Il existe un sentiment global de désillusion démocratique qui est très puissant, notamment chez les jeunes. Lorsque vous évoquez l'appétence pour d'autres modes de représentation démocratique, j'ai le sentiment que l'engagement doit aussi se mesurer dans tous les aspects de l'engagement sociétal. Ceci interroge également leur engagement dans le monde de l'entreprise, qui me semble comparable. Nous observons que, pour certains jeunes, les modalités d'engagement diffèrent par rapport à un monde adulte classique et rejoignent notamment le concept d'entreprise libérée. Cela fait résonance à la manière dont on voudrait qu'ils s'insèrent dans le débat démocratique, alors que leurs attentes sont différentes.
Vous avez évoqué l'intérêt de mettre en évidence l'engagement des jeunes dans d'autres espaces, notamment associatifs et sportifs, qui peuvent être des lieux d'opportunité de rencontre et de débat démocratique. Il semble nécessaire de se demander comment susciter à nouveau du débat dans les associations, quelles qu'elles soient, notamment sportives, où elles sont le plus présentes en milieu rural. Ceci réinterroge la notion d'engagement et d'éducation populaire et la façon dont les nouvelles fédérations se repositionnent sur ce projet politique qu'était l'engagement citoyen et populaire au travers du mouvement associatif. Les associations ont en effet beaucoup de difficulté à faire participer les jeunes aux gouvernances associatives et à proposer d'autres modes d'engagement.
Enfin, nous sommes tous très inquiets de notre remise en question au regard de la désillusion démocratique. Nous avons des difficultés à sortir d'un schéma classique de « petites réponses », par exemple sur la rénovation du principe du vote pour créer de l'appétence. La rénovation des pratiques électorales me semble une réponse faible au regard de la situation à laquelle nous assistons aujourd'hui.