Intervention de Laurent Lafon

Mission d'information Conditions de la vie étudiante — Réunion du 6 mai 2021 à 11h00
Bilan d'étape sur les travaux de la mission d'information — Échange de vues

Photo de Laurent LafonLaurent Lafon, rapporteur :

Cette réunion nous permet d'avoir un échange sur les principaux constats que nous tirons de nos travaux et sur lesquels pourront s'appuyer nos propositions.

Le constat général est assez sévère, avec deux idées sous-jacentes. Ces dernières années, les gouvernements ont fait d'importants efforts pour accueillir quantitativement un nombre d'étudiants en pleine progression mais ils ne se sont pas accompagnés d'un effort qualitatif pour que le parcours des étudiants se déroule dans les meilleures conditions. En outre, l'épidémie de covid-19, d'une particulière gravité, agit comme un révélateur et un amplificateur des difficultés que connaissent les étudiants.

On constate également que le terme générique d'« étudiants » masque une réalité diverse, avec des groupes d'étudiants qui diffèrent selon leur niveau d'études, le type d'établissement fréquenté, les territoires ou encore la façon dont ils sont logés. Il n'y a donc pas une population étudiante, mais des populations étudiantes : nous devons donc entrer plus dans le détail pour conduire notre analyse sur la vie étudiante.

En abordant les différents aspects de la santé des étudiants, en particulier celui de la santé mentale, on voit bien qu'il faut prendre en compte la situation des étudiants sous l'angle du parcours de vie, de l'émancipation, de l'identité étudiante, et pas seulement du déroulement des études. Sous cet angle, on mesure bien l'impact très significatif qu'a eu la crise sur la vie étudiante.

Lorsque l'on regarde la photographie d'avant crise, on voit, à travers les enquêtes de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE), que la problématique du logement est une constante. Les difficultés d'accès au logement et l'effet du coût du logement sur le reste à vivre de l'étudiant ont un impact significatif sur la réussite de ses études. L'OVE nous montre néanmoins qu'il y a des améliorations, mesurables par la progression de la satisfaction des étudiants sur le déroulement de leurs études.

Les difficultés de santé commençaient à émerger avant la crise sanitaire, même si ce thème n'était pas si présent lorsqu'on abordait la question de la vie étudiante. Elles sont devenues très prégnantes avec la crise sanitaire, en particulier celles relevant de la santé psychologique.

La question des ressources est complexe. De quoi a besoin un étudiant pour mener convenablement ses études, sans être perturbé de manière trop importante par des difficultés financières ? Il y a manifestement besoin de regrouper l'accès aux différentes aides financières dans un guichet unique, car leur multiplicité nuit à leur accessibilité. Plus les dispositifs sont complexes, plus il y a besoin d'informer. Or, on constate un vrai déficit d'information sur ce plan ainsi que des difficultés à bien cibler le public étudiant. À ce sujet s'ajoute celui des bourses qui n'est pas parfait et des améliorations sont à trouver, notamment en évaluant les éventuels effets de seuils.

Une attention doit être portée à la bonne articulation, s'agissant des ressources des étudiants, entre les bourses et les emplois étudiants. Il ne faut pas les opposer mais y voir une complémentarité. Le fait de qualifier l'emploi étudiant de « petit boulot » n'est pas péjoratif !Il faut valoriser l'emploi étudiant et le compléter par des bourses afin qu'il ne pénalise pas les étudiants salariés par un volume de travail trop important. Une voie semble se dessiner autour de l'accompagnement de l'étudiant dans son parcours. Il faut regarder comment les bourses contribuent à cette accompagnement en prenant en compte le coût des études, l'éloignement de l'étudiant. Ce sont des pistes de réflexion que nous devrons préciser par nos travaux.

Concernant la question du logement, les difficultés sont anciennes, en particulier pour favoriser la construction de logements. La mise en oeuvre du plan du gouvernement visant à construire 60 000 logements étudiants connait des lenteurs. Il faut accélérer les choses, appréhender l'ensemble de l'offre de logements et en améliorer la lisibilité. Il me semble intéressant de renforcer l'approche territorialisée des politiques de logement, en particulier pour le logement des étudiants. Pour cela, les communes doivent s'engager davantage dans la construction de logements étudiants.

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