu de la loi du 21 février 2007, à Saint-Martin.
Or le législateur ne peut, sauf à méconnaître le principe de libre administration des collectivités locales, imposer de facto au conseil régional de la Guadeloupe de verser une partie de ses recettes fiscales à une autre collectivité, en l’occurrence celle de Saint-Martin. Pourtant, le VII de cet article impose au conseil régional de la Guadeloupe de verser jusqu’en 2011 une partie, certes dégressive, de cette ressource à une collectivité distincte.
C'est la raison pour laquelle nous sommes opposés à cet article.
Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 46 rectifié, présenté par MM. Magras et Hyest, Mme Michaux-Chevry et MM. Virapoullé, Fleming et Cointat, est ainsi libellé :
Supprimer le 4° du I de cet article.
La parole est à M. Michel Magras.
Monsieur le secrétaire d'État, le 9 juillet dernier, lors de la présentation des premières conclusions de la commission d’évaluation des charges, le directeur des services fiscaux de la Guadeloupe a annoncé que les titres émis à Saint-Barthélemy en 2005 – l’année de référence à cet égard – représentaient un montant de 11 200 000 euros. Le président du conseil territorial lui a alors demandé – je cite le procès-verbal de cette réunion : « si les montants d’impôts recensés correspondent aux activités exclusivement générées à Saint-Barthélemy ou si elles intègrent également l’impôt éventuellement perçu par l’administration fiscale sur des activités extérieures à la collectivité. »
Je poursuis la citation : « Le directeur des services fiscaux répond qu’il s’agit de l’ensemble des contribuables ayant déclaré leur domicile à Saint-Barthélemy, quel que soit le lieu d’origine de leurs revenus ».
C’est donc sur cette base que le potentiel fiscal de Saint-Barthélemy a été évalué afin de déterminer le montant des ressources transférées.
Mais l’État ne nous a pas transféré la totalité de la fiscalité qu’il perçoit à Saint-Barthélemy. J’en suis une preuve vivante
Sourires
Comme moi, tous les résidents fiscaux de Saint-Barthélemy continuent à payer à l’État leurs impôts sur les activités exercées et sur les biens situés à l’extérieur de la collectivité. Ainsi, l’État perçoit ses impôts sur toutes les personnes qui sont présentes sur l’île depuis moins de cinq ans et sur toutes les personnes et sociétés qui se trouvent domiciliées à Saint-Barthélemy aux seules fins de bénéficier des abattements fiscaux de la Guadeloupe, soit 30 %, alors que leur activité s’exerce en métropole. Nous avons connu des contribuables domiciliés à Saint-Barthélemy alors qu’ils louaient des bateaux sur la Seine, fabriquaient des rails ou étaient propriétaires de magasins sur les plus belles avenues de Paris !
Mme Nicole Bricq approuve.
Ces recettes fiscales que l’État perçoit toujours sur le territoire de notre collectivité, avec notre accord et notre collaboration, nous ne vous demandons pas de nous les restituer, car nous considérons qu’elles ne nous appartiennent pas.
Toutefois, si vous estimez nous avoir transféré tout le potentiel fiscal de Saint-Barthélemy, il faut que l’État verse chaque année à la collectivité les sommes encaissées sur les contribuables domiciliés sur son territoire, y compris au titre de la CSG, de la CRDS, voire des taxes sur la Française des jeux, entre autres ! Pourquoi ne pas intégrer ces sommes dans les calculs actuels ? Ce serait un raisonnement on ne peut plus logique, même si, je le répète, nous ne voulons pas de cet argent et nous ne le demandons pas.
Cet article 5 bis place la collectivité en situation de payer une deuxième fois ce que l’État continue de percevoir.
S’agissant des montants inscrits eux-mêmes, je prendrai l’exemple de la dotation régionale de construction et d’équipement scolaire : au travers de l’article 104 de la loi de finances rectificative pour 2007, vous l’aviez fixée à 1 042 072 euros, et vous la ramenez cette année à environ 350 000 euros, alors que la commission d’évaluation des charges l’estime à moins de 100 000 euros : 91 097 euros exactement. C’est bien la preuve que les évaluations sont contestables et méritent d’être réexaminées !
