Je ne parlerai ici que du contrat français, qui est celui que nous connaissons le mieux. Certaines ressources en termes de cobalt, nickel, cuivre et manganèse atteignent des taux comparables à ce qu'on peut trouver dans des mines à terre.
La difficulté - et c'est l'enjeu des travaux en cours - vient du fait que, pour passer de cette ressource à des réserves utilisables, un certain nombre de choses nous manquent aujourd'hui.
Tout d'abord, il faut être en mesure de définir à quel coût environnemental on va pouvoir produire ces ressources. C'est toute la fragilité du bilan économique en la matière.
Pour la France, l'enjeu est de travailler sur la description détaillée d'un certain nombre de zones cibles qu'on a sélectionnées parmi les 75 000 kilomètres carrés du contrat. Ce travail est en cours. L'Autorité internationale des fonds marins (AIFM) vient de renouveler le contrat. Les enjeux sont principalement biologiques : on estime qu'on a aujourd'hui fait le tour de la question d'un point de vue géologique.
Un mot sur les ressources minérales qu'on trouve sur les dorsales. On en sait beaucoup moins sur l'évaluation de la ressource dans ce domaine. On sera plutôt sur des minéraux différents. Ce qui nous intéresse, c'est de comprendre la dynamique des sources d'hydrogène qu'on a détectées et de dresser des bilans un peu plus propres que ceux dont on dispose actuellement.
S'agissant du contexte international, un certain nombre d'acteurs ont des rythmes d'exploration bien plus importants que les nôtres. Nous sommes quant à nous capables de réaliser une campagne tous les cinq ans sur Clarion-Clipperton. Les industriels mobilisés autour de ces contrats sont plutôt, ces dernières années, sur des rythmes de trois à quatre campagnes par an.
Un certain nombre d'industriels sont en train d'acquérir des données qui, pour certaines, ont été collectées dans la durée, mais ils font tout pour pouvoir déposer, d'ici à deux ou trois ans, de licences d'exploitation. Ce n'est pas la position de l'IFREMER ni l'état d'esprit des discussions que l'on a avec l'État français, mais il faut avoir conscience de ce panorama. C'est moins vrai pour les autres types de ressources.
L'acteur moteur à ce sujet est le groupe hollando-belge GSR. Le second est un groupe disposant de capitaux nord-américains, The Metals Company. C'est une société très compliquée à décrypter, qui a une vision très capitalistique. Elle mène beaucoup d'actions en mer et communique beaucoup.
Les Chinois sont très allants, mais ils sont assez secrets. Ils mènent beaucoup de campagnes dans la zone.
La France fait partie des investisseurs pionniers, au même titre que les Chinois, GSR ou les Anglais. L'année dernière, on a pris le parti de dire qu'on n'était pas prêt à déposer un permis d'exploitation : en effet, aujourd'hui, le règlement d'exploitation n'est pas disponible. Il est donc compliqué de s'engager.
Parmi les points de friction figurent deux sujets principaux. Le premier porte sur les mesures à prendre en termes de monitoring concernant l'impact des activités. Le second est de savoir comment faire bénéficier les pays en voie de développement ou les petits États des revenus que tireront un certain nombre de grands État qui ont les moyens de s'engager dans ces activités, afin d'en redistribuer une partie à la communauté internationale. Tant que ces deux points ne sont pas traités, l'économie du système est difficilement accessible.