Intervention de André Gattolin

Commission des affaires européennes — Réunion du 17 novembre 2022 à 8h35
Budget de l'union européenne — Le cadre financier pluriannuel de l'ue au défi de la guerre en ukraine - communication

Photo de André GattolinAndré Gattolin :

Je travaille sur ce sujet depuis douze ans, j'ai notamment « épluché » ces budgets lorsque j'étais à la commission des finances. Je reconnais que l'établissement des prévisions budgétaires sous-tendant le montant du prélèvement sur recettes est très complexe, et, de surcroît, on peut observer des écarts notables en exécution.

Ainsi, l'année dernière, l'hypothèse retenue en loi de finances initiale s'est finalement révélée significativement plus élevée que l'exécution constatée.

Je remercie Patrice Joly pour ce travail. S'agissant des rivalités entre le Parlement européen et la Commission européenne concernant une révision globale ou ciblée, les positions ne sont pas surprenantes. Concernant la Facilité européenne pour la paix, créée initialement à d'autres fins, mais qui permet aujourd'hui en particulier aux États membres de se faire rembourser une partie des armes fournies à l'Ukraine, 3,1 milliards ont été engagés depuis mars 2022. Aujourd'hui, d'après les derniers chiffres que j'ai eus, 6 milliards d'euros d'aide miliaire ont déjà été donnés à l'Ukraine par les États membres de l'Union européenne. Il faudra donc bien que l'enveloppe consacrée à cette Facilité européenne pour la paix soit très vite augmentée. Je rappelle que les Américains ont donné près de 25 milliards d'euros d'aide militaire, et le Royaume-Uni 4 milliards.

Nous devons aussi anticiper le coût très élevé de la reconstruction de l'Ukraine, dont les estimations varient entre 800 milliards et 1 600 milliards d'euros, ce qui aura inévitablement des impacts budgétaires. Cela va représenter un impact sans précédent en termes de croissance et de dynamique européenne, supérieur à l'impact de l'ensemble de nos échanges avec la Chine. Le grand enjeu va être de s'organiser pour tirer les fruits de cette croissance et ne pas laisser les États-Unis ou la Chine, très présente en Ukraine depuis longtemps, obtenir l'essentiel des contrats lorsque la paix sera revenue.

Des proches collaborateurs du chancelier allemand Olaf Scholz, avec lesquels j'ai récemment échangé, analysent déjà les opportunités économiques que représente la reconstruction de l'Ukraine. Nous ne devrions pas être trop pingres, au niveau français, sans quoi nous risquons de passer à côté de ces opportunités.

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