Je ne m’étendrai pas sur les chiffres relatifs aux transferts de compétences et à la fiscalité reçue : le département de la Guadeloupe en avance certains, la commission d’évaluation des charges en propose d’autres, et aujourd'hui il est à peu près impossible de déterminer qui a raison !
La collectivité et la population de Saint-Barthélemy ne demandent aucune dotation, j’y insiste, à l’État. Ce principe a été posé l’an dernier et il est considéré comme acquis. Nous ne voulons pas faire perdre un centime à l’État, ni être accusés de « vouloir le beurre et l’argent du beurre ».
Ce que nous souhaitons, monsieur le secrétaire d'État, c’est ne pas être obligés de payer à vie à l’État et au département de la Guadeloupe des sommes dont nous avons la certitude de ne pas être redevables. En effet, cela aboutirait à détruire tout le travail réalisé depuis plus de dix ans, à mettre en péril l’avenir de notre petite collectivité en brisant toute notre stratégie de croissance et à développer un sentiment d’injustice et de révolte au sein de notre population.
De plus, je le répète, je suis convaincu que, en raison de la part que représente la DGC négative rapportée au budget de la collectivité, cet article porte atteinte au principe même de la libre administration des collectivités territoriales.
Mes chers collègues, soyez assurés que je ne cherche en aucun cas à troubler la cohésion du groupe UMP ni, monsieur le secrétaire d'État, à m’en prendre au Gouvernement. Par cet amendement, je souhaite simplement que nous n’engagions pas dès à présent, et de manière définitive, les finances de la collectivité, et que nous prenions le temps nécessaire pour réviser les calculs.
L'amendement n° 59 rectifié, présenté par MM. Magras, Fleming et Hyest, Mme Michaux-Chevry et MM. Virapoullé et Cointat, est ainsi libellé :
I. - Dans le 4° du I de cet article, remplacer les mots :
chaque année
par les mots :
en 2009 et en 2010
II. - Supprimer la dernière phrase du même 4°.
III. - Compléter le II de cet article par un alinéa ainsi rédigé :
Du montant de la diminution pour l'année 2009, visée au premier alinéa, vient en déduction le montant de la compensation intégrale des pertes de recettes résultant pour la collectivité de Saint-Martin de l'application des critères de domiciliation fiscale définie au 1° du I de l'article L.O. 6314-4, prévue à l'article L.O. 6380-1 du code générale des collectivités territoriales, non versée en 2008.
La parole est à M. Michel Magras.
Il s'agit d’un amendement de repli, pour le cas où l’amendement n° 46 rectifié serait rejeté.
Puisqu’il n’est pas possible, à ce stade, de nous en tenir à une DGC négative pour Saint-Barthélemy, je propose de fixer le principe du remboursement du trop-perçu sur une période de deux ans, durée qui est proposée pour l’île voisine de Saint-Martin.
Pour ce qui est de cette dernière collectivité, qui est visée au III du présent amendement, il s’agit de fixer le sort qui sera réservé aux pertes de recettes résultant pour la collectivité de l’application des critères de domiciliation fiscale définis à l’article LO. 6314-4 du code général des collectivités territoriales, qui s’applique bien à l’île de Saint-Martin. En effet, il y a lieu de tirer les conséquences de l’interprétation du Conseil d’État dans son avis du 27 décembre 2007.
Cet amendement tend à prévoir que ce manque à gagner sera compensé par l’État par déduction de la diminution qui doit être opérée sur la DGC de Saint-Martin au titre du trop-versé en 2008.
Pour la commission, le problème est assez simple : l’article 5 bis applique le principe d’équilibre entre les charges et les recettes transférées à Saint-Barthélemy du fait de la création, dont chacun se réjouit, de cette nouvelle collectivité d’outre-mer.
D’après les informations qui m’ont été transmises, qu’il appartiendra à M. le secrétaire d'État de confirmer le cas échéant, car je ne dispose d’aucune autre donnée, la commission consultative d’évaluation des charges s’est réunie, a réalisé les calculs nécessaires et a rendu ses conclusions en juillet 2008.
