Intervention de Florence Gérard-Chalet

Mission d'information Culture citoyenne — Réunion du 27 janvier 2022 : 1ère réunion
Audition de Mme Florence Gérard-chalet directrice générale de l'établissement pour l'insertion dans l'emploi épide et M. François-Xavier Pourchet directeur général adjoint

Florence Gérard-Chalet, directrice générale de l'Établissement pour l'insertion dans l'emploi (ÉPIDE) :

Nous allons tenter de répondre dans le délai imparti et nous pourrons vous envoyer des éléments complémentaires si vous le jugez utile.

Je vous remercie pour votre invitation, d'autant plus que l'éducation à la citoyenneté est l'une de nos missions importantes mais qu'elle n'est pas toujours perçue comme telle, parce que nous sommes un opérateur spécialisé dans l'insertion sociale et professionnelle, alors que la citoyenneté est un socle sur lequel s'appuie cette insertion. À la suite du rapport que la Cour des comptes a consacré à l'ÉPIDE l'an passé, mais aussi du rapport d'information du Sénat L'égalité des chances, jalon des politiques de jeunesse, notre établissement s'est engagé dans une démarche stratégique avec ses 1 100 agents. Nous avons ouvert une plateforme citoyenne sur laquelle chacun pouvait proposer ses idées d'améliorations, notamment pour accueillir et insérer davantage de jeunes. Plus de 85 % des personnels ont participé et nous en avons tiré une feuille de route 2022-2024, dont nous espérons qu'elle aboutira sous la forme d'un contrat d'objectifs et de performance avec nos autorités de tutelle.

De fait, des arbitrages ont été rendus pour répondre à certaines des recommandations formulées par la Cour des comptes, et l'ÉPIDE vit une transformation profonde, portée par ses agents, pour répondre aux besoins des jeunes et des territoires. Vous nous offrez l'une des toutes premières occasions de le dire publiquement et je vous en remercie.

L'ÉPIDE est un établissement récent, qui existe seulement depuis une quinzaine d'années. Nous sommes spécialisés dans l'insertion sociale et professionnelle des jeunes de 17 à 25 ans, avec un accompagnement intensif et un hébergement continu. Nous les accompagnons dans l'emploi, avec une réussite importante - la Cour des comptes estime que, compte tenu des profils des jeunes que nous accueillons, nos résultats d'insertion sont « probants ».

Nous suivons principalement des jeunes sans diplômes, mais nous sommes également habilités à accompagner des jeunes diplômés en voie de marginalisation. Ce qui fait notre singularité, comme l'a relevé la Cour des comptes, c'est que les jeunes que nous accueillons sont ceux qui cumulent le plus de fragilités, comme nous le voyons dans l'enquête « Profils » que nous confions régulièrement à un prestataire. Les jeunes que nous accueillons cumulent les fragilités : ils ont des fragilités sociales, ils ont des problèmes de ressources, ils sont souvent en rupture familiale, ils ont des difficultés de santé, des fragilités psycho-sociales, ils sont souvent fâchés avec la société, ils ont perdu leurs repères, en particulier temporels. Toutes ces difficultés font qu'ils ne pourront pas, en quelques semaines seulement, retrouver les capacités requises pour un stage en entreprise : le fait de respecter un horaire, de savoir se présenter et se tenir... C'est pourquoi il faut, pour ces jeunes, un cadre qui réinstalle quelque chose, un accompagnement intensif bien différent de celui qu'offrent, par exemple, la garantie « jeunes » ou même le service militaire volontaire (SMV). Notre accompagnement, justement, est intensif. Le taux de professionnels par personne suivie est comparable à celui d'un service de réanimation : un professionnel pour 2,5 jeunes, quand c'est un pour cinquante dans le cadre de la garantie « jeunes ».

L'encadrement que nous avons mis en place comprend des personnels aux compétences pluridisciplinaires, pour une prise en charge des jeunes à 360 degrés, qui comprend un diagnostic social, un diagnostic psychologique, un diagnostic en santé, un diagnostic en matière d'insertion professionnelle et sur le comportement. Nous avons des formateurs en sport, des conseillers en éducation et citoyenneté. La palette est très large. Notre méthode consiste à prendre en charge l'ensemble des problèmes dans une unité de temps et de lieu. Les premières semaines sont centrées sur une pédagogie collective, pour que chaque jeune volontaire trouve ses marques dans le collectif et prenne confiance en lui. C'est à nous de lui donner l'idée de ses capacités : nous sommes convaincus qu'un jeune a toujours des capacités, qu'il faut les faire valoir et que c'est ensuite seulement que l'on peut construire un parcours individualisé, où le jeune sera acteur de son parcours. Nous l'accompagnons alors jusqu'à la sortie vers un emploi ou une formation qualifiante.

La comparaison entre les dispositifs montre que nous sommes les seuls à nous adresser aux jeunes cumulant autant de difficultés et à leur accorder autant de moyens d'accompagnement. Je dirais qu'il n'y a pas de concurrence entre dispositifs : nous avons des relations, des contacts, qu'il pourrait être intéressant de formaliser au niveau national ; enfin nous rencontrons des difficultés communes - par exemple, continuer notre action malgré la crise sanitaire ou encore numériser en partie nos formations. Je crois qu'il y a surtout un besoin de bien positionner chacun de ces dispositifs et de rendre l'ensemble lisible aux prescripteurs, aux jeunes, aux familles, pour bien souligner les spécificités de chacun et ce qu'il peut apporter.

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