Intervention de André Gattolin

Commission des affaires européennes — Réunion du 30 avril 2020 à 10h00
Agriculture et pêche — Avis politique sur l'agriculture et la politique de concurrence par téléconférence

Photo de André GattolinAndré Gattolin :

Monsieur le Président, j'ai fait parvenir hier, par l'entremise de mon groupe, des observations sur ce projet d'avis politique, avec lequel nous sommes globalement en phase, d'autant qu'il fait écho à des demandes formulées par la plupart des États européens, et notamment la France, ainsi que par le Parlement européen.

Je vous prie de m'excuser d'avoir réagi tardivement, mais nous sommes en ce moment en visioconférence ou en réunion téléphonique pratiquement de 9 heures à 20 heures, et il devient très difficile de travailler sur tous les dossiers dans ces conditions. Dans un autre domaine, j'ai assisté cette semaine à deux auditions sur le même sujet dans deux commissions différentes. Il va falloir éviter de tomber dans la « réunionite » téléphonique. Pour autant, il est important d'échanger le plus possible avec les commissions au fond sur tous les sujets.

Cet avis politique démontre le caractère éminemment stratégique de la sécurité alimentaire et de la résilience des exploitations agricoles en Europe. Ceci justifie l'idée d'un budget ambitieux pour la PAC. Nous sommes tous d'accord sur ce point.

Nous nous interrogeons cependant, car le plan de relance voulu par la Commission et un certain nombre d'États membres pourrait finalement s'insérer dans le cadre financier pluriannuel, si celui-ci était porté à hauteur d'environ 2 % du produit intérieur brut de l'Union. Il est très difficile de savoir si on continue à raisonner sur la base des précédentes évaluations des présidences finlandaise et croate, ou si l'on passe dans une dimension qui représenterait pratiquement un doublement des moyens disponibles, dans laquelle s'imposeraient naturellement des priorités - et je suis d'accord pour dire que la question de la PAC en est une.

Je voudrais néanmoins que tout ceci ne se fasse pas au détriment du Green New Deal, de la lutte contre les changements climatiques ou de la protection de la biodiversité.

Le texte qui nous est présenté est prudent et, en ce sens, très intelligent. Le point 20 demande d'accorder un caractère prioritaire à l'objectif de souveraineté alimentaire de l'Union européenne. Je suis d'accord, à condition qu'il y ait plusieurs priorités et que l'une ne chasse pas l'autre.

Nous avons aussi besoin de faire évoluer notre modèle agricole. La sécurité alimentaire, ce n'est pas simplement l'autonomie, c'est aussi la qualité des produits. Nous avons encore une agriculture très performante. Il ne faudrait pas, au nom de l'indépendance alimentaire, nous acheminer vers une production de qualité dégradée. C'est le point sur lequel je voulais insister, sans plus d'éléments.

Le point 21 est important. On est là dans la préservation d'un certain nombre de secteurs, et je soutiens ce qu'ont dit Gisèle Jourda et d'autres collègues concernant les secteurs stratégiques.

Au-delà de la préservation, il va peut-être falloir reconquérir des espaces. C'est le but du plan de relance. On a aujourd'hui du mal à articuler le futur budgétaire de l'Union européenne avec les priorités et les marges de manoeuvre de la PAC dans ce domaine.

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