Monsieur Houllegatte, la vocation maritime de la France est essentielle. Vous avez regretté qu'on ne la mette pas suffisamment en avant.
J'ai été, il y a très longtemps, en tant que députée des territoires ultramarins, moi aussi très concernée par les questions maritimes. Aujourd'hui, il existe une volonté de retrouver une part de rêve, d'aventure et d'horizons inconnus, en amenant les jeunes à s'impliquer sur cette question.
France 2030 prévoit d'inclure un volet de valorisation des explorations auprès des Français. Les explorateurs font toujours rêver, et il est vrai qu'on s'est plutôt tourné vers l'espace que vers la mer. Or on a besoin d'images et de récits, et il faut arriver à mettre tout cela en route. Nous disposons de nombreux partenariats avec l'éducation nationale sur le sujet, ainsi qu'avec le ministère des sports. L'objectif du Gouvernement est d'attirer les jeunes vers la mer. France 2030 inclut donc bien un volet de valorisation.
Vous avez raison d'insister sur les formations maritimes, qui ont besoin d'être repensées au vu de nos besoins futurs en matière de métiers de la mer. On ne peut y répondre aujourd'hui. On doit donc accentuer, dans les années qui viennent, les formations touchant aux activités de la mer.
Il convient, en matière d'exploration, d'arriver aussi à créer une dynamique. Nous y travaillons avec tous les organismes de formation pour être au rendez-vous. Les entreprises ont joué le jeu et se sont largement impliquées dans la formation d'ingénieurs ou de chercheurs. Elles portent ces aventures et ont envie d'en faire partie.
S'agissant de la flotte océanographie française, nous avons réalisé un travail d'évaluation depuis plusieurs mois. C'est un élément clé de l'ambition de la France en matière de grands fonds. Nous avons également réalisé un inventaire de tous les outils et techniques possibles pour mener à bien ces missions. Vous avez cité quelques exemples : le nouveau sous-marin autonome Ulyx sera mis en service dans le milieu de cette année. Grâce à lui, la France rejoint le club très fermé des pays disposant d'un engin capable de descendre à 6 000 mètres.
On a également modernisé des robots téléopérés, comme Victor 6000. Un second robot, le Nautile, est prévu pour l'intervention profonde, en remplacement des sous-marins habités, à l'horizon 2025. C'est une question d'échelle. Il convient d'être aux côtés de ceux qui investissent.
S'agissant de l'abandon du permis gazier de Juan de Nova, la loi de décembre 2017 a mis fin à la recherche et à l'exploitation des hydrocarbures. C'est conforme à notre ambition climatique. Le permis était valable jusqu'au 31 décembre 2018. Vous pouvez le regretter pour d'autres raisons. La connaissance des grands fonds viendra compléter le travail qui a été lancé.
En matière de taxonomie, le gaz est une énergie de transition. CMA-CGM développe d'ailleurs la propulsion au gaz naturel liquéfié (GNL) et se prépare dès à présent au biométhane liquéfié (BioGNL) ou à le GNL synthétique. Cet engagement est porté par nos industriels et nos transporteurs, il faut le répéter.
Pour ce qui est des métaux de la transition écologique, nous devons réduire nos émissions de carbone. Nous serons au rendez-vous. Pour ce faire, nous voulons augmenter notre production électrique. Ce qui se joue, c'est la capacité à mettre en oeuvre rapidement la transition énergétique en disposant des métaux présents dans les grands fonds. C'est ce qu'on appelle l'indépendance économique. L'inventaire complet de ces ressources reste à dresser. C'est l'exploration des fonds marins qui nous permettra de mieux connaître nos ressources.
Je le répète, les possibilités de les exploiter sont aujourd'hui inconnues. Elles devront être précisées. L'un des objectifs du programme consacré aux grands fonds est d'acquérir les connaissances nécessaires à leur protection.
Concernant l'Extraplac, la Commission a validé sept de nos dossiers, pour un total de 725 000 kilomètres carrés, aux Antilles, en Guyane, à La Réunion, dans les TAAF et au large de la Nouvelle-Calédonie.
Quatre dossiers vont être inscrits par ailleurs. Il s'agit de Crozet, Wallis et Futuna, Saint-Pierre-et-Miquelon et la Polynésie française. La seule demande déposée en 2009 qui a été retirée est celle de Clipperton. Le temps qui nous était imparti est désormais clos. On peut avoir des regrets. Je ne connais pas la totalité de l'histoire. Je vais m'intéresser à ce qui s'est passé à l'époque. En 2009, on avait déposé toutes les lettres d'intention nécessaires à l'étude de ces dossiers.
Nous renouvelons le permis Clarion-Clipperton. Nous prévoyons des campagnes d'exploration liée à France 2030. Le permis Atlantique a été également renouvelé. Je crois qu'on peut dire que les campagnes d'exploration vont nous être utiles.
La dernière question portait sur l'Europe. Monsieur Fernique, le Parlement européen ne s'engage pas sur l'exploration des grands fonds, à la différence de notre pays. Innover pour explorer, explorer pour comprendre, c'est la vision de la France sur ce sujet. France 2030 va travailler sur ces métaux stratégiques et sur notre approvisionnement. Nous en avons besoin. Des orientations sont données en matière de recyclage. Pas d'action d'exploitation immédiate dans les grands fonds, donc, mais une recherche et une meilleure connaissance de ce qui fera notre richesse, en toute connaissance de cause. On verra plus tard pour l'exploitation.