Cette commission a évalué les ressources et les charges transférées, comme l’exige la loi. C’est en vertu de ce décompte que le montant du versement annuel à la charge de Saint-Barthélemy a été déterminé, soit 5, 6 millions d'euros, à répartir entre l’État et la Guadeloupe.
Telles sont les informations dont dispose la commission des finances. Notre collègue Michel Magras voudrait y substituer d’autres éléments ou appréciations.
Naturellement, la commission s’en remet sur ce point à l’avis du Gouvernement, auquel elle se ralliera et qu’elle demandera au Sénat de bien vouloir suivre.
Quant à l’amendement n° 59 rectifié, il n’appelle pas d’autre remarque de ma part.
L’an dernier, au cours de l’examen de la loi de finances rectificative pour 2007, lors des débats relatifs à la création de la collectivité de Saint-Barthélemy, le Gouvernement avait proposé un article prévoyant qu’un transfert de ressources dont le montant serait supérieur à celui des charges transférées pour ces nouvelles compétences ne serait pas repris à la collectivité.
L’Assemblée nationale avait voté ces dispositions, tout en demandant au Gouvernement de les modifier en 2008, afin que le principe d’équilibre soit rétabli.
Monsieur Magras, vous aviez vous-même souligné que le principe d’équilibre entre les charges et les ressources transférées, qui est essentiel en matière de transfert de compétences, devait être respecté strictement, d’autant qu’il avait été appliqué à Saint-Martin, une collectivité d’outre-mer créée dans les mêmes conditions que celle de Saint-Barthélemy.
Le Gouvernement a donc proposé, au travers de l’article 5 bis du présent projet de loi, que Saint-Barthélemy, conformément à la demande formulée l’an dernier par le Parlement, rembourse les sommes qui lui ont été transférées au-delà des charges qu’elle a reçues, soit 5, 6 millions d'euros, dont 2, 9 millions d'euros au bénéfice du département de la Guadeloupe.
Les travaux menés localement par les commissions d’évaluation des charges entre janvier et février 2008 ont permis d’établir exactement les montants des charges transférées. Ceux-ci ont fait l’objet d’un accord entre les divers représentants des collectivités concernées, notamment celle de Saint-Barthélemy. La commission a confirmé son avis hier.
Le Gouvernement a veillé à ce que l’article 5 bis soit strictement fondé sur les conclusions de cette commission.
Il me paraît difficile, monsieur le sénateur, d’appliquer à Saint-Barthélemy une règle plus favorable qu’à Saint-Martin, alors même que la collectivité de Saint-Barthélemy a d’elle-même fait le choix de supprimer quasiment tous ses impôts directs. Je ne puis donc accepter un amendement qui tend à rétablir le texte que le Gouvernement s’est engagé à modifier.
Je m’engage toutefois à vous apporter tous les éléments d’information complémentaires que vous n’auriez pas reçus.
Le Gouvernement s’engage également à rectifier ces calculs s’il apparaissait qu’ils sont incomplets.
En conséquence, monsieur Magras, je vous demande, cordialement, de bien vouloir retirer vos amendements, faute de quoi j’émettrai un avis défavorable.
Nous le savons tous pour avoir assisté à la réunion qui s’est tenue le 8 décembre dernier au ministère de l’outre-mer : ces chiffres devraient être recalculés !
Je le répète, nous ne souhaitons pas priver l’État de ses recettes. Mais nous sommes certains que nous payerons des sommes dont nous ne sommes pas redevables !
Par ailleurs, l’État doit à Saint-Barthélemy, d’après ses propres chiffres, quelque 5, 2 millions d'euros, et on nous demande aujourd'hui de verser 5, 6 millions d'euros, ce qui signifie – pardonnez-moi de le dire aussi crûment – que nous serons les seuls Français à acheter leur citoyenneté.
Monsieur le secrétaire d'État, vis-à-vis de la population qui m’a élu, je ne puis retirer ces amendements. Je préfère assumer les conséquences du vote du Sénat en les maintenant.
L'amendement n'est pas adopté.
L'amendement n'est pas adopté.
L'article 5 bis est adopté.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.
La séance est suspendue.
La séance, suspendue à treize heures, est reprise à quinze heures, sous la présidence de M. Gérard Larcher.