Intervention de Laurent Béguery

Mission d'information Fonds marins — Réunion du 19 avril 2022 à 17h00
Audition de Mm. Marc Boissé président et laurent beguery responsable du département services en mer de alseamar

Laurent Béguery, responsable du département Services en mer d'Alseamar :

Les planeurs ont été inventés dans les années 1990, mais c'est vers 2005 que l'on a commencé à les utiliser en Europe et en Amérique, principalement pour l'océanographie physique : à ce titre, l'exemple emblématique, c'est le planeur chargé d'allers-retours réguliers entre la Corse et la métropole pour mesurer la température et la conductivité de l'eau. Il offre une vue en coupe de la mer, permettant de distinguer les différentes masses d'eau toute l'année durant.

Très rapidement, de nouveaux capteurs ont été mis au point, notamment afin de mesurer la biologie de l'océan pour l'ensemble de la chaîne trophique. Ainsi, des capteurs de fluorescence permettent de voir le phytoplancton ; une caméra, développée à Villefranche-sur-Mer, permet de voir le zooplancton ; et l'ADN environnemental, champ d'études en plein développement auquel nous contribuons via divers partenariats, offre un inventaire exhaustif des populations animales et végétales présentes dans l'eau.

En parallèle, nous consacrons d'importants travaux à l'acoustique sous-marine. Outre les baleines et les dauphins, le benthos tout entier fait du bruit, qu'il s'agisse des crevettes, des coquilles Saint-Jacques ou encore des oursins. L'acoustique sous-marine est produite en grande partie par les mollusques ; de plus, beaucoup de poissons font du bruit en Méditerranée, principalement le corb et le mérou, qui sont deux espèces protégées.

Nous participons au programme européen Life, destiné à surveiller, dans le pélagos, les populations de rorquals communs, que l'on peut entendre à vingt-cinq kilomètres de distance environ - leur présence est donc assez facile à détecter -, et de cachalots. Les planeurs permettent de déterminer très précisément où les animaux se trouvent.

Les gliders permettent également de mesurer les impacts environnementaux. Les différents sons que les humains produisent dans l'océan - circulation des bateaux, battage des pieux, etc. - ont des effets sur l'environnement. En s'éloignant et en se rapprochant, on peut déterminer la portée à partir de laquelle ces sons deviennent une nuisance pour les animaux marins.

Nous étudions aussi les rejets de panaches. Ainsi, nous avons consacré une étude à l'usine d'aluminium Alteo, à Gardanne, dont les rejets aboutissent au canyon de Cassidaigne, dans le parc marin des Calanques. Avant 2016, il s'agissait de ce que l'on appelait les boues rouges ; désormais, ce sont des eaux de production industrielle basique. Au titre des eaux usées, nous avons également réalisé des études pour les communes d'Antibes et de Vallauris, afin de mieux connaître la dispersion de leurs eaux usées en mer.

Le sol et le sous-sol constituent un dernier objet d'étude, et non des moindres. Les capteurs associés permettent de mesurer très précisément ce qui se passe au fond de la mer : pour le compte de l'Institut de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), nous menons une enquête sur le volcan apparu à Mayotte en 2018. Ce phénomène a entraîné l'apport de 6 kilomètres cubes de matière et un important dégazage de méthane et de CO2 sur le site dit « du fer à cheval ». Les mesures quotidiennes effectuées à ce titre durent depuis maintenant sept mois.

En résumé, notre véhicule, équipé de capteurs, est mis au service d'une stratégie d'échantillonnage destinée à l'étude des milieux. Il permet ainsi de répondre à diverses questions relevant pour l'essentiel de l'océanographie physique, de la biologie, des impacts environnementaux et des ressources minérales profondes.

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