Intervention de Éric Debarbieux

Mission d'information sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement — Réunion du 1er juillet 2021 à 11h40
Audition de M. éric deBarbieux ancien président-fondateur de l'observatoire international de la violence à l'école et vice-président de l'association « prévenance »

Éric Debarbieux, ancien président-fondateur de l'Observatoire international de la violence à l'école et vice-président de l'association « Prévenance » :

Je suis d'accord sur le fait que la dynamique de groupe est bien sûr constituée d'individus qui s'agglomèrent. Il y a des leaders de groupes positifs ou négatifs.

Il faut être très clair : nos enseignants ont besoin d'avoir une vraie formation et, en particulier, de formations très concrètes sur la dynamique de groupe. Certaines personnes vont travailler 40 à 45 ans avec des groupes d'enfants et de jeunes qui n'ont pas forcément envie d'être là, sans avoir suivi un cours sur la dynamique de groupe !

Par exemple, quand je parle de minorités et de difficultés liée aux minorités, la psychologie sociale a bien montré comment la minorité pouvait agir avec et sur le groupe lui-même. Cela fait partie des formations qui doivent être beaucoup plus dispensées.

À ce propos, je rappellerai une chose : j'avais obtenu à l'époque de Luc Chatel la mise en place d'un programme de « formateurs de formateurs ». C'est de là que ça part : on manque de formateurs réellement formés. Ce programme devait durer trois ans, mais s'est interrompu.

Les référents harcèlement ont toujours été le problème de l'Éducation nationale, qui place des référents partout. Les référents harcèlement étaient en même temps référent « laïcité », référent « instruction civique », référent « violence »... Ils n'avaient pas le temps. Quelques fois le référent était lui-même inspecteur d'académie, ce qui montrait bien le temps qu'il pouvait consacrer à cela. Il y a là un vrai manque.

Je ne suis pas contre l'idée de l'autonomie des enseignants et des équipes, à partir d'un vrai projet qui comporte tout de même des références nationales et où la lutte contre le harcèlement est menée pour le bien-être des élèves. C'est quelque chose qui, culturellement, nous a semblé en France superfétatoire. Au mieux, cela pourrait être intéressant. C'est là encore quelque chose qui pose question.

Je ne peux pas répondre à tout ce que vous avez dit, mais je partage des points de votre discours.

Concernant votre dernière question, on sait que le harcèlement a un impact très fort sur la scolarité. C'est un des facteurs majeurs du décrochage scolaire. Une enquête faite par Catherine Blaya dans l'académie de Dijon montre que 24 % des élèves décrocheurs le sont directement à cause du harcèlement.

Maintenant, est-ce que le niveau scolaire d'un pays a en lui-même un impact sur le harcèlement ? Je vous avoue que je ne sais pas. Je n'ai pas d'éléments de comparaison. Il faut toutefois se méfier de certains a priori. Par exemple certains des pays qui ont un niveau scolaire bien supérieur au nôtre d'après des enquêtes comme PISA - sur laquelle il y aurait beaucoup à redire -, sont parfois aussi champions du monde du taux de suicide chez les adolescents. Il faut réfléchir sur des corrélations possibles qui sont moins positives que ce qu'on imagine.

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