Intervention de Cédric O

Mission d'information Illectronisme et inclusion numérique — Réunion du 9 septembre 2020 à 16h30
Audition de m. cédric o secrétaire d'état chargé de la transition numérique et des communications électroniques

Cédric O, secrétaire d'État :

Je ne peux qu'abonder dans votre sens.

Concernant l'équipement, si l'on regarde les exemples des conseils départementaux ou des conseils régionaux, toutes sensibilités partisanes confondues, qui ont décidé d'équiper de tablettes leurs collégiens ou leurs lycéens, on s'aperçoit que c'est quasi systématiquement un très grand échec. Je ne nie pas le coût que représente l'achat d'un smartphone ou d'un ordinateur - en entrée de gamme, un ordinateur coûte 150 à 200 euros -, mais je pense que c'est le dernier maillon de la chaîne. L'ensemble des initiatives le montre : si l'équipement n'est pas accompagné d'un apprentissage des usages, par exemple par le professeur, très vite il se retrouve mis de côté, voire mis en vente sur le Bon Coin. À titre personnel, je ne suis pas fermé à une réflexion sur les tarifs sociaux pour les équipements, mais, je le répète, c'est vraiment le dernier maillon de la chaîne. Il faut d'abord améliorer la connexion et les usages. Une réflexion pourrait aussi être menée concernant la réutilisation des équipements. J'ai l'exemple d'initiatives très intéressantes qui couplent l'inclusion numérique, l'insertion par l'activité économique et des ordinateurs de seconde main. Je l'ai vu en Guyane. C'est un cercle vertueux dans lequel nous pourrions nous inscrire.

L'éducation dans les petites classes progresse. L'éducation au numérique, en règle générale, que ce soit au code et à la grammaire, est un sujet qui me préoccupe beaucoup. Quand on se regarde, on se désole ; quand on se compare, on se console, si je puis dire. En introduisant une heure et demie d'enseignement technique et numérique obligatoire pour tous les élèves à partir de la seconde depuis septembre 2019, Jean-Michel Blanquer a fait de la France l'un des pays, peut-être le pays de l'OCDE, qui est le plus en avance dans la généralisation de l'enseignement du numérique. D'ailleurs, cela correspond à une stratégie qui commence à irriguer les petites classes, avec un élément déclencheur, qui est la formation des professeurs. Il faudrait également en profiter pour travailler sur la mixité des métiers du numérique, mais c'est un sujet auquel se heurte l'ensemble des pays développés. Oui, nous ne sommes pas très en avance, mais nous sommes souvent moins en retard que les autres, même si nous sommes loin de la ligne d'arrivée.

L'ergonomie des sites est un sujet que je connais très bien. Cette question est aujourd'hui pilotée par Amélie de Montchalin, qui est chargée de l'ensemble de la transformation publique et numérique de l'État. Oui, nous sommes allés trop vite dans la numérisation des services publics et, surtout, nous avons oublié une partie des usagers. La disparition des numéros de téléphone a fait chuter le taux d'accessibilité, sans oublier la sémantique souvent inaccessible à une partie de nos concitoyens. Nous avons donc pris ce sujet à bras-le-corps.

Depuis plus d'un an, nous publions tous les trimestres la liste des 250 démarches administratives les plus utilisées par les Français, avec sept critères de qualité, par exemple l'accessibilité par un smartphone ou le taux de satisfaction des usagers. Cela exerce une amicale pression sur mes collègues du Gouvernement quand une démarche est dans le rouge. Ce tableau peut être consulté par tous les Français et, donc, bien évidemment, par la Représentation nationale. Oui, nous avons besoin de travailler sur la qualité de notre démarche dématérialisée. Nous avons lancé il y a à peu près un an, notamment avec la direction interministérielle de la transformation publique (DITP), un chantier de réintroduction des numéros de téléphone dans les administrations. Quand quelque chose ne fonctionne pas et que l'on vous dit de vous rendre à un guichet à quarante kilomètres de chez vous, le mardi de dix heures trente à douze heures trente, c'est agaçant et cela aboutit à de la colère contre le service public.

Dans le plan de relance, il y a également 2,3 milliards d'euros prévus pour la numérisation des services de l'État, des collectivités territoriales et des TPE-PME. Soyez assuré que le Président de la République s'est engagé à ce que 100 % des démarches soient dématérialisées d'ici à 2022. Pour en avoir discuté avec lui, il a conscience que, le plus urgent, ce n'est pas ce taux de 100 %, mais la qualité des 70 % actuels.

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