Intervention de Jean-Marc Daniel

Mission d'information Fonds marins — Réunion du 25 janvier 2022 à 17h00
Audition de scientifiques : Mm. Jean-Marc daNiel directeur du département « ressources physiques et écosystèmes de fond de mer » de l'institut français de recherche pour l'exploitation de la mer ifremer laurent kerléguer directeur général du service hydrographique et océanographique de la marine shom joachim claudet conseiller « océan » du centre national de la recherche scientifique cnrs et Mme Mathilde Cannat mandatée par le cnrs comme pilote dans la feuille de route « grands fonds » dans le cadre de france 2030

Jean-Marc Daniel, directeur du département « ressources physiques et écosystèmes de fond de mer » de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER) :

Je me concentrerai sur trois acquis de ces dernières années, qui changent notre façon de faire de la science dans l'océan.

En premier lieu, notre capacité à démontrer qu'on est capable de monitorer les fonds marins sur le long terme, sur des périodes de plus de dix ans, dans des endroits comme les Açores, loin de toute base logistique, la capacité de réaliser des mesures en continu, constituent un acquis technologique qui nous permet de disposer des outils pour surveiller ce qui se passe dans ces environnements éloignés du point de vue de la géophysique et de la dynamique des écosystèmes.

Sans ces données, il est difficile de comprendre ce qui se passe, sauf à se reposer sur des campagnes très ponctuelles, avec des navires sur zone pendant un mois. On ne peut s'y rendre tous les ans. Disposer d'un observatoire continu de ce qui se passe à 1 700 mètres constitue un enjeu important. Nous avons accompli énormément de progrès durant les dix ans écoulés.

La seconde rupture est devant nous. Il s'agit de l'utilisation de plus en plus fréquente de câbles sous-marins, qui permet de réaliser des mesures géophysiques ou des mesures concernant la déformation du fond de la mer, voire d'y écouter les mammifères.

C'est une évolution technologique récente. En France, on dispose d'un tissu académique extrêmement performant et à la pointe des publications sur ce sujet. On a l'avantage de pouvoir s'appuyer sur un certain nombre de PME, voire d'ETI et sur quelques grands groupes, comme Alcatel Submarine Networks (ASN) et Orange marine.

La communauté scientifique est bien placée et cela va nous permettre, dans les années qui viennent, de réaliser énormément de progrès en matière de monitoring de l'océan. La communauté nationale est en train de développer un observatoire à Mayotte, qui utilisera très largement ces technologies qui vont nous permette d'accomplir des avancées significatives.

Un autre point à mentionner, en réponse aux difficultés d'accès rencontrées ces dernières années, concerne l'émergence de petits navires autonome de 10 à 20 mètres de long, capables de réaliser des mesures dans l'océan sur des périodes d'un an, en complète autonomie, dans des environnements extrêmement hostiles, dans les mers subpolaires.

Cela va nous permettre de disposer de nouveaux outils pour observer l'océan sur le long terme, en continu. Ce sera un vrai plus pour nous.

Je veux également signaler le développement extrêmement rapide d'outils de bio-logging. Il s'agit de microcapteurs permettant d'instrumenter des animaux marins. On sait déjà le faire sur des dauphins, des tortues ou des animaux conséquents, mais on voit de plus en plus émerger des outils qui nous permettront de suivre un certain nombre de plus petites espèces. Cela nous apprendra beaucoup sur celles-ci et, indirectement, sur la vie dans l'océan.

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