Je vous remercie pour votre confiance. L'Institut de l'économie circulaire a été fondé il y a trois ans. J'en suis, avec Chantal Jouanno, l'un des membres fondateurs. L'Institut est un lobby dédié à l'économie circulaire, qui vise à donner un corps et un contenu au débat français sur l'économie circulaire, grâce à la mobilisation d'acteurs du monde économique comme La Poste, les cimentiers français, ou encore Orange, mais aussi d'éco-organismes, de collectivités territoriales, d'organisations non gouvernementales (ONG), d'experts, de personnalités politiques et d'écoles de management.
L'économie circulaire est en effet devenue un sujet majeur - même s'il ne l'est pas encore assez à mon goût -, qui commence à être porté politiquement au plus haut niveau : Emmanuel Macron a récemment rappelé son importance dans son discours devant le Conseil national de l'industrie, lors d'un colloque dédié à l'économie circulaire. Le législateur s'est également emparé du sujet : des dispositions relatives à l'économie circulaire ont pour la première fois été introduites dans le projet de loi de transition énergétique pour une croissance verte, dont le titre IV s'appuie en partie sur les travaux de l'Institut.
Un des derniers livres parus sur le sujet, L'économie circulaire ou la compétition des ressources, produit par le conseil général de l'économie, montre que l'on sort du strict champ environnemental.
Je suis très satisfait de voir le sujet de l'économie circulaire repris par les politiques, et par de nombreuses collectivités qui ont mis en place des stratégies. On constate également une évolution au niveau européen, avec le passage d'une approche très défensive - qui était soutenue par la commission de l'environnement - à une approche proactive fondée sur la transformation de notre modèle de développement, et non plus uniquement de la correction du modèle existant. Ces stratégies de transformation ont été mises en place par nombre d'entreprises. Je citerai l'exemple assez symbolique de Bouygues Construction, qui mène une politique très volontariste en ce domaine.
L'économie circulaire est fondée sur un paradigme, celui de l'amenuisement des matières premières indispensables à notre développement. Cela m'a encore été rappelé ce matin au Commissariat général à l'investissement : face à la diminution des ressources, on tire la sonnette d'alarme! La grande inconnue est la suivante : parmi les matières premières disponibles aujourd'hui, lesquelles seront essentielles demain ? Un métal rare utilisé dans la fabrication de certains composants électroniques est-il vraiment plus indispensable que le sable, qui nous paraît être une ressource très disponible ?
Enfin, l'Institut concourt à près de 50 % des publications françaises sur l'économie circulaire. Nous avons notamment collaboré en 2015 avec le Club de Rome pour analyser des stratégies de mutation de nos modèles de société s'appuyant sur les énergies renouvelables. Cette étude a mis en lumière les bénéfices sociaux de l'efficacité énergétique et de l'économie circulaire : en France, ce sont 500 000 emplois, une baisse de 30 % des émissions de CO2 et une augmentation de 2,5 points du PIB. Par ailleurs, deux salariés de l'Institut, qui sont également chercheurs, ont produit en leurs noms propres un document de référence voué à une large distribution.
L'Institut a réussi à rassembler ces acteurs pour porter une vision commune sur l'évolution des sociétés qui est très remarquée à l'étranger : c'est la « french touch » de l'économie circulaire ! En la matière, d'autres pays plus libéraux, comme la Grande-Bretagne, se reposent sur le marché ; des pays plus dirigistes, comme la Chine, ont opté pour une économie planifiée. La France, elle, est saluée pour sa capacité à faire avancer de concert l'ensemble des acteurs.
Vos travaux posent la question de savoir si les principes de l'économie circulaire pourraient s'appliquer aux téléphones portables. Je crois qu'il faut s'entendre sur la problématique qui vous intéresse : est-ce la fréquence élevée de l'acquisition des téléphones ou les matières premières particulières qu'ils contiennent ?