Intervention de Nicole Bricq

Réunion du 18 décembre 2008 à 9h30
Loi de finances rectificative pour 2008 — Question préalable

Photo de Nicole BricqNicole Bricq :

Monsieur le secrétaire d'État, vous avez fait grand cas du plan annoncé le 4 décembre à Douai par le Président de la République pour justifier le dérapage du déficit budgétaire, qui, consolidé avec le déficit de la sécurité sociale, pourrait, du fait des pertes de recettes, approcher 5 % de la production intérieure brute en 2009. Autant le dire, nous ne nous réjouissons pas de ces chiffres.

Toutefois, malgré l’appréciation laudative que vous en avez faite, nous contestons la faculté de ce plan à relancer l’activité à court terme et à préparer l’avenir, et ce pour trois raisons.

Premièrement, la mécanique du crédit continue de se dérégler. Les banques n’ont pas nettoyé leur bilan, et chaque semaine apporte de mauvaises nouvelles sur les créances douteuses qu’elles possèdent. Le plan de relance ne suffira pas à enrayer les difficultés de paiement. Nous l’avions dit quand nous avons débattu du plan d’urgence, lors de l’examen du premier collectif budgétaire pour 2008 : en ne s’impliquant pas dans les banques qu’il décide d’aider soit par recapitalisation directe, soit par une présence dans le conseil d’administration, l’État se prive de toute possibilité d’action.

Deuxièmement, la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne se révèle impuissante à pallier l’enrayement du crédit.

Enfin, troisièmement, le plan présenté le 4 décembre dernier est trop modeste s’agissant de la demande et peu utilement orienté. Il ne prend pas la mesure d’une récession qui sera autrement plus sévère que celle de 1993.

Le Président de la République et le Gouvernement font le pari risqué d’une récession courte, et de faible ampleur. Il aurait fallu que ce plan soit plus équilibré, notamment en utilisant l’arme fiscale en faveur des ménages les plus modestes. Mais, par idéologie, vous ne renoncez à aucune des mesures fiscales improductives prises en 2007.

Quant aux dispositions dont vous avez loué l’efficacité à la tribune et qui seraient favorables aux investissements au travers des avances de trésorerie de l’État, ces sommes auraient dû, de toute façon, être versées en 2009.

S’agissant des 11, 5 milliards d’euros affectés aux programmes d’investissement public gelés jusqu’à présent, ils ne peuvent être assimilés à une relance pour 2009 ; tout au plus limiteraient-ils les chutes de l’activité en 2010 et 2011.

En fait, ce collectif budgétaire ne passera pas l’année 2008. Le vrai rendez-vous ne sera pas forcément le premier collectif de 2009, que le ministre des comptes publics présentera demain matin au conseil des ministres ; il pourrait bien être suivi d’un autre.

Si l’on ajoute à cela l’insincérité des comptes, mise en relief par la Cour des comptes dans son rapport préalable à ce projet de loi de finances rectificative, la motion présentée par nos collègues du groupe CRC-SPG n’est pas infondée. Nous souhaitons cependant défendre nos amendements, et nous voulons in fine vous dire tout le mal que nous pensons de ce collectif budgétaire pour 2008. Donc, nous nous abstiendrons.

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