Intervention de Luc Chatel

Commission spéciale formation professionnelle — Réunion du 8 septembre 2009 : 1ère réunion
Audition de M. Luc Chatel ministre de l'éducation nationale

Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale :

a déclaré que l'orientation est un processus continu et progressif qui doit permettre à l'élève de faire des choix tout au long de son parcours en vue de réussir son insertion dans la vie professionnelle et sociale. L'orientation s'étale principalement entre bac + 3 et bac - 3, elle concerne à titre principal l'éducation nationale mais la compétence en la matière peut être partagée, sur certains points, avec d'autres entités publiques.

Pour pouvoir s'orienter l'élève a besoin tout d'abord d'une information préalable et objective sur les formations disponibles au niveau local et sur leurs débouchés. Il doit être sensibilisé très tôt aux choix d'orientation qui s'offrent à lui et à la question de l'insertion professionnelle. L'élève a également besoin de développer ses capacités à s'orienter afin d'entrer dans une démarche active et ne pas subir son orientation.

L'orientation est une composante essentielle de l'égalité des chances. Elle doit prendre en compte les talents de chacun et faire l'objet d'une politique volontariste. Malheureusement, le dispositif actuel souffre de plusieurs limites : des procédures nombreuses et complexes qui bénéficient le plus aux élèves initiés, un parcours dicté pour l'essentiel par les résultats scolaires, une information délivrée aux élèves et aux familles de façon tardive, un « projet d'orientation » qui se résume pour beaucoup d'élèves à des choix tardifs et par défaut.

La réforme de l'orientation est une des priorités de la réforme des lycées actuellement élaborée par le ministère. L'objectif est de passer à une orientation choisie et non plus subie. Ainsi, un parcours de découverte des métiers et des formations a été généralisé dès la rentrée 2009 à tous les élèves de la cinquième à la terminale. Ce système de découverte progressif et diversifié s'accompagne par la remise, dès la classe de cinquième, d'un livret personnel de suivi qui permettra à l'élève de garder des traces de ses expériences et d'élaborer lui-même sa démarche d'orientation.

Il faut également agir sur tous les prescripteurs en matière d'orientation, car celle-ci ne peut pas être l'affaire des seuls spécialistes. Les enseignants doivent assurer le premier accompagnement et cette question fera l'objet d'une attention particulière dans le cadre de la réforme du recrutement des maîtres. Les missions des conseillers d'orientation psychologues seront redéfinies afin d'orienter leurs compétences psychologiques en direction des élèves qui en ont vraiment besoin et de consolider leurs connaissances sur les métiers, l'emploi et le travail. Enfin, les parents seront davantage associés à la formation des élèves concernant la découverte des métiers.

a ensuite fait valoir que le second cycle de l'enseignement secondaire sera réformé. Tout d'abord, concernant la voie professionnelle, cent vingt mille élèves quittent l'enseignement secondaire sans aucun diplôme. Un élève sur deux qui s'engage dans la préparation d'un baccalauréat professionnel s'arrête au niveau du BEP. Dès lors, l'objectif de la réforme est de réduire le nombre de sorties prématurées du système scolaire sans qualification. Il s'agit également d'élever progressivement le niveau moyen de qualification de tous les élèves au travers de la généralisation du baccalauréat professionnel en trois ans et de l'augmentation significative de l'offre de CAP. De même, l'accompagnement personnalisé et la multiplication des passerelles contribueront à une meilleure orientation.

Concernant le lycée général et le lycée technologique, le rapport de Richard Descoings va servir de base aux recommandations des différentes organisations syndicales des parents d'élèves et des lycéens qui seront recueillies par le ministère pour élaborer l'architecture du nouveau lycée avant la fin septembre. Le nouveau lycée devrait être plus juste et faire davantage pour ceux qui en ont le plus besoin afin d'éviter les sorties prématurées du système. Il est également nécessaire de mieux préparer à l'enseignement supérieur et dès lors, non seulement de transmettre du savoir mais aussi d'enseigner l'autonomie. Il faut passer d'un système dans lequel l'orientation est figée très tôt à un système progressif permettant une réelle réversibilité des choix.

La lutte contre les sorties sans diplôme est une priorité. Le ministère de l'éducation nationale et le haut commissariat à la jeunesse travaillent actuellement à des réponses précises sur la question du décrochage scolaire. Dès cette rentrée, tous les établissements scolaires seront dotés d'un outil informatisé de repérage et de signalement des élèves sans solution d'orientation. L'ensemble des acteurs est mobilisé dans la lutte contre l'absentéisme précoce.

Le nombre et la qualité des services destinés aux élèves et à leurs familles seront très significativement accrus. De nouveaux services personnalisés développés par l'Onisep seront accessibles dès cette année à travers un numéro azur et un site internet unique afin de fournir une information complète et actualisée en matière de formation, de métiers et de débouchés. La plate-forme multimédia d'orientation expérimentée dans l'académie d'Amiens sera généralisée. Au total, six plates-formes de ce type couvriront l'ensemble du territoire national. Elles seront accessibles aux élèves et aux familles par téléphone ou par internet mais offriront également des possibilités d'échanges et des rendez-vous avec les professionnels des réseaux en charge de l'information et de l'orientation. Les questions posées par les collégiens, les lycéens et leurs familles seront donc traitées directement. Dès la fin du mois de septembre, le site de l'Onisep offrira un système de géolocalisation des formations et pourrait, à terme, permettre également une géolocalisation des offres d'emploi.

a souligné la nécessité de décloisonner les différentes voies de formation. Ceci passe par la multiplication de passerelles entre voie générale, voie technologique et voie professionnelle, la diversification des approches pédagogiques et l'amélioration de l'articulation entre formation initiale et formation continue. Ainsi, l'alternance sera développée pour les jeunes les plus en difficulté en fin de collège et l'apprentissage sera développé en milieu scolaire.

L'essentiel de la formation continue est aujourd'hui assuré par le réseau des groupements d'établissements (Greta). Les rapports les plus récents, et notamment celui de la mission d'information commune conduite par le sénateur Jean-Claude Carle, ont montré la nécessité d'améliorer le dispositif actuel qui souffre de dysfonctionnements récurrents faisant obstacle à la mission de service public de l'éducation nationale en matière de formation continue des adultes. Un groupe de travail est chargé de formuler des propositions concrètes pour faire évoluer la gouvernance des Greta ainsi que le statut et les missions des conseillers en formation continue.

Concluant son propos, le ministre a indiqué que l'articulation entre insertion professionnelle et accompagnement des élèves est au coeur des réformes en cours.

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