Intervention de Ludovic Haye

Commission des affaires européennes — Réunion du 19 novembre 2020 à 8h00
Marché intérieur économie finances fiscalité — Politique européenne en matière de données et souveraineté numérique européenne : communication et avis politique de m. christophe-andré frassa et mme laurence harribey

Photo de Ludovic HayeLudovic Haye :

Merci M. le Président. Intéressé par les enjeux du numérique, je pense qu'en tant que parlementaires, notre rôle d'ambassadeurs des nouvelles technologies implique de nous tenir à la pointe de l'information.

Il est agaçant de constater le décalage entre la qualité de nos atouts (ressources humaines, savoir-faire technologique, cadre juridique, comme le RGPD), et leur piètre mise en valeur. Alors que beaucoup d'États tiers étaient à l'origine sceptiques sur le RGPD, la Suisse par exemple, le considère aujourd'hui comme une source d'inspiration. Nous avons été pionniers en ce domaine.

Je salue la qualité du travail de mes collègues rapporteurs, et j'insisterai sur deux points. Tout d'abord, comment assurer efficacement la promotion de notre savoir-faire technologique ? Je prendrai l'exemple du moteur de recherche Qwant : en tant que maire, j'ai appliqué les consignes données aux collectivités territoriales de promouvoir le moteur de recherche français Qwant, avant de recevoir des consignes contraires, au motif que Qwant s'appuyait sur le moteur de recherche Bing et Microsoft. Faut-il ne soutenir que les acteurs européens qui maîtrisent l'ensemble d'une chaîne de technologie ou pouvons-nous appuyer des champions ne maîtrisant qu'une partie de cette chaîne et donc dépendant d'entreprises étrangères pour leur bon fonctionnement ? Peut-on se satisfaire de ne maîtriser qu'une « brique » technologique dans la chaîne de valeur ?

Je penche pour la deuxième solution, constatant l'écrasante domination, de fait, des acteurs américains en termes de logiciels et de systèmes d'exploitation (Operating Systems - OS) : je préconise la promotion de champions européens, même imparfaits.

En ce qui concerne la promotion de nos solutions technologiques européennes, nous sommes dans un cercle vicieux : plus un outil est connu, plus on le sollicite, et ainsi de suite, jusqu'à une position de monopole. Réagissons maintenant car plus le temps passe, plus les bases de données des géants américains s'enrichissent, et plus il sera difficile de les rattraper.

En outre, plus le temps passe, plus le cadre juridique tarde à se mettre en place, moins il sera efficace contre une concurrence qui aura eu le temps de se structurer.

À l'image de l'initiative germanique Gaïa-X, que la France a rapidement rejoint, il est plus que temps de promouvoir nos outils numériques européens, même imparfaits.